Ils vivent dans des endroits de France magnifiques, en pleine nature. Pourtant, ces quatre champions d’ultra-trail doivent résister à l’appel des grands espaces. Pas simple d’être confiné quand on est un coureur d’exception. Chacun s’adapte... contre nature.
Grégoire, Julien, Maxime et Benoît, ces quatre garçons dans le vent de l’ultra-trail, ne sont pas les nouveaux John, Paul, Georges et Ringo. Ils ont plus tendance à s’affronter qu’à la jouer collectif sur les magnifiques trails du monde entier. Tous ont aussi été adversaires d’un jour sur le Grand Raid de La Réunion, considéré comme le plus dur au monde. Dans ce sport individuel, ces hommes-là, semi-professionnels ou amateurs, vivent leur passion tout au long de l’année. Comment s’en sortent-ils aujourd’hui ?
Grégoire Curmer est le dernier grand vainqueur d’un Ultra en 2019. Il triomphe sur le Grand Raid de l’île de La Réunion le 17 Octobre dernier, avec un magnifique chrono de 23 heures 33 minutes et 39 secondes. Il bascule soudain dans la notoriété, même si le garçon est timide et taiseux, un peu comme les marins. Il est bien plus à l’aise dans la haute montagne que devant un micro. Ira-t-il à la Réunion en 2020 pour défendre son titre ? "J’aime faire des courses que je n’ai pas faites et qui me donnent envie. Je suis quelqu’un de libre. Revenir pour revenir ça ne sert à rien, je n’ai pas envie de me mettre la pression. Ceci dit le Grand Raid est unique, c’est le plus dur de tous, c’est le plus technique, il y a des grosses différences de température et c’est une vraie épreuve physique et mentale."
Grégoire habite aux Houches à côté de Chamonix, dans un appartement au rez-de-chaussée, doté d’une grande terrasse en bois qu’il a refait lui-même, avec vue exclusive sur le Mont Blanc. "Rester bloqué, c’est frustrant, mais il y a pire, je ne suis pas à Paris donc c’est bien. C’est un village, on est bien ici." Il va faire quotidiennement le tour du pâté de maisons, se venge sur un home trainer et fait une préparation physique à base de renforcement musculaire que lui concocte son entraîneur. "Chez moi, je bricole, je m’occupe du jardin, tout ce que je ne faisais pas à cause de mon boulot, mais là j’ai fait tout ce que je voulais faire. Je cuisine beaucoup aussi, c’est mon défaut professionnel… et ça fait passer le temps."
En avançant dans les confidences, on apprend l’autre secret de ses réussites. Greg est un passionné de haute montagne. Dans le jargon, on va dire que l’alpiniste a déjà gravi le Kilimandjaro à 5 900 mètres d’altitude, une quinzaine de fois le Mont Blanc et beaucoup de 4000. Le prochain devait être l’Aconcagua, un sommet à 7000 en Argentine mais inaccessible en cette période. "Il n’y a pas de compétition, c’est toi-même face à l’élément. Il y a une sensation de liberté que tu ne retrouves que là. Est-ce que ça m’aide ? Franchement oui, c’est un équilibre, la montagne m’apporte plein de choses psychologiquement et physiquement. À 4000 mètres, le cœur ne bat pas pareil qu’à 2000, tu débloques des zones de ton cerveau quand tu es dans des endroits pareils."
Julien Chorier a gagné deux fois le Grand Raid, en 2009 et 2011. Une course sur laquelle il n’a pour l’instant, pas envie de revenir. Le sage vit au pied de la Chartreuse non pas dans une retraite monastique car il a envie de découvrir la course des Templiers dans les Causses et de retourner à Oman. "Comme le calendrier va changer, vu que les courses de Juillet seront annulées, on verra à l’automne si je vais à la Réunion, mais d’abord je m’occupe de me rétablir."
Car l’année 2020 a commencé de la pire des manières pour Julien, qui s’est cassé l’épaule en janvier. Une chute bête de ski de randonnée qui a donné trois belles fractures sur la tête de l’humérus, heureusement pas déplacées donc pas d’opération. "En janvier, j’étais donc déjà confiné avec un peu de vélo dans mon garage. Début mars, ça allait mieux et ça s’enchaîne. Actuellement, je suis en phase de rééducation de l’épaule. Et je maintiens l’activité course à pied réduite autour de la maison. Je peux courir une heure dans mon village de Saint-Thibaut-de-Couz au pied du massif de la Chartreuse, où j’ai rapidement 100 mètres de dénivelé près de chez moi. C’est agréable."
Le coureur du Team Hoka est aussi un inconditionnel des techniques modernes. Au moment de l‘entretien, il s’apprêtait à aller rouler en peloton. Avec l’application Strava, réseau social sportif, Julien effectue souvent ce qu’on appelle une sortie communautaire. "C’est très bien fait, les routes apparaissent sur la tablette reliée à mon home trainer, si un gars est plus fort, il te double. Il y a des parcours réels dans certaines villes, tu te retrouves par exemple au cœur de Central Park à New York, à Innsbruck ou à Londres. Il y a du jeu lié au dénivelé, aux virages, aux inclinaisons. Dans ce cas le home trainer va serrer la résistance si ça monte sur le parcours virtuel." À ce jeu, Julien fait en moyenne une heure et demie à chaque séance, pour environ 50 kilomètres. La semaine dernière il a même grimpé l’Alpe d’Huez en virtuel. Mais il ne pense pas pour le moment se reconvertir. "C’est pour maintenir l’équilibre psychologiquement que je fais ces séances. On est un peu comme des lions en cage. On verra après le déconfinement dans quel état on sera pour la préparation de la saison. Je passe du temps à la maison et avec la famille, je bricole dehors, attendons."
Maxime Cazajous court encore après une grande victoire. Cette Grande Traversée du sud-est au nord-ouest de la Réunion, il l’adore et il est monté déjà sur le podium. Celui qu’on surnomme le petit Izard bleu, en référence au chamois des Pyrénées et à la couleur de son team, est souvent en contemplation face à ces massifs : le col de l’Aubisque, le Soulor ou encore le Pic du Midi.
Maxime habite à Nay (64), près de la grande ferme familiale de ses parents et à côté de son frère. Ici l’activité ne manque pas tout au long de l’année, l’occasion de travailler le physique non plus. Il y a 50 hectares de terres à maïs plantés sur l’ancien lit du Gave. Tous les ans, des cailloux ressortent et il faut aider à les enlever puis labourer ce grand espace. "En ce moment, avec les devoirs quotidiens des gamins et les travaux de la ferme, je ne m’autorise qu’une heure de sport par jour. C’est pour entretenir ma forme car je n’ai pas la motivation pour aller faire des gros entraînements de gainage, de cardio ou de musculation. En plus j’ai horreur de ça. Moi j’adore la montagne, partir et m’évader."
Au début Maxime n’est pas sorti "pour respecter et être exemplaire", alternant son home trainer avec son tapis de course. Et puis il s’est mis à réfléchir à tout cela, pour compenser son manque. "L’idée est qu’il n’y a pas que le sport dans la vie, le plus important à mes yeux ça reste la santé et la famille. Ça fait du bien de ne rien faire et de passer du temps avec ma femme et les enfants. Je les ai tout le temps avec moi dans les champs en train de courir, de ramasser des cailloux ou de ranger du bois. C’est une éducation que j’ai reçue plus jeune quand j’étais beaucoup à la ferme avec mes parents autant que sur le terrain de rugby. Ça reste des valeurs qui me sont chères et que j’ai envie d’inculquer à mes enfants." Ici à Nay, il travaille au syndicat d’eau et d’assainissement de la communauté de communes. Le job consiste, même en cas de crise, à continuer de traiter les eaux usées et bien veiller à la distribution de l’eau potable. Il est même soumis à des astreintes.
Benoît Girondel a gagné deux fois consécutivement le Grand Raid, en 2017 et 2018. En 2019 il a failli faire la passe de trois mais l’enchaînement de deux courses difficiles (UTMB / Grand Raid) lui a été fatal. Il a dû abandonner suite à un problème de hanche. Par les temps qui courent, il doit faire attention à sa vie car il est exposé avec son métier à la SNCF.
Benoit, vous ne le dérangez jamais ou presque, il est toujours très tranquille. Il accepte le confinement chez lui à Chatuzange-le-Goubet dans la Drôme, à quelques encablures du Vercors. "Je suis les régles du confinement, j’ai un jardin, une maison. Derrière chez moi sur un terrain en pente, je fais un mur de soutènement avec la pelle et la pioche donc ça m’occupe bien. Après le terrassement, il faudra poser le béton, monter les moellons. Il y a du boulot. En deux ou trois semaines ça devrait le faire. Déjà huit heures de pelle et de pioche par jour ça fait du sport, sinon j’ai aussi un home trainer et je cours autour de chez moi dans les chemins, mais c’est juste du footing. Tourner en rond pendant des heures ça non, je n’en ai pas envie."
Il avoue être un peu hyperactif avec toujours le besoin de faire quelque chose, mais Benji (son surnom) est aussi plus posé dans cette période de crise. Il apprécie de rentrer chez lui se reposer, auprès de Coline, sa compagne. Il s’occupe des siens en faisant les courses pour sa grand-mère et pour ses parents. "La santé de mes proches me préoccupe."
Il a d’autant plus conscience du danger invisible qu’est le Covid-19, qu’il exerce un métier au contact du public. Benoît continue à travailler deux jours par semaine à la gare SNCF de Valence Centre-Ville : "Je m’occupe de l’escale, de l’accueil des voyageurs. Je vérifie si le train est complet, si la rame est ok, avec conducteur et contrôleur et ce, même s’il y a juste 10 15 % de trains qui roulent. Nous faisons plus attention en respectant une distance vis-à-vis des clients. Mais j’ai des collègues de la police ferroviaire qui ont été contaminés. Et certains ont été bien secoués. On n‘est pas dans un bureau et parfois on se pose des questions quand on voit l’attitude de certaines personnes qui prennent le train et ne sont pas en règle. On doit aussi gérer les SDF qui dorment ici et là. Rien n’est simple." À son grand soulagement, la SNCF pour le moment a annoncé à ses salariés qu’il n’y aura pas de perte de salaire. En effet, Benoît est un sportif amateur avec un palmarès digne d’un pro.
Que ferez-vous dès l’annonce du déconfinement ?
Grégoire : « Quand on va en sortir ? La première chose à faire, je vais aller en haute montagne, faire de l’alpinisme et me retrouver là-haut. »
Maxime : « On est peu de chose. Dès que c’est fini, un bon repas en famille avec un foie gras maison, de la confiture de figue et un Jurançon. C’est mon rêve. »
Julien : « J’irai faire une grand balade en montage avec des copains, soit dans le Massif de la Chartreuse soit celui des Bauges, à proximité de chez moi. »
Benoît : « Moi, ce sera un défi sportif en vélo, j’irai escalader le Col de Tourniol dans la Drôme, il est classé 1ere catégorie dans le Tour de France. »
Grégoire Curmer est le dernier grand vainqueur d’un Ultra en 2019. Il triomphe sur le Grand Raid de l’île de La Réunion le 17 Octobre dernier, avec un magnifique chrono de 23 heures 33 minutes et 39 secondes. Il bascule soudain dans la notoriété, même si le garçon est timide et taiseux, un peu comme les marins. Il est bien plus à l’aise dans la haute montagne que devant un micro. Ira-t-il à la Réunion en 2020 pour défendre son titre ? "J’aime faire des courses que je n’ai pas faites et qui me donnent envie. Je suis quelqu’un de libre. Revenir pour revenir ça ne sert à rien, je n’ai pas envie de me mettre la pression. Ceci dit le Grand Raid est unique, c’est le plus dur de tous, c’est le plus technique, il y a des grosses différences de température et c’est une vraie épreuve physique et mentale."
Grégoire habite aux Houches à côté de Chamonix, dans un appartement au rez-de-chaussée, doté d’une grande terrasse en bois qu’il a refait lui-même, avec vue exclusive sur le Mont Blanc. "Rester bloqué, c’est frustrant, mais il y a pire, je ne suis pas à Paris donc c’est bien. C’est un village, on est bien ici." Il va faire quotidiennement le tour du pâté de maisons, se venge sur un home trainer et fait une préparation physique à base de renforcement musculaire que lui concocte son entraîneur. "Chez moi, je bricole, je m’occupe du jardin, tout ce que je ne faisais pas à cause de mon boulot, mais là j’ai fait tout ce que je voulais faire. Je cuisine beaucoup aussi, c’est mon défaut professionnel… et ça fait passer le temps."
Des fourneaux aux sommets
Discrètement, il avoue que son métier est une vraie passion. Grégoire est sous-chef dans un restaurant à Chamonix (le Cap Horn) et chef à domicile. "Les clients choisissent les menus et je fais la prestation. C’est du haut de gamme dans des chalets privés avec des clients exigeants. J’adore faire les desserts, les gâteaux, les poissons, les cuissons basse température. J’aime créer et tout faire."La montagne ne me défie pas, je sais qu’elle est là, elle ne bougera pas. Quand tu la regardes, tu n’as qu’une envie, c’est d’y aller.
En avançant dans les confidences, on apprend l’autre secret de ses réussites. Greg est un passionné de haute montagne. Dans le jargon, on va dire que l’alpiniste a déjà gravi le Kilimandjaro à 5 900 mètres d’altitude, une quinzaine de fois le Mont Blanc et beaucoup de 4000. Le prochain devait être l’Aconcagua, un sommet à 7000 en Argentine mais inaccessible en cette période. "Il n’y a pas de compétition, c’est toi-même face à l’élément. Il y a une sensation de liberté que tu ne retrouves que là. Est-ce que ça m’aide ? Franchement oui, c’est un équilibre, la montagne m’apporte plein de choses psychologiquement et physiquement. À 4000 mètres, le cœur ne bat pas pareil qu’à 2000, tu débloques des zones de ton cerveau quand tu es dans des endroits pareils."
Julien Chorier a gagné deux fois le Grand Raid, en 2009 et 2011. Une course sur laquelle il n’a pour l’instant, pas envie de revenir. Le sage vit au pied de la Chartreuse non pas dans une retraite monastique car il a envie de découvrir la course des Templiers dans les Causses et de retourner à Oman. "Comme le calendrier va changer, vu que les courses de Juillet seront annulées, on verra à l’automne si je vais à la Réunion, mais d’abord je m’occupe de me rétablir."
Car l’année 2020 a commencé de la pire des manières pour Julien, qui s’est cassé l’épaule en janvier. Une chute bête de ski de randonnée qui a donné trois belles fractures sur la tête de l’humérus, heureusement pas déplacées donc pas d’opération. "En janvier, j’étais donc déjà confiné avec un peu de vélo dans mon garage. Début mars, ça allait mieux et ça s’enchaîne. Actuellement, je suis en phase de rééducation de l’épaule. Et je maintiens l’activité course à pied réduite autour de la maison. Je peux courir une heure dans mon village de Saint-Thibaut-de-Couz au pied du massif de la Chartreuse, où j’ai rapidement 100 mètres de dénivelé près de chez moi. C’est agréable."
J’ai fait la montée de l’Alpe d’Huez. Les 21 virages en 42 minutes, à 6 minutes du record de Pantani, mais sur Strava.
Le coureur du Team Hoka est aussi un inconditionnel des techniques modernes. Au moment de l‘entretien, il s’apprêtait à aller rouler en peloton. Avec l’application Strava, réseau social sportif, Julien effectue souvent ce qu’on appelle une sortie communautaire. "C’est très bien fait, les routes apparaissent sur la tablette reliée à mon home trainer, si un gars est plus fort, il te double. Il y a des parcours réels dans certaines villes, tu te retrouves par exemple au cœur de Central Park à New York, à Innsbruck ou à Londres. Il y a du jeu lié au dénivelé, aux virages, aux inclinaisons. Dans ce cas le home trainer va serrer la résistance si ça monte sur le parcours virtuel." À ce jeu, Julien fait en moyenne une heure et demie à chaque séance, pour environ 50 kilomètres. La semaine dernière il a même grimpé l’Alpe d’Huez en virtuel. Mais il ne pense pas pour le moment se reconvertir. "C’est pour maintenir l’équilibre psychologiquement que je fais ces séances. On est un peu comme des lions en cage. On verra après le déconfinement dans quel état on sera pour la préparation de la saison. Je passe du temps à la maison et avec la famille, je bricole dehors, attendons."
Maxime Cazajous court encore après une grande victoire. Cette Grande Traversée du sud-est au nord-ouest de la Réunion, il l’adore et il est monté déjà sur le podium. Celui qu’on surnomme le petit Izard bleu, en référence au chamois des Pyrénées et à la couleur de son team, est souvent en contemplation face à ces massifs : le col de l’Aubisque, le Soulor ou encore le Pic du Midi.
Maxime habite à Nay (64), près de la grande ferme familiale de ses parents et à côté de son frère. Ici l’activité ne manque pas tout au long de l’année, l’occasion de travailler le physique non plus. Il y a 50 hectares de terres à maïs plantés sur l’ancien lit du Gave. Tous les ans, des cailloux ressortent et il faut aider à les enlever puis labourer ce grand espace. "En ce moment, avec les devoirs quotidiens des gamins et les travaux de la ferme, je ne m’autorise qu’une heure de sport par jour. C’est pour entretenir ma forme car je n’ai pas la motivation pour aller faire des gros entraînements de gainage, de cardio ou de musculation. En plus j’ai horreur de ça. Moi j’adore la montagne, partir et m’évader."
Oui je suis en manque de mon kif quotidien, aller contempler ma montagne, mais je n’ai pas le choix.
Au début Maxime n’est pas sorti "pour respecter et être exemplaire", alternant son home trainer avec son tapis de course. Et puis il s’est mis à réfléchir à tout cela, pour compenser son manque. "L’idée est qu’il n’y a pas que le sport dans la vie, le plus important à mes yeux ça reste la santé et la famille. Ça fait du bien de ne rien faire et de passer du temps avec ma femme et les enfants. Je les ai tout le temps avec moi dans les champs en train de courir, de ramasser des cailloux ou de ranger du bois. C’est une éducation que j’ai reçue plus jeune quand j’étais beaucoup à la ferme avec mes parents autant que sur le terrain de rugby. Ça reste des valeurs qui me sont chères et que j’ai envie d’inculquer à mes enfants." Ici à Nay, il travaille au syndicat d’eau et d’assainissement de la communauté de communes. Le job consiste, même en cas de crise, à continuer de traiter les eaux usées et bien veiller à la distribution de l’eau potable. Il est même soumis à des astreintes.
Gagner un jour le Grand Raid
Et ce Grand Raid Maxime ? "L’an dernier je m’y suis perdu, mais j’adore aller à La Réunion. Ça me fait plus rêver que l’UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc), trop marketing. La diagonale (Diagonale des Fous, l’autre nom du Grand Raid), c’est autre chose : La Réunion vit au rythme de cette course." Après la mésaventure de l’an dernier où le balisage a été arraché en première partie de parcours, perturbant la course des 8 trailers de tête, l’organisation leur offre le billet d’avion pour revenir. "Ils ont fait un geste, c’est bien, j’y retourne. Mais Grégoire il ne faut rien lui enlever. Il a fait un très bon chrono."Benoît Girondel a gagné deux fois consécutivement le Grand Raid, en 2017 et 2018. En 2019 il a failli faire la passe de trois mais l’enchaînement de deux courses difficiles (UTMB / Grand Raid) lui a été fatal. Il a dû abandonner suite à un problème de hanche. Par les temps qui courent, il doit faire attention à sa vie car il est exposé avec son métier à la SNCF.
Benoit, vous ne le dérangez jamais ou presque, il est toujours très tranquille. Il accepte le confinement chez lui à Chatuzange-le-Goubet dans la Drôme, à quelques encablures du Vercors. "Je suis les régles du confinement, j’ai un jardin, une maison. Derrière chez moi sur un terrain en pente, je fais un mur de soutènement avec la pelle et la pioche donc ça m’occupe bien. Après le terrassement, il faudra poser le béton, monter les moellons. Il y a du boulot. En deux ou trois semaines ça devrait le faire. Déjà huit heures de pelle et de pioche par jour ça fait du sport, sinon j’ai aussi un home trainer et je cours autour de chez moi dans les chemins, mais c’est juste du footing. Tourner en rond pendant des heures ça non, je n’en ai pas envie."
Il avoue être un peu hyperactif avec toujours le besoin de faire quelque chose, mais Benji (son surnom) est aussi plus posé dans cette période de crise. Il apprécie de rentrer chez lui se reposer, auprès de Coline, sa compagne. Il s’occupe des siens en faisant les courses pour sa grand-mère et pour ses parents. "La santé de mes proches me préoccupe."
On se pose des questions face au comportement irrespectueux de certaines personnes.
Il a d’autant plus conscience du danger invisible qu’est le Covid-19, qu’il exerce un métier au contact du public. Benoît continue à travailler deux jours par semaine à la gare SNCF de Valence Centre-Ville : "Je m’occupe de l’escale, de l’accueil des voyageurs. Je vérifie si le train est complet, si la rame est ok, avec conducteur et contrôleur et ce, même s’il y a juste 10 15 % de trains qui roulent. Nous faisons plus attention en respectant une distance vis-à-vis des clients. Mais j’ai des collègues de la police ferroviaire qui ont été contaminés. Et certains ont été bien secoués. On n‘est pas dans un bureau et parfois on se pose des questions quand on voit l’attitude de certaines personnes qui prennent le train et ne sont pas en règle. On doit aussi gérer les SDF qui dorment ici et là. Rien n’est simple." À son grand soulagement, la SNCF pour le moment a annoncé à ses salariés qu’il n’y aura pas de perte de salaire. En effet, Benoît est un sportif amateur avec un palmarès digne d’un pro.
Une question pour quatre
Les quatre trailers ont accepté de répondre à la question finale.Que ferez-vous dès l’annonce du déconfinement ?
Grégoire : « Quand on va en sortir ? La première chose à faire, je vais aller en haute montagne, faire de l’alpinisme et me retrouver là-haut. »
Maxime : « On est peu de chose. Dès que c’est fini, un bon repas en famille avec un foie gras maison, de la confiture de figue et un Jurançon. C’est mon rêve. »
Julien : « J’irai faire une grand balade en montage avec des copains, soit dans le Massif de la Chartreuse soit celui des Bauges, à proximité de chez moi. »
Benoît : « Moi, ce sera un défi sportif en vélo, j’irai escalader le Col de Tourniol dans la Drôme, il est classé 1ere catégorie dans le Tour de France. »