Jean-Michel Basquiat n’aura vécu que 27 ans. Une vie brève mais ô combien intense. Le peintre avait des origines caribéennes, une mère de Porto-Rico et un père haïtien. La fondation Vuitton présente jusqu’au 14 janvier une rétrospective consacrée au peintre.
Une vie courte mais intense
A l’âge de 7 ans, Jean-Michel Basquiat est renversé par une voiture. Hospitalisé pendant un mois, sa mère lui offre le traité d’anatomie de Henry Gray (qui a donné son nom à la série américaine Grey’s anatomy). Pour Jean-Michel Basquiat c'est une bible dont il s’appliquera à reproduire les planches. Le corps humain devient une source d’inspiration pour l’artiste.
La vie de Jean-Michel Basquiat est marquée par la mésentente de ses parents. Divorce, séjours en hôpital psychiatrique pour sa mère, le jeune homme plonge dans la drogue. Mais Jean-Michel Basquiat n’abandonne pas ses rêves pour autant. Avec son ami Al Diaz, il passe son temps à faire des graffitis en bombant les murs du de Manhattan et signe SAMO "Same old shit" (toujours la même merde).
Le magazine Village voice finit par le remarquer. Jean-Michel Basquiat commence alors sa carrière d’artiste reconnu. Il quitte la rue pour les galeries. Sa côte monte très vite. L’artiste est parrainé par Andy Warhol. A 27 ans, sa carrière éclair se termine en 1988 brutalement par une overdose.
Un artiste caribéen ?
Dans "Le griot de la peinture" paru en 2015, l’écrivain guadeloupéen Ernest Pépin s’est livré à une plongée onirique dans l’œuvre de Basquiat. "C’est un homme conscient de sa négritude et conscient du destin difficile des Noirs aux Etats-Unis", confiait-il à La 1ère.
Pour Dieter Buchhart, commissaire de l’exposition Basquiat à la fondation Vuitton, Jean-Michel Basquiat fait la synthèse de ses diverses origines et appartenances.
Il relie l’Atlantique noire, la diaspora africaine, l’esclavage, le colonialisme, la répression et l’exploitation avec la période dans laquelle il vit, le New-York des années 1980.
-Dieter Buchhart-commissaire de l'exposition
Dans ses tableaux, Basquiat dénonçait "le racisme au quotidien" ainsi que "la brutalité policière" dans le New-York dévasté des 70, précise encore Dieter Buchhart.
Un tableau à plus de 100 millions de dollars
Yusaku Maezawa, un Japonais qui a fait fortune dans le commerce de vêtements en ligne a acquis ce tableau. Acheté 20 900 dollars en 1984, la toile s’est revendue 5 300 fois ce montant, 33 ans plus tard. Le milliardaire vient de se faire connaître récemment en annonçant sa participation au voyage lunaire organisé par Elon Musk en 2023.
Yusaku Maezawa a donc deux passions : l'espace et Jean-Michel Basquiat. Il a prêté sa dernière acquisition. Cette tête sur fond bleu au prix faramineux est en effet présentée dans la rétrospective Basquiat organisée à la fondation Vuitton.
Quand on demande à Dieter Buchhart si cette œuvre d’art vaut un tel prix (110,5 millions de dollars), le commissaire de l'exposition est un peu gêné : "c’est une question qu’il faut poser aux experts du marché de l'art. Mais c’est un artiste tellement important que cela les vaut", ajoute-t-il finalement.
Les prix des tableaux et dessins de Basquiat n’ont cessé d’augmenter, en particulier ces dix dernières années. Comment expliquer un tel engouement ? Selon Thierry Erhmann expert du marché de l’art, l’œuvre de Basquiat tire sa force du "dialogue avec son temps". Elle a "repris sa fonction : parler du réel".
Exposition JM Basquiat [PRATIQUE]
- 120 œuvres sont présentées au public
- L’exposition dure jusqu’au 14 janvier
- Lundi, mercredi, jeudi de 11h à 20h (fermé le mardi)
- Vendredi de 11h à 21h Samedi et Dimanche de 9h à 21h
- Adresse : Fondation Louis Vuitton
- 8 avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne
- 75116 Paris