Maître de conférence des universités, praticien hospitalier et responsable de l'unité de virologie de l'hôpital Avicenne : Emmanuel ne se contente pas d'être un scientifique de très haut niveau. Il est aussi Président du Comité Marche du 23 mai 1998. Un rôle qui lui tient particulièrement à coeur.
Le 23 mai 1998 plus de quarante mille personnes issues des Outre-Mer défilent dans les rues de l'Hexagone pour honorer la mémoire de leurs ancêtres réduits en esclavage.
"Après la marche, on a réfléchi. Qu'est ce qui s'était passé ? On voulait comprendre et quel type d'association il fallait faire. On a fait le choix de monter une association mémorielle." Emmanuel et ses amis mettent les bouchées doubles. Ils mettent en place plus de 600 groupes de paroles, 1500 réunions d'histoires. Ils créent une université populaire et signent une convention de partenariat avec La Sorbonne. Mais ils se heurtent à une réalité...
"On s'est rendu compte qu'en France, il y a une difficulté avec cette histoire de l'esclavage. On a constaté que la nation française ne peut voir l'esclavage que sous l'angle de la République qui a aboli. Et nous, ce que nous disons c'est qu'il faut forcément qu'il y ait un hommage aux victimes de l'esclavage colonial."
Si Emmanuel est si impliqué c'est parce qu'il sait d'où il vient. "Je suis un Guadeloupéen d'abord. Et de Port Louis, pour moi c'est important ." Pendant toute son enfance, il a écouté les récits de son père sur les aïeux esclaves de leur famille. Il n'en a pas honte, bien au contraire. Et puis il a grandi dans cette société guadeloupéenne qui traite sa population noire comme des citoyens de seconde zone. Qu'à cela ne tienne, l'enfant puis l'adolescent qu'il est se forge un caractère, une personnalité. Il s'assume tel qu'il est pour mieux se libérer. Etre fier de soi en pensant à ses aïeux, leur dire MERCI et continuer le combat pour eux, ainsi pense Emmanuel aujourd'hui.