Imaginez rester sur une chaise 22h sur 24, dormir sur un matelas à même le sol, devoir manger avec votre assiette sur les genoux ou vous laver les dents, avec un lavabo à hauteur de votre menton. Eh bien, c’est le quotidien que vit Monsieur X* un détenu dans une prison en France, plus précisément à Fond Sarrail en Guadeloupe. C’est ce qu’annonce, ce jeudi, l'OIP (Observatoire international des prisons) dans un communiqué de presse.
L’homme paraplégique, qui passe la grande majorité de son temps dans un fauteuil roulant, est incarcéré depuis le 1 mai 2022. Il partage sa cellule pour personne en mobilité réduite, avec un autre codétenu, lui aussi en fauteuil. Or, cette cellule n’a pas été conçue pour accueillir deux détenus. "L’espace disponible ne permet pas aux deux hommes de se déplacer simultanément avec leurs fauteuils, ni d’avoir un frigo et une table" rapporte l’OIP. De plus, aucun des deux détenus de la cellule ne peut assurer le ménage, alors Monsieur X* serait obligé de payer un autre prisonnier en cigarettes pour le faire.
Le détenu est bloqué dans sa chambre
Incapable de se déplacer seul, la cellule de Monsieur X*, se trouve au rez-de-chaussée, ce qui le prive d’accès à de nombreux lieux de la prison, par manque d’infrastructure. Le détenu ne peut alors pas accéder à la bibliothèque, ni même aux parloirs. Mais face à son insistance à recevoir sa conjointe, le communiqué de presse de l’OIP, nous apprend que "l'administration pénitentiaire lui aurait proposé d’être porté dans les escaliers par deux détenus auxiliaires, tout en signant une décharge de responsabilité de l'administration en cas d'accident".
L’accessibilité de Monsieur X* aux espaces communs est problématique. Il est obligé de rester dans sa cellule, sur sa chaise, 22h sur 24. Si un arrêté de 2010, oblige les établissements neufs à s’équiper au minimum d’un ascenseur, le centre pénitentiaire de Baie-Mahault, construit en 1996, n’est pas concerné par cette mesure.
Un avis médical stipulait que le détenu devait être placé en unité hospitalière sécurisée interrégionale
Dès l’arrivée de Monsieur X* en mai 2022, les médecins de l’unité sanitaire de Baie-Mahault indiquaient une contre-indication à son incarcération dans les murs de la prison de Fond Sarail, et préconisaient même son transfert en USHI, une unité hospitalière sécurisée interrégionale. Toujours selon le communiqué, "l’administration pénitentiaire est tenue, en vertu de la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, de tenir compte de l’état de santé et du handicap des personnes détenues". Ainsi, selon cet article, Monsieur X* aurait dû déjà être transféré.
Contacté à plusieurs reprises, par l’observatoire international des prisons, le centre pénitentiaire de Baie-Mahault n'a pas donné suite à ces sollicitations.