Kate et Isabelle, étudiantes en Master 1 management du sport à l'université Paris-Saclay, ont lancé une cagnotte pour aider le Bondy Cécifoot Club à financer du matériel. Objectif : pouvoir accompagner ses joueurs professionnels comme le Réunionnais Gaël Rivière, pour les Jeux Paralympiques 2021.
Aider un club tout jeune avant même d'avoir fini d'étudier en master 1 management du sport, c'est le pari de deux étudiantes de l'université Paris-Saclay, Kate Mungroo et Isabelle Kouoi. Elles ont lancé fin novembre une cagnotte afin de financer du matériel pour le Bondy Cécifoot Club (BCC), le premier club de cécifoot de Seine-Saint-Denis, créé en juillet 2019 par Jean-François Chevalier et Samir Gassama. "Ça nous a beaucoup touchées qu'en un an ils aient réussi à faire tout ça, à créer trois sections et à ramener beaucoup de personnes déficientes visuelles qui peuvent pratiquer malgré leur handicap", explique Isabelle.
Car le cécifoot, qui est une adaptation du futsal pour les personnes mal-voyantes et non-voyantes, est un sport encore très peu connu, au point que les deux étudiantes n'en avaient pas entendu parler pas avant de se lancer dans ce projet dans le cadre de leurs études. Au delà de la mise en avant d'un sport peu répandu et pourtant présent aux Jeux Paralympiques, elles souhaitaient également aider le BCC en particulier. "Le club en a besoin pour mettre en avant ses joueurs", raconte Kate, mais aussi le département où il est installé.
Le club s'inscrit dans le territoire de la Seine-Saint-Denis, parfois mal vu mais qui est un territoire assez créatif et qui pousse à l'inclusion, d'autant plus qu'il y a une section de futsal valide féminine qui est rattachée aux sections de cécifoot du BCC.
Objectifs olympiques
Dans ce club évoluent deux athlètes paralympiques médaillés aux Jeux de Londres en 2012 avec l'équipe de France de cécifoot, le Réunionnais Gaël Rivière et Martin Baron. Le club est soutenu par sa marraine, la footballeuse réunionnaise de l'Olympique Lyonnais, Melvine Malard.
Pourtant malgré ces noms prestigieux et cette évolution rapide, le BCC a aujourd'hui besoin de matériel. Le cécifoot se pratique en effet avec des ballons à grelot, que les joueurs peuvent entendre, mais aussi avec des masques qui permettent de mettre au même niveau tout le monde - exceptés les gardiens - quel que soit leur degré de cécité. Le terrain doit également être muni de barrières afin de délimiter les zones où évolue le jeu. Des équipements coûteux : un ballon revient à 68 euros l'unité, un masque à 45 euros et les barrières du club, déjà achetées, ont coûté 20 000 euros au club.
L'objectif de la cagnotte est donc de récolter 4100 euros pour pouvoir financer cet équipement et permettre aux joueurs de bien s'entraîner, en vue des Jeux Paralympiques de 2021.
"Aujourd'hui les joueurs se prêtent ce matériel et ça l'abîme encore plus", précise Kate. "Moi je pensais qu'un champion olympique bénéficiait d'aides et de subventions pour atteindre ces performances alors que l'exemple de Gael Rivière nous prouve que non", renchérit Isabelle.
Même en étant champion olympique, il n'y a pas vraiment d'aides. Gaël Rivière doit travailler pour subvenir à sa passion du cécifoot et utiliser ses propres ressources pour s'entraîner pour les qualifications aux jeux. Ce n'est pas parce qu'on est champion olympique que tout va être facile. C'est juste un titre.
Manque de médiatisation
Un avis bien entendu partagé par l'intéressé qui explique avoir été "agréablement surpris" par le projet des deux étudiantes. "Le seul moment où on peut se faire connaître, c'est au moment des Jeux où il y a une médiatisation plus grande, explique-t-il, et même si elle n'est pas importante, c'est un mieux par rapport au néant habituel. Ce projet contribue à nous faire connaître. Que des gens extérieurs à notre milieu aient envie de faire connaître cette discipline, c'est forcément encourageant et c'est l'un des moyens pour qu'on en parle plus."
Le natif de Saint-Benoît à La Réunion se plaît aujourd'hui au BCC qui bénéficie d'infrastructures d'entraînement proches de celles des matchs officiels, alors qu'en France à l'heure actuelle, il n'existe "aucun terrain de cécifoot aux normes de compétition". Une situation "incompréhensible" pour Gaël Rivière, qui explique ces besoins "assez importants".
Après un an d'existence, bouleversé par la crise sanitaire, les confinements et les couvre-feux, le BCC garde son ambition première et compte bien accompagner ses joueurs aux Jeux Paralympiques de Tokyo 2021 ainsi qu'aux Jeux de Paris 2024. Un projet rendu possible grâce à la cagnotte de Kate et Isabelle qui a déjà atteint un premier pallier clé de 2000 euros, à quelques jours de la fin de la campagne de financement.