Trafic de drogue entre la Guyane et la Bretagne, retour sur la première matinée du procès

Trafic de drogue contrôle en Guyane
Vingt-neuf personnes, dont des Guyanais, sont jugées devant la juridiction interrégionale spécialisée de Rennes (Ille-et-Vilaine) pour leur implication dans un important trafic de drogue entre la Guyane, le Suriname et la Bretagne, de 2018 à 2020. Le procès s'est ouvert ce matin.

"C'est une procédure d'ampleur, les transports étaient très organisés, certaines personnes organisaient le recrutement des mules en Guyane pour être sûres qu'elles avalaient correctement la cocaïne, puis d'autres les prenaient en charge en métropole", a déclaré en ouverture la présidente du tribunal. 

Sur les 29 prévenus âgés de 23 à 56 ans, dont cinq femmes, sept sont en détention provisoire, 17 sous contrôle judiciaire et cinq sont recherchés. Parmi eux, les organisateurs du réseau, comparaissent devant la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Rennes pour acquisition, détention, transport, offre ou cession non autorisée de stupéfiants, importation en contrebande, participation à association de malfaiteurs ainsi que blanchiment, pour six d'entre eux.

Les "mules", originaires principalement de Guyane et du Suriname, ingéraient jusqu'à 80 ovules ou les transportaient dans leurs sous-vêtements ou leurs chaussures.

60 000 euros pour neuf trajets

Arrivées en métropole, elles étaient récupérées "par un individu, à l'aéroport d'Orly, en gare de Rennes, ou dans les Hauts-de-France avant de venir remettre le produit en Ille-et-Vilaine", a indiqué jeudi dans un communiqué le procureur de la République de Rennes, estimant la quantité transportée entre 3 et 5 kilos hebdomadaires en un an. 

L'un des prévenus, Jacenco A., 28 ans, originaire du Suriname, a reconnu avoir gagné près de 60.000 euros après neuf trajets. S'exprimant en langue taki-taki, il a expliqué que l'ingestion durait "entre trois et cinq heures". "Je prenais des boissons gazeuses pour faciliter l'absorption, ainsi que deux pilules avant et après pour ne pas faire caca", a-t-il déclaré à la barre. "De temps en temps, j'ai des douleurs dans la gorge et dans le ventre, des vomissements de sang et des ovules qui ressortent", a-t-il ajouté, assurant qu'il ne savait "pas que c'était dangereux". "Pour expulser, je prends un verre de quelque chose (qui lui est donné à ingurgiter, ndlr), mais je ne sais pas ce que c'est", a-t-il précisé, disant s'acheter des vêtements et chaussures avec l'argent récolté. 

Les suspects avaient été interpellés en janvier 2020 à Rennes, en Guyane et dans les Hauts-de-France, lors d'une opération qui avait mobilisé quelque 300 gendarmes. Une somme de 100 000 euros avait été saisie à cette occasion ainsi que près de 5 kilos de cocaïne.

Les prévenus encourent 10 ans de prison et jusqu'à 20 ans en cas de récidive. La douane a demandé une amende d'1,84 million d'euros. Le procès doit se tenir jusqu'au 26 novembre.