La seconde sanction est plus lourde que la première. Le capitaine de gendarmerie Romain Dobritz avait été condamné à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, lors de son premier procès devant les assises de Guadeloupe. Lors de ce procès en appel qui se déroulait à Lyon, l'homme de 33 ans a cette fois écopé de sept ans de prison pour "homicide volontaire".
Le ministère public avait quant à lui requis 15 ans de prison contre l'accusé, qui était jugé pour avoir tiré sur un homme, en 2018 à Baie-Mahault en Guadeloupe, lors d'une intervention.
L'avocat de la famille de la victime, Paul Sollacaro, a salué une "décision particulièrement lourde", dans une procédure "rare" contre un membre des forces de l'ordre. M. Dobritz est également banni à vie de la fonction publique.
"Sentiment mitigé"
Le verdict "nous laisse un sentiment mitigé en ne retenant pas la légitime défense" plaidée par l'accusé, sans pour autant suivre "la logique répressive de l'accusation", ont déclaré ses conseils, Florian Lastelle et Archibald Celeyron.
La cour d'assises d'appel du Rhône a reconnu la qualification d'"homicide volontaire", alors que la cour d'assises de Guadeloupe avait retenu le chef de "violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
C'est pour cette raison que le parquet avait fait appel du premier verdict et demandé un dépaysement de l'affaire à Lyon, se disant "convaincu de l'homicide volontaire", selon les mots de l'avocate générale Élodie Rouchouse.
"Ce qu'il a payé, c'est d'avoir menti"
La victime faisait l'objet d'investigations pour des cambriolages en série de commerces en Guadeloupe, pour des préjudices faibles, a expliqué Me Sollacaro. Le 11 mars 2018 au soir, il est poursuivi en voiture par Romain Dobritz et un de ses collègues, qui lui font une queue de poisson par l'avant, pour forcer son véhicule à s'arrêter.
Une vidéo tournée depuis un commerce proche montre la victime enclencher la marche arrière et Romain Dobritz, à pied, tirer à sept reprises, y compris au moment où le véhicule s'éloignait de lui.
L'accusé a néanmoins plaidé la légitime défense et campé sur ses positions, affirmant que le véhicule avait avancé, ce que les images infirment. "Il a maintenu cette version jusqu'à la fin, ce qui explique la sévérité du verdict", a pointé Me Sollacaro. "Ce qu'il a payé, c'est d'avoir menti."