Le député Christophe Euzet présentait ce mercredi 18 novembre une proposition de loi pour combattre la discrimination liée à la glottophobie. Pour le Martiniquais Kofi Jicho Kopo, il faudrait déjà commencer par décomplexer les accents.
L’objectif de la proposition de loi déposée par le député de l’Hérault : lutter contre la glottophobie, c’est-à-dire toutes les formes de moqueries ou de discriminations basées sur l’accent d’une personne et promouvoir "la France des accents".
Selon un sondage Ifop datant de janvier 2020, 16% des Français disent avoir été victimes de glottophobie.
“C’est déjà un premier pas”, salue Kofi Jicho Kopo, diplômé en langues et cultures régionales créoles, pour qui la glottophobie est une discrimination au même titre que les autres. “Pour moi la glottophobie est liée à la xénophobie, développe le Martiniquais. Tout dépend de comment on perçoit l’autre. Si je pense que l’Antillais est fainéant, comique, jovial, exotique, forcément ce que je ressens par rapport à lui aura des répercussions sur la façon dont je perçois son accent.”
Un sujet complexe qui pose notamment les jeunes face à un véritable dilemme : “On s’est posé la question lors d’une conférence il y a quelques semaines, évoque Kofi Jicho Kopo. Faut-il avoir un accent uniquement quand on parle créole et le gommer quand on parle français ?” Car cet ambassadeur de la langue créole sur les réseaux sociaux le constate, gommer son accent “fait partie des stratégies de la jeunesse antillaise pour trouver un travail et réussir dans leur milieu socio-professionnel.”
Érigé en 1992, ce traité européen visant à protéger les langues minoritaires n'a jamais été ratifié par la France. Signer ce traité reviendrait à reconnaître officiellement l’existence de plusieurs langues en France. Or “La France est unilingue. Elle a toujours eu peur d’une France polyglotte, explique Kofi Jicho Kopo. C’est encore un sujet tabou”.
Pour l’expert des langues créoles, ce qu’il faudrait faire en priorité, outre la ratification de la charte des langues régionales, c’est “décomplexer” les accents. Et cela passe avant tout par l’éducation. “Il faudrait sensibiliser les enfants aux accents de manière pédagogique dans les écoles et leur dire qu’il ne faut pas se moquer, que l’accent n’a aucun rapport avec l’intelligence ou la capacité à travailler”, développe-t-il.
En tous les cas, la préservation des accents est un sujet essentiel pour le linguiste. “Ça fait partie de la culture des personnes qui sont discriminées. C’est un relent de la colonisation si on nous demande d’effacer notre culture pour être assimilé, assène-t-il. C’est important de garder son identité pour ne pas se perdre soi.”
Adoptée ce mercredi 18 novembre en Comission des lois, la proposition de loi portée par le député Christophe Euzet sera examiné le 26 novembre à l'Assemblée Nationale.
La glottophobie reconnue comme discrimination
Le texte demande ainsi d’ajouter le mot “accent” à la liste des critères de discrimination déjà reconnus et punis par la loi. Le code pénal et le code du travail jugent à ce jour illégale la discrimination en raison de la couleur de peau, du genre, de l'orientation sexuelle, de la religion ou en raison d'un handicap.Selon un sondage Ifop datant de janvier 2020, 16% des Français disent avoir été victimes de glottophobie.
Ma proposition de loi visant à promouvoir la France des accents sera examinée aujourd’hui en @AN_ComLois à 9h30. Suivez les débats en direct ⤵️ @AgirEnsemble_AN pic.twitter.com/IQL1gwOuNB
— Christophe Euzet (@ChristopheEuzet) November 18, 2020
“C’est déjà un premier pas”, salue Kofi Jicho Kopo, diplômé en langues et cultures régionales créoles, pour qui la glottophobie est une discrimination au même titre que les autres. “Pour moi la glottophobie est liée à la xénophobie, développe le Martiniquais. Tout dépend de comment on perçoit l’autre. Si je pense que l’Antillais est fainéant, comique, jovial, exotique, forcément ce que je ressens par rapport à lui aura des répercussions sur la façon dont je perçois son accent.”
Un sujet complexe
Pour Kofi Jicho Kopo, les discriminations liées aux accents sont une réalité quotidienne pour les Ultramarins.Déjà on peut se souvenir de la manière dont Christiane Taubira était moquée par les humoristes. On imitait son prétendu accent de façon humoristique, joviale, comique, un peu nonchalante alors que ça ne représentait pas du tout son caractère. Et dans les médias, même aux Antilles, il faut parler avec un accent parisien.
Un sujet complexe qui pose notamment les jeunes face à un véritable dilemme : “On s’est posé la question lors d’une conférence il y a quelques semaines, évoque Kofi Jicho Kopo. Faut-il avoir un accent uniquement quand on parle créole et le gommer quand on parle français ?” Car cet ambassadeur de la langue créole sur les réseaux sociaux le constate, gommer son accent “fait partie des stratégies de la jeunesse antillaise pour trouver un travail et réussir dans leur milieu socio-professionnel.”
Un projet difficilement réalisable
Si la proposition de loi serait une avancée certaine, pour le Martiniquais, il aura du mal à aboutir. “Je pense que ce sera difficile car ils vont peut-être se dire que s’ils partent sur cette voie-là, il faudra ratifier la charte des langues régionales”, estime-t-il.Érigé en 1992, ce traité européen visant à protéger les langues minoritaires n'a jamais été ratifié par la France. Signer ce traité reviendrait à reconnaître officiellement l’existence de plusieurs langues en France. Or “La France est unilingue. Elle a toujours eu peur d’une France polyglotte, explique Kofi Jicho Kopo. C’est encore un sujet tabou”.
Pour l’expert des langues créoles, ce qu’il faudrait faire en priorité, outre la ratification de la charte des langues régionales, c’est “décomplexer” les accents. Et cela passe avant tout par l’éducation. “Il faudrait sensibiliser les enfants aux accents de manière pédagogique dans les écoles et leur dire qu’il ne faut pas se moquer, que l’accent n’a aucun rapport avec l’intelligence ou la capacité à travailler”, développe-t-il.
En tous les cas, la préservation des accents est un sujet essentiel pour le linguiste. “Ça fait partie de la culture des personnes qui sont discriminées. C’est un relent de la colonisation si on nous demande d’effacer notre culture pour être assimilé, assène-t-il. C’est important de garder son identité pour ne pas se perdre soi.”
Adoptée ce mercredi 18 novembre en Comission des lois, la proposition de loi portée par le député Christophe Euzet sera examiné le 26 novembre à l'Assemblée Nationale.