Décasés. L’ordinateur soulignera ce mot comme n’existant pas. Vous ne le trouverez pas non plus dans le dictionnaire. Pourtant, y a-t-il concept plus parlant que ce mot décasés ? En particulier quand il s’agit de Mayotte. Djodjo Kazadi chorégraphie et met en scène ces Murmures des décasés à l’image de ces paroles à peine prononcées, à peine audibles émises par des femmes et des hommes qui se retrouvent déplacés ou sans place fixe.
Dans ce spectacle-là, il est question de vie dans un cadre contraignant. Et les corps dansent, se contorsionnent et se plient en raison de ces contraintes. Un peu comme si tout ce qui empêchait Mayotte de grandir et d’évoluer ainsi que ceux qui ont choisi d’y vivre, se traduisait par ces mouvements de danses saccadés, parfois proches de la transe. Se côtoient aussi les notions de terre natale, de terre promise, d’exil, de retour difficile ou bien de voyage complexe à travers soi-même…
À Mayotte, visiblement, faire coïncider culture, traditions, religion, modernité et mode de vie imposé par l’extérieur n’est pas une mince affaire. Les corps des danseurs-acteurs, empêtrés et empêchés que déploie Djodjo Kazadi sur la scène toute feutrée et ornée de tissus traditionnels, le montrent tout au long de la pièce. Ouvrons les yeux vers le monde de ces décasés, il s’y murmure bien des vérités…
"Murmures des décasés" de Djodjo Kazadi, dans le TOMA 2022 à la Chapelle du Verbe Incarné jusqu'au 30 juillet 2022.