Qu'elles piquent, qu'elles mordent ou sécrètent des substances dangereuses, les espèces qui produisent du venin sont légion : il en existerait plus de 105 000 ! Plantes, araignées, grenouilles, serpents ou encore poissons : dans nos territoires d'Outre-mer, on en trouve quelques spécimens.
L'exposition Poison, au palais de la Découverte à Paris, permet d'en découvrir quelques unes en vrai derrière les vitres de terrariums hautement sécurisés. Plus confortable et rassurant que de tomber nez-à-nez avec une veuve noire !
Mais avant de faire connaissances avec ces espèces chargées de poisons, il faut tordre le cou à quelques idées reçues et étudier les secrets de leurs venins.
Venimeux ou vénéneux ?
Les espèces vénéneuses transmettent leurs substances toxiques passivement, par contact ou par ingestion. Plantes, poissons et amphibiens, on en trouve quelques unes dans les eaux et les forêts d'Outre-mer :
En revanche, on parle d'espèces venimeuses lorsqu'elles inoculent leur poison par morsure ou par piqûre. C'est le cas des araignées, des serpents, des scorpions, des scolopendres ou encore de certains poissons :
La plupart de ces espèces sont très craintives et n'utilisent leurs venins qu'en dernier recours. Si dans les Outre-mer, il existe peu d'espèces véritablement dangereuses pour l'humain, il faut néanmoins rester méfiant. Par exemple, en janvier 2017, un homme est mort en Guyane des suites d'une morsure de serpent. Mais cela reste très rare et, même si ce n'était pas le cas dans cette affaire, les hôpitaux sont dotés la plupart du temps des antidotes adéquats. Et parfois, seules une surveillance médicale et une hydratation régulière suffisent pour éliminer les poisons du corps.
En cas de doute, les couleurs vives d'un poisson, d'un animal ou d'un insecte peuvent être un bon indice de dangerosité... C'est comme cela qu'ils préviennent leurs prédateurs qu'il ne faut pas les approcher.
Des venins très précieux
S'ils nous font très peur, les venins sont pourtant très utiles pour les animaux, insectes et plantes qui en produisent. Selon Elodie Ducasse, médiatrice scientifique de l'équipe Sciences de la vie au Palais de la Découverte, il y a trois usages pour les venins : "attaque, défense, nutrition." Les toxines contenues dans les venins permettent alors de neutraliser un ennemi, de bloquer les proies ou de mettre en route la digestion.

Espoir contre le cancer
Par leur action sur le corps humain, "les toxines présentes dans les venins nous permettent de mieux comprendre le fonctionnement de nos systèmes", explique la médiatrice. Ils ont également des applications thérapeutiques : "Par son action sur la prolifération des cellules, le venin du crapaud de Leschenault représente un espoir dans la lutte contre les leucémies."
Un autre batracien, le dendrobate bleu que l'on trouve en Guyane, représente aussi un élément intéressant pour la recherche : les molécules de son poison sont deux cent fois plus puissante que celles de la morphine. Certaines toxines présentes dans d'autres espèces peuvent aussi agir sur la stimulation cardiaque, la pression artérielle, la coagulation sanguine, la transmission de l'influx nerveux...
Autant de secrets bien gardés, qui pourraient changer la face de la recherche médicamenteuse. Finalement, à défaut de l'empoissonner, la petite bête pourrait donc bien finir par aider la grosse...
30 espèces vivantes et les secrets de leurs venins à découvrir dans cette exposition ouverte jusqu'au 11 août 2019.
Du mardi au samedi de 9h30 à 18h00 (fermeture des caisses à 17h45)
Le dimanche et les jours fériés de 10h00 à 19h00 (fermeture des caisses à 18h45).
Informations pratiques par ici.