La quatrième de couverture de "Nobles de cœur" explique parfaitement la démarche artistique des deux auteurs : "2 août 1999, aéroport international de Bruxelles. Vol 520 Sabena Airlines en provenance de Conakry. Yaguine Koïta et Fodé Tounkara sont découverts dans le train d’atterrissage arrière droit de l’avion, morts de froid. On retrouve dans les affaires des deux adolescents leurs certificats de naissance, leurs cartes de scolarité, des photos et une lettre qui fera le tour du monde. Ils y racontent leurs difficultés, mais surtout leurs rêves et leur espoir.
Le temps assassin file mais certaines histoires restent gravées. Pour toujours.
Depuis vingt-trois ans, Yaguine et Fodé, enfants du monde, nous hantent et interrogent nos consciences.
Depuis vingt-trois ans, nous tentons de comprendre leur pari fou, leur défi lancé à la mort, pour une vie meilleure. Nous n’avons toujours pas trouvé d’explication, nous n’en trouverons certainement jamais. Mais nous avons décidé de ressusciter Yaguine et Fodé, de les réinventer en mots et en images, pour raconter ces étincelles d’âmes trop jeunes pour mourir."
L'auteur Marc-Alexandre Oho Bambé
Alexandre Oho Bambe est un poète, écrivain et slameur, lauréat du Prix Paul Verlaine de l’Académie française en 2015 pour "Le chant des possibles". Inspiré de l’œuvre d’Aimé Césaire, Edouard Glissant, René Char, Frankétienne, l'écrivain cherche à sensibiliser le public à la poésie. Lui et son ami Fred Ebami, illustrateur de "Nobles de cœur", artiste pop art, sont membres fondateurs du collectif "On A Slamé Sur La Lune". Ensemble, ils ont signé un ouvrage d’art "Fragments" publié aux Éditions Bernard Chauveau en 2019.
Lecture d'À la 1ère Page : extrait de "Nobles de cœur"
"Bonjour ma sœur, bonjour mon frère,
Comment va ta douleur ?
La nôtre va
Enlianée toujours à notre espérance."
Ainsi commence le premier texte de rap de Yaguine et Fodé, écrit à quatre mains. Les deux garçons de 15 ans ont la vie devant, veulent-ils croire. Et nul ne peut les en blâmer. On a le droit d’avoir des rêves à leur âge. On a peut-être même le devoir d’en avoir. Yaguine et Fodé rêvent les yeux ouverts. Et les paroles de leurs chansons témoignent de leur être au monde.
"Rêver, c’est déjà être libre, dit le poète,
Mais nous ne faisons pas que rêver, tu sais,
Nous sommes aussi ce que nous rêvons."
Yaguine et Fodé ont la jeunesse insolente, I’assurance naïve et lucide à la fois, un courage et une rage de vivre à toute épreuve, la musique et le sens des mots chevillés ou corps. Yaguine et Fodé rappent leur parcours, ils rappent leurs souvenirs, leurs désirs tenus en laisse, leurs révoltes enchaînées. Rappent leurs vies, comme pour ne pas les perdre. Ne rien perdre. Ne pas se perdre eux-mêmes en chemin. La route qui mène à soi est longue, encore plus longue celle qui mène ou songe porté. Reporté. Déporté dans le champ du réel.
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Réalisation : Jean-Luc Benzimra
Graphisme et Animation : Joël Cimarron
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