Nous sommes au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, le CNSMDDP. Et pour Maheli, 16 ans, c’est une belle opportunité. "Ici, j’apprends à développer de nouvelles techniques et j’élargis la palette de mon patrimoine", explique l’adolescente. Maheli danse depuis l’âge de trois ans, "mais cette incursion dans l’antre de cet établissement parisien [lui] a permis de découvrir la richesse de certaines danses".
En découvrant les danseurs qui évoluent dans ce conservatoire, Naël, 19 ans, "a pris conscience de ses possibilités".
Nous avons à peu près le même niveau. Et surtout, nous avons un but commun : devenir danseur professionnel. On a tous l’envie de se dépasser.
Naël, 19 ans, amateur de hip-hop
Au total, ils sont six jeunes filles et garçons venus de Guadeloupe, passionnés de danse, à profiter ainsi d'une semaine d’immersion dans cette prestigieuse institution. Avec au programme du classique et du contemporain.
"Mieux vivre ensemble"
Cette initiative, ils la doivent au partenariat entre le CNSMDDP et la fondation Culture & Diversité qui défend l’égalité des chances. "Posséder un socle commun culturel permet de mieux vivre ensemble", développe Lucile Deschamps, sa déléguée générale. Si la fondation aide à intégrer ce genre d’établissement et accompagne les bénéficiaires pendant leur scolarité, en aucun cas ces jeunes bénéficient de passe-droits. "Ils passent le même concours que les autres postulants", précise-t-elle.
Au conservatoire, pour qui cette collaboration constitue une première, cela permet de "parler effectivement à tous les territoires français, Outre-mer compris", détaille Murièle Maffre, la directrice des études chorégraphiques. "Nous sommes allés à la rencontre des écoles de danse sur place, celles de Joëlle Wargnier, du Karukera Ballet ou encore du Lycée Carnot, avec lesquelles nous avons tissé des liens, poursuit-elle. L’idée du stage étant de permettre aux élèves de vivre au moins une journée au conservatoire et de voir s’ils peuvent s’y projeter."
Aux Antilles, il n’existe pas de conservatoire. Et il n’a pas fallu longtemps à Naël pour en apprécier la valeur ajoutée : "En Guadeloupe, dans un cours de 30 personnes, il y en a seulement deux ou trois qui veulent devenir pro. Ici, je profite de l’émulation." Maïke, un autre participant, dit trouver le perfectionnement et le dépassement de soi qu’il recherchait. "Dans cette école, le niveau est élevé, rajoute-t-il. Cela nous pousse à aller plus loin dans le travail."
Concours d'entrée en février
Ce partenariat est le dernier-né de la fondation Culture & Diversité, qui a déjà monté 13 programmes avec, par exemple, la Fémis (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son), l’école du Louvre, une école d’architecture, l’école Louis-Lumière. Son modèle s’inspire un peu de celui de Sciences Po.
Au début des années 2000, avec ses conventions d’éducation prioritaire, l’école cherchait à recruter les talents issus des milieux sociaux défavorisés sous-représentés dans son établissement. Après cette première en danse, les différents partenaires dresseront un bilan au terme de cette semaine d'immersion. D'autres stages devraient suivre. En attendant, la plupart de nos six danseurs guadeloupéens participeront en février prochain au concours d’entrée du Conservatoire.