Une famille réunionnaise reprend l’auberge d’Affoux dans le Rhône et permet le maintien de l’école

Le chef Pierre-Ludovic Lachanat, sa femme Kenjie et leurs trois enfants ont repris il y a trois mois l’auberge d’Affoux, situé à une cinquantaine de kilomètres de Lyon, avec le pari un peu fou, en pleine période de Covid-19, de relancer l’auberge, fermée depuis février 2020. 

Sur les hauteurs du Pays de Tarare, seules les cloches de l’église en pierres dorées et les cris des enfants dans la cour de récréation de l'école rythmaient jusqu’ici la vie de ce petit village de 370 âmes. Mais, depuis trois mois, l’auberge, fermée en février 2020, vient de renaître avec l'arrivée d'un couple réunionnais et de leurs trois enfants. 

Regardez le reportage de Pierre Lacombe, Nordine Bensmail et Bernard Blondeel : 

 

Le soutien décisif de la mairie 

"J’ai répondu à une annonce sur Le Bon Coin et deux heures après, la mairie m’a contacté", affirme Pierre-Ludovic, né à La Réunion et adopté dans une famille de la région lyonnaise à l’âge de 7 ans. 

Le jeune restaurateur visite l’auberge et, encouragé par l’accueil chaleureux de l’équipe municipale, décide de se lancer dans ce pari un peu fou de reprendre le restaurant en pleine période de Covid-19. 

La mairie nous a énormément soutenus, les élus ont été nos premiers clients et sans eux, c’est certain, nous ne serions pas restés.

Pierre-Ludovic Lachanat  

 

Le jeune restaurateur s’installe en décembre avec sa femme et ses trois enfants. "Les premiers jours ont été difficiles, nous n’avons pas eu une seule réservation. Ici, les gens se connaissent tous. Il faut se démarquer, faire ses preuves et montrer que l’on a envie de rester chez eux", affirme Pierre-Ludovic. 

Entre cuisine traditionnelle et réunionnaise 

Les premiers clients finissent par franchir le seuil de l’auberge et le bouche à oreille a fait le reste. "C’est le seul commerce du village, il n’y a plus de boulangerie, plus d’épicerie, ça met de l’animation et puis quand c’est bon les gens en profitent et ils reviennent", affirme un retraité qui, désormais, a ses petites habitudes à l’auberge. "Nous, on commande le vendredi soir, c’est très bien et surtout c’est très bon", ajoute une jeune mère de famille.

Soucieux de séduire et de fidéliser sa clientèle, Pierre-Ludovic Lachanat propose un juste équilibre entre la cuisine traditionnelle et celle de son cœur, la cuisine créole. "Il ne faut pas oublier que nous sommes dans l’Hexagone, il faut s’adapter. Je propose des repas traditionnels comme de l’andouillette, des tripes ou du boudin et des spécialistés réunionnaise sur réservation, la semaine et le week-end".

Et dans sa volonté de créer du lien avec les habitants, le jeune restaurateur réunionnais joue pleinement la carte locale. Il s’approvisionne directement chez les producteurs. "J’achète mes steaks pur bœuf et mes fromages de brebis dans les fermes de la commune. C'est ça qui va donner une âme à l'auberge. Les clients s'identifient aux produits." Pierre-Ludovic a même repéré un producteur de bière artisanale et envisage de lui confier la fabrication d’une bière à base de rhum pour renforcer l'identité de l’auberge et valoriser les produits de son île. "La Réunion, c'est nos racines, on y va souvent, on a besoin de se ressourcer et quand on revient ici on sait pourquoi on est là, pourquoi on se bat", précise Pierre-Ludovic.   

Le maintien de l'école

La petite famille a très vite pris ses repères dans le village et l’école, soucieuse de maintenir un effectif minimum pour repousser la menace d'une fermeture, a accueilli à bras ouverts les trois enfants agés de 3, 5 et 7 ans de Kenjie et Pierre-Ludocivic.   

Désormais, le couple attend avec impatience la réouverture des restaurants, mais ne reste pas sans rien faire. "Nous sommes très présents sur les réseaux sociaux pour faire connaitre l'auberge et ses spécialités, nous avons aussi installé un dépôt de pain et de viennoiseries le dimanche et, dans quelques jours, nous ouvrirons une épicerie", affirme Pierre-Ludovic. L’occasion pour la clientèle de compléter les courses avec des produits de base, de prendre le temps de discuter et de boire un verre au bar de l'auberge… Et si Kenjie reconnaît que la relance de l'auberge est "un gros défi", elle se rassure dans le regard de son mari, enthousiaste, et de ses trois enfants, "ils sont très heureux ici"