Un gendarme tué par balle en Guyane lors d'une opération contre l'orpaillage illégal

Des militaires traquent les orpailleurs illégaux lors d'une opération (2019)
Le militaire, engagé depuis 2009 au sein de la gendarmerie nationale et membre du GIGN, avait 35 ans. Le président de la République Emmanuel Macron a exprimé "sa grande émotion" après l'annonce de son décès.

Un gendarme du GIGN a été tué par balle en Guyane alors qu'il participait à une opération de lutte contre l'orpaillage illégal, a appris l'AFP samedi de source proche du dossier, confirmant une information du site Actu17.

Le militaire, âgé de 35 ans et père de deux enfants, était en opération sur le site d'orpaillage de Dorlin, au centre du territoire. Le gendarme, sous-officier de gendarmerie de l'antenne GIGN de Cayenne, était en mission conjointe avec l'armée française à Maripasoula, dans le parc amazonien de la Guyane, a précisé l'Elysée dans un communiqué.

 

Le président de la République, Emmanuel Macron, a exprimé "sa grande émotion". Le chef de l'État "salue le courage et la mémoire de ce sous-officier, tombé sous le feu, engagé depuis 2009 au sein de la gendarmerie nationale et qui servait à l'antenne GIGN de Cayenne depuis 2019", a encore indiqué la présidence de la République dans un communiqué.

Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a, lui aussi, fait part de sa "très vive émotion" et a adressé ses condoléances aux proches du gendarme tué.

Déjà deux morts en 2012

En 2012, deux militaires avaient été tués et deux gendarmes grièvement blessés par balles lors d'une opération conjointe armée/gendarmerie contre des chercheurs d'or clandestins en Guyane, déjà au niveau du site de Dorlin.

L'armée et la gendarmerie mènent régulièrement de grandes opérations de démantèlement des sites d'orpaillage illégal dans le cadre de la mission Harpie, lancée en 2008 par Nicolas Sarkozy, alors chef de l'Etat. De fin octobre à début décembre 2022, jusqu'à 500 militaires avaient ainsi été mobilisés pendant sept semaines afin de "neutraliser" les principaux sites clandestins d'extraction d'or. Cinquante tonnes de matériel et de denrées diverses, 30.000 litres de carburant, 12 km de tuyaux de chantier, six concasseurs, 90 groupes électrogènes, 37 quads, 15 pirogues et leurs moteurs avaient été saisis. Soit un préjudice financier d'environ 4 millions d'euros, selon la préfecture, pour les "garimpeiros" (terme désignant les orpailleurs brésiliens illégaux en Guyane). Selon les chiffres d'un rapport parlementaire publié en juillet 2021, la gendarmerie de Guyane estime à 8.600 environ le nombre de mineurs clandestins, "en situation irrégulière sur le territoire" pour l'essentiel.

Quelque 500 sites d'orpaillage illégal seraient toujours actifs, selon l'Observatoire de l'activité minière (OAM), dont 150 situés au cœur du Parc national amazonien, créé en 2007 pour protéger la forêt amazonienne et sa biodiversité. La Guyane est recouverte "à 95 % d'une forêt dense, une partie de la forêt amazonienne, qui rend les opérations de maintien de l'ordre et d'éradication du fléau de l'orpaillage illégal complexes", déplorait le rapport.

10 tonnes d'or extraites illégalement par an

En 2022, les autorités françaises ont mené plus de 1 000 patrouilles en forêt contre l'orpaillage illégal, saisissant 59 kilos de mercure et 5 kilos d'or, selon un bilan de la préfecture. D'après les opérateurs miniers locaux, 10 tonnes d'or seraient extraites illégalement de Guyane chaque année par les "garimpeiros".

Pour séparer l'or du minerai, les mineurs clandestins utilisent par ailleurs une grande quantité de mercure, métal toxique qui pollue les sols et les cours d'eau, et favorise la déforestation. La lutte contre ce phénomène est également compliquée par son caractère transfrontalier, les orpailleurs agissant de part et d'autre des fleuves Oyapock et Maroni, frontières entre le département français et, respectivement, le Brésil et le Suriname.