Visite de Sébastien Lecornu en Guyane : « nous allons développer des filières économiques saines et durables. »

Sébastien Lecornu, nouveau ministre des Outre-mer
Le secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, sera en Guyane ce mardi 24 juillet et pour 4 jours. A son programme, la lutte contre l’orpaillage illégal et le développement des filières économiques dont les énergies renouvelables.
 
Le secrétaire d’Etat va effectuer son second déplacement officiel dans le département français d’Amérique du Sud auquel il s'intéresse tout particulièrement. L’ancien maire de Vernon dans l’Eure, où sont conçus les moteurs de la fusée européenne, assistera mercredi matin au quatrième lancement de l’année, celui d'Ariane 5 V244, depuis le Centre Spatial Guyanais à Kourou. Pendant son séjour, Sébastien Lecornu rencontrera notamment le président de la Collectivité Territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre. Ces quatre journées s’annoncent très intenses, la délégation ministérielle a notamment prévu des réunions de travail avec les responsables des filières économiques.

Le secrétaire d’Etat à la Transition écologique et solidaire a accordé une interview exclusive à France Ô et à l'Usine Nouvelle. Sébastien Lecornu précise les enjeux de son déplacement en Guyane.

Sur la question de l’orpaillage illégal et des moyens de lutte de l’Etat, quel est l’objectif de de votre déplacement sur le terrain en Guyane ?

Sébastien Lecornu : l’orpaillage illégal est un fléau absolument scandaleux puisque un certain nombre de personnes s’autorisent à piller les ressources naturelles qui appartiennent à la Guyane et à la France. Au-delà de tous les débats qu’il peut y avoir sur le développement d’une filière aurifère légal, la Montagne d’Or, mais également d’autres projets, le préalable absolu est la lutte contre l’orpaillage illégal. Je reviens en Guyane pour m’assurer de la mise en œuvre des engagements qu’a pris le président de la République à l’automne dernier : il a lancé Harpie 2 pour faire régresser l’orpaillage illégal.

Que s’est-il passé depuis le déplacement du président de la République en octobre dernier ?

L’Etat s’est réorganisé avec un commandement centralisé au niveau du préfet et des moyens d’interventions renforcés sur le terrain. Les douanes, la gendarmerie, les armées, mais aussi les fonctionnaires de mon ministère, la police de l’Environnement, travaillent maintenant ensemble. Leurs pouvoirs ont été renforcés, notamment leur capacité à détruire les matériels utilisés par les orpailleurs illégaux. Je ferai donc un point avec l’ensemble des équipes de l’Etat durant ces quatre jours. L’ensemble de ces moyens sont en cours de déploiement sur l’ensemble de la forêt guyanaise. Aujourd'hui, les pollutions des différents fleuves et rivières de Guyane sont essentiellement dues à l’orpaillage illégal. Au-delà du scandale environnemental, c’est l’Etat de droit que l’on doit rétablir.

Vous entendez aussi faire avancer les contrats de transition écologique, est ce qu’on peut demain en Guyane produire de l’électricité propre ?

L’ambition du président de la République, c’est de développer des filières économiques saines et durables en Guyane. L’énergie de demain est en plein essor et je viens en accélérer le développement. Un grand territoire dans lequel il y a autant de ressources naturelles ne peut pas se résoudre à produire son électricité à base de fioul, au moment où on accélère la mise en œuvre de l’accord de Paris et où le réchauffement climatique est un combat dans lequel nous nous sommes tous engagés. On ne comprendrait pas que dans tous les territoires ultramarins, en Guyane comme ailleurs, on ne tende pas vers un modèle énergétique propre et vert. J’inaugurerai la première centrale à biomasse de Guyane et nous mettrons sur les rails un contrat de transition écologique qui construira une filière de bois-énergie guyanaise.

Peut-on concilier transition écologique et lutte contre ce gâchis humain qu’est le chômage ?

Lorsque vous assurez l’électrification d’un village reculé avec une unité de production à base de solaire par exemple, une unité de stockage ou un réseau de distribution local, il y a forcément un besoin de maintenance et de compétences de proximité. Tout cela ne vient pas de Paris ! Le modèle énergétique guyanais doit être un modèle de proximité décentralisé. Un modèle qui permet de réintroduire de l’emploi au plus proche des territoires. C’est là encore une vraie opportunité de développement économique.

La Guyane attend aussi le développement de l’emploi dans la filière aurifère. Un projet minier focalise toutes les attentions, pourtant il n'y a pas que Montagne d'Or en Guyane...

Je ne suis pas là donner des bons points ou des mauvais points, il y a eu un débat public important, nous attendons les résultats. L’avenir de l’or en Guyane suscite beaucoup d’intérêt. Il y a déjà une filière aurifère légale qui existe, qui doit être exemplaire et que je rencontrerai à nouveau lors de mon déplacement en Guyane. J’entends donc aller aussi bien à la rencontre des associations de protection de la nature, que de la filière qui se structure progressivement et doit être exemplaire sur le plan environnemental, social et économique, mais aussi des élus. C’est le sens de ce que m’a demandé Nicolas Hulot : écouter tous les acteurs.

Est-ce que l’Etat entend accompagner cette restructuration de la filière aurifère en Guyane ?

Par définition, toutes les filières économiques doivent être développées, comme l’a expliqué Emmanuel Macron quand il avait lancé les assises de l’Outre-mer à Cayenne. Au-delà de la seule filière de l’or que nous voulons effectivement structurer, le travail que nous lançons porte sur la production d’énergie à partir du bois. Il y a également des opportunités dans les domaines liés à l’océan. Mon déplacement sera ainsi l’occasion de réunir tous ces comités de filière qui doivent concourir au développement économique guyanais.