VIDÉO. Du mémorial au Cotton Club "Chaînes de mémoires" [Temps des mémoires]

Chacun à leur manière, ils sont engagés dans un travail mémoriel de reconnaissance de l’esclavage. Cette semaine nous partons à la rencontre de l'artiste Bibi Tanga, de Michel Cocotier, président de l'association Mémoire de l'Outre-mer, et de Barbara Chiron, coordinatrice de l'association "Les Anneaux de la Mémoire". Le fil conducteur de ces rencontres est l'exploitation du coton et la traite négrière.

Chaînes de mémoires propose de rencontrer les militants d’hier et d’aujourd’hui dans leur combat pour la reconnaissance et la mémoire de l’esclavage. Qu’il s’agisse d’œuvres d’art, de monuments, d’actes symboliques ou de textes de loi, ces hommes et ces femmes ont laissé des traces tangibles de la mémoire des esclavages dans l’espace public. Un héritage qui se transmet de génération en génération, comme les maillons d’une chaine qui ne se brise jamais.

L'artiste Bibi Tanga.

L'artiste Bibi Tanga rend hommage à ses ancêtres esclaves en musique

C'est en chanson que l'artiste Centrafricain Bibi Tanga a choisi d'honorer la mémoire de ses aïeux.  

Mon pas est comme le pas du cheval pur sang de la razzia qui m'arrache au cœur de ma terre, me jetant au delà de la mer, chez l'étranger pour arracher le coton.

Bibi Tanga et Le Professeur Inlassable

Chanson "Au fil du temps"

Cette chanson évoque le début de la traite arabo-musulmane au VIIIᵉ siècle en Afrique Noire ainsi que les premières razzias. 12 millions d'Africains seront ainsi déportés vers le Moyen-Orient et l'Asie. Á partir du XVIᵉ, suite à la découverte des Amériques, les européens se lancent à leur tour dans la traite. Selon Bibi Tanga, la transmission de la mémoire de l'esclavage afro-américain passe par la musique. Les esclaves des Amériques qui vont cultiver le coton dans une terre qui n'est pas leur, sont à l'origine du jazz et du blues. 

Michel Cocotier au Mémorial de l’Abolition de l’esclavage

Michel Cocotier, président de l'association "Mémoires de l’Outre-mer"

Michel Cocotier, d'origine guyanaise est lui aussi descendant d'esclave. Il vit à Nantes, qui était le premier port négrier de France. Ancien proviseur de lycée, il réalise très tôt l'importance de l'engagement citoyen. Il fait alors un terrible constat : il appartient à une minorité. Il commence alors à militer pour la reconnaissance de l'esclavage. Á la tête de son association "Mémoires de l’Outre-Mer", il a activement participé à la création du "Mémorial de l’Abolition de l’esclavage" qui a ouvert ses portes en 2012.

Photo issue de l'exposition consacrée au coton à Cholet

Une exposition consacrée à l'exploitation du coton à Cholet

Plus au Sud, Cholet et le bassin du textile témoignent à travers une exposition sur le coton de la prospérité économique de l’esclavage. Un coton qui continuera à être exploité en Afrique après l’abolition. Une période de travail forcé, presque aussi dur que l’esclavage. Barbara Chiron, coordinatrice de l'association "Les Anneaux de la Mémoire" nous présente cette exposition. Elle rappelle qu'après l'abolition de l'esclavage, la France intensifie sa production agricole dans ses colonies au XXème siècle. En Oubangui-Chari, les grandes concessions imposent la culture du coton à la population. Les conditions de travail sont inhumaines et les salaires dérisoires. 

Réalisation : Gérard Maximin
Production : Gédéon Programmes/FTV
Durée : 13 minutes
2022