UE-Mercosur : accord de libre-échange aux portes de la Guyane

Importation de voitures dans la zone industrielle du port de Rio au Brésil
L'Union européenne a annoncé, vendredi, avoir conclu un projet d'accord commercial avec les pays sud-américains du Mercosur. Le texte doit permettre d’accroître les échanges commerciaux avec l’Amérique du Sud, en supprimant plus de 90 % des taxes entre les deux continents.
 
Les négociations entre les deux entités ont été particulièrement longues et difficiles. Elles ont débuté en 2000. Pour entrer en vigueur, le texte devra encore être ratifié par chacun des Etats membres de l'UE ainsi que par le Parlement européen. Le Marché commun du Sud, couramment abrégé Mercosur (de l'espagnol Mercado Común del Sur) ou Mercosul (du portugais Mercado Comum do Sul), est une communauté économique qui regroupe plusieurs pays de l'Amérique du Sud.

Quel contenu, quel accord ?
Les pays sud-américains saluent l’aboutissement de la négociation. Le président brésilien Jair Bolsonaro a annoncé sur son compte Twitter un "accord historique" pour son pays. L’Argentine a estimé que cette entente avec l'UE constituait une "association stratégique". Le Brésil et l'Argentine sont les deux principaux membres du Mercosur auquel appartiennent aussi le Paraguay et l'Uruguay. La Commission européenne s'est félicitée d'un accord commercial "ambitieux, équilibré et global". L’Union européenne supprimera 92 % des taxes actuellement appliquées aux biens sud-américains qui arrivent sur son sol. Dans l’accord, un chapitre consacré au développement durable abordera des questions comme la préservation des forêts, sujet sensible en Guyane, mais aussi le respect du droit du travail et la promotion d'une conduite responsable des affaires.

Viandes, oranges et café...
Pour laisser entrer ses produits chimiques et industriels dans les pays du Mercosur, l'Europe a fait des concessions importantes notamment sur les produits agricoles sud-américains. Les pays du Mercosur obtiennent un accroissement des exportations de viande de bœuf, de volaille, de sucre et d'autres produits agricoles. Dans un communiqué, le gouvernement brésilien précise que l'accord prévoit d'éliminer les droits de douane sur plusieurs produits comme le jus d'orange, le café instantané et les fruits. L’UE ouvre donc son marché aux matières premières animales et aux produits agricoles sud-américains par le biais de quotas : 99 000 tonnes de bœuf par an à un taux préférentiel de 7,5 %, un quota supplémentaire de 180 000 tonnes pour le sucre et un autre de 100 000 tonnes pour les volailles. Mais, cet accord de libéralisation commerciale entre l'UE et les quatre pays du Mercosur est dénoncé par de nombreux agriculteurs français. Lourdement dépendants des subventions européennes, organisés en exploitations familiales extensives au revenu très bas, les éleveurs notamment estiment qu'ils ne pourront pas concurrencer les "usines à viande" latino-américaines.

Contre automobiles et chimie...
Les pays du Mercosur vont ouvrir pour la première fois leurs marchés publics aux entreprises européennes qui pourront répondre à des appels d’offres sur un pied d’égalité avec les entreprises du Mercosur. Ses partisans en Europe espèrent que l'accord permettra un meilleur accès aux marchés automobiles sud-américains où les importations de voitures sont frappées de droits de douane à 35 %. L'accord éliminera également des droits de douane sud-américains encore très élevés dans d’autres secteurs industriels clés : dans l'habillement ou encore dans la chimie et dans l'industrie pharmaceutique. L'accord commercial négocié par la Commission européenne devra encore être approuvé par les 28 États membres et par un vote en plénière du Parlement européen.