Visas Comores-France : les élus de Mayotte veulent une autre "feuille de route"

Interception d'une embarcation de clandestins au large de Mayotte
Les élus de Mayotte veulent que soit modifiée la "feuille de route" prévoyant la gratuité du visa entre les Comores et Mayotte, actuellement suspendue par le gouvernement, et "vont faire des propositions", ont-ils indiqué lundi à l'issue d'une réunion au Quai d'Orsay.
Les députés mahorais Mansour Kamardine (LR) et Ramlati Ali (LREM), les sénateurs Hassani Abdallah (DVG) et Thani Mohamed Soilihi (LREM), ainsi que le président du conseil départemental de Mayotte Soibahadine Ibrahim Ramadani ont été reçus lundi matin par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian à ce sujet.

Cette rencontre intervenait après un mouvement de colère au sein de la population mahoraise en septembre, provoquée par un récent accord franco-comorien portant notamment sur une gratuité des visas aux ressortissants des Comores à partir du 1er octobre.

"Lutter contre le trafic d'êtres humains"

Selon le Quai d'Orsay, il s'agissait ainsi de "lutter contre le trafic d'êtres humains, favoriser les mouvements légaux, tarir les passages illégaux et sécuriser les liaisons, aériennes comme maritimes". Mais les Mahorais y ont vu la porte ouverte à une immigration encore plus massive de Comoriens dans l'île.

Le gouvernement a finalement décidé fin septembre de "différer" la mise en place de cette "feuille de route". "Le ministre a cherché à nous convaincre que c'était fait dans notre intérêt. Globalement, nous sommes restés un peu sceptiques", a expliqué le député Mansour Kamardine, au nom de la délégation mahoraise. "En l'état, nous demandons la suppression de cette feuille de route. Il est inimaginable qu'on nous demande de reprendre quelque chose qui a été négocié dans notre dos, sans être associés", a-t-il expliqué.

"Arrêter une position commune"

Jean-Yves Le Drian "nous a réaffirmé que la feuille de route était suspendue jusqu'à nouvel ordre, le temps que nous nous mettions d'accord, et qu'à l'avenir, nous serions associés en amont à toutes les discussions", a ajouté M. Kamardine. Les élus mahorais vont "arrêter une position commune" et "faire des propositions", a-t-il précisé, déplorant notamment dans le texte actuel "la généralisation de l'octroi de visas de circulation pour les officiels comoriens, les opérateurs économiques et culturels et les responsables religieux". Selon les élus, il faut définir plus précisément qui pourrait être concerné.