19% des Calédoniennes ont été victimes de violences conjugales ces douze derniers mois, selon une étude du Conseil économique, social et environnemental. Un chiffre particulièrement élevé. Pourtant, les politiques publiques en la matière restent insuffisantes.
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Furieux que sa maitresse soit enceinte, il lui a massacré le ventre à coups de pied avec ses chaussures de sécurité pour tuer le foetus de 7 mois. Un fait divers sordide emblématique des nombreux cas de violences domestiques en Nouvelle-Calédonie.
Selon une étude du Conseil économique, social et environnemental (Cese), remise le mois dernier au gouvernement, 19% des Calédoniennes ont été victimes d'agressions physiques par leur (ex-)conjoint durant les 12 derniers mois, contre 2,3% à La Réunion ou la Martinique, des taux proches de la Métropole. Un chiffre qui se répercute aux audiences du tribunal de Nouméa où 30% des affaires jugées en comparution immédiate ou en plaider coupable sur déferrement concernent des violences conjugales.
"Ces violences sont spectaculaire en Nouvelle-Calédonie. Tous les week-ends, il y a au minimum 5 ou 6 personnes en garde à vue pour ce type de faits", observe Alexis Bouroz, procureur de la République. Il se dit interloqué par "l'intensité des coups portés", tels que des coups de sabre ou de marteau, des coups de pied dans la tête ou des brûlures. "Ici, les femmes ont un seuil de résistance très élevé. Il faut vraiment que les violences aillent loin avant qu'elles portent plainte", témoigne Laure Canonne, directrice du Foyer d'accueil Béthanie à Nouméa. "On est tout le temps plein", ajoute-t-elle.
Bien que le phénomène touche tous les milieux et toutes les ethnies, l'établissement, financé par la province sud, reçoit en majorité des femmes kanak aux origines modestes. Après une énième pluie de coups qui lui ont valu 15 jours d'hospitalisation, Yvonne vit à Béthanie depuis quatre mois et se montre très critique sur la place de la femme dans la coutume kanak. "La société kanak est une société d'hommes, on est juste bonnes à s'occuper des gosses et à frotter les marmites. On n'a aucun droit, on n'a pas de terres, on n'hérite pas et si les enfants portent le nom du mari, ils ne sont pas à nous", déplore la jeune femme aux bras tatoués.
En Nouvelle-Calédonie, la majorité de la population kanak relève du statut civil coutumier (organisation traditionnelle, ndlr) et non du code civil français. "Une femme mariée coutumièrement ne peut pas divorcer. La dissolution du mariage ne peut se faire qu'avec le consentement des clans et ça peut durer une éternité", explique Valentine Holle, présidente du conseil des femmes de la province sud.
De même en matière de dommages et intérêts, la juridiction pénale devait systématiquement jusqu'en 2013 renvoyer la décision à la juridiction civile statuant avec des assesseurs coutumiers, obligeant les femmes kanak à entamer une nouvelle procédure. "Bien souvent, elles abandonnaient. Il leur fallait reprendre un avocat et s'expliquer devant des assesseurs masculins. Depuis 2013, tout se règle une fois le jugement prononcé", se félicite Valentine Holle.
Malgré l'ampleur des violences conjugales en Nouvelle-Calédonie, le sujet est insuffisamment pris en compte dans les politiques publiques. Dans les provinces du Nord et des Iles, à majorité kanak, il n'existe pas de foyer d'accueil, et en dehors des allocations familiales si elle a des enfants, une femme battue ne peut prétendre à aucune aide financière. Le RSA ne s'applique pas en Nouvelle-Calédonie.
Présidente de la commission des droits de la femme au Congrès et figure de proue des luttes féministes, Nicole Robineau bataille pour la création d'un Cauva (centre d'accueil d'urgence des victimes d'agressions) au sein du centre hospitalier territorial. Au terme de nombreuses démarches, elle se félicite que le député Philippe Gomès (UDI Les Constructifs), ait récemment obtenu que l'Etat étende l'enquête nationale Virage (Violences et rapports de genre) à la Nouvelle-Calédonie, où la dernière étude sur le sujet remonte à près de 15 ans !
Des violences "spectaculaires"
Selon une étude du Conseil économique, social et environnemental (Cese), remise le mois dernier au gouvernement, 19% des Calédoniennes ont été victimes d'agressions physiques par leur (ex-)conjoint durant les 12 derniers mois, contre 2,3% à La Réunion ou la Martinique, des taux proches de la Métropole. Un chiffre qui se répercute aux audiences du tribunal de Nouméa où 30% des affaires jugées en comparution immédiate ou en plaider coupable sur déferrement concernent des violences conjugales."Ces violences sont spectaculaire en Nouvelle-Calédonie. Tous les week-ends, il y a au minimum 5 ou 6 personnes en garde à vue pour ce type de faits", observe Alexis Bouroz, procureur de la République. Il se dit interloqué par "l'intensité des coups portés", tels que des coups de sabre ou de marteau, des coups de pied dans la tête ou des brûlures. "Ici, les femmes ont un seuil de résistance très élevé. Il faut vraiment que les violences aillent loin avant qu'elles portent plainte", témoigne Laure Canonne, directrice du Foyer d'accueil Béthanie à Nouméa. "On est tout le temps plein", ajoute-t-elle.
En majorité des femmes kanak
Bien que le phénomène touche tous les milieux et toutes les ethnies, l'établissement, financé par la province sud, reçoit en majorité des femmes kanak aux origines modestes. Après une énième pluie de coups qui lui ont valu 15 jours d'hospitalisation, Yvonne vit à Béthanie depuis quatre mois et se montre très critique sur la place de la femme dans la coutume kanak. "La société kanak est une société d'hommes, on est juste bonnes à s'occuper des gosses et à frotter les marmites. On n'a aucun droit, on n'a pas de terres, on n'hérite pas et si les enfants portent le nom du mari, ils ne sont pas à nous", déplore la jeune femme aux bras tatoués.En Nouvelle-Calédonie, la majorité de la population kanak relève du statut civil coutumier (organisation traditionnelle, ndlr) et non du code civil français. "Une femme mariée coutumièrement ne peut pas divorcer. La dissolution du mariage ne peut se faire qu'avec le consentement des clans et ça peut durer une éternité", explique Valentine Holle, présidente du conseil des femmes de la province sud.
De même en matière de dommages et intérêts, la juridiction pénale devait systématiquement jusqu'en 2013 renvoyer la décision à la juridiction civile statuant avec des assesseurs coutumiers, obligeant les femmes kanak à entamer une nouvelle procédure. "Bien souvent, elles abandonnaient. Il leur fallait reprendre un avocat et s'expliquer devant des assesseurs masculins. Depuis 2013, tout se règle une fois le jugement prononcé", se félicite Valentine Holle.
Insuffisance des politiques publiques
Malgré l'ampleur des violences conjugales en Nouvelle-Calédonie, le sujet est insuffisamment pris en compte dans les politiques publiques. Dans les provinces du Nord et des Iles, à majorité kanak, il n'existe pas de foyer d'accueil, et en dehors des allocations familiales si elle a des enfants, une femme battue ne peut prétendre à aucune aide financière. Le RSA ne s'applique pas en Nouvelle-Calédonie.Présidente de la commission des droits de la femme au Congrès et figure de proue des luttes féministes, Nicole Robineau bataille pour la création d'un Cauva (centre d'accueil d'urgence des victimes d'agressions) au sein du centre hospitalier territorial. Au terme de nombreuses démarches, elle se félicite que le député Philippe Gomès (UDI Les Constructifs), ait récemment obtenu que l'Etat étende l'enquête nationale Virage (Violences et rapports de genre) à la Nouvelle-Calédonie, où la dernière étude sur le sujet remonte à près de 15 ans !