Damien Seguin sur son monocoque Groupe Apicil a pris le départ à 14 h 20 de cette 9e édition du Vendée Globe. Comme à son habitude en mer, il est parti très vite devant, surprenant les favoris, toujours à fond. Outre-mer la Première l'a rencontré juste avant le départ ce matin, sur les pontons.
Damien toute cette ambiance particulière, ça a du te changer de tes départs de la Route du Rhum et de l’ambiance festive de Saint-Malo ?
C’est vrai que c’était particulier, c’est la première fois qu’on a vécu ça en tant que skipper en étant confinés avant le départ d’une course.
Dire qu’il y a eu moins de pression je ne sais pas, c‘est vrai qu’on a ressenti cela d’une manière différente sans public, mais en même temps c’est quelque chose qui nous a manqué. Je me suis toujours nourri des encouragements des gens et des rencontres, notamment à Saint-Malo.
Juste avant le départ on était déjà dans nos fichiers météo et la pression de la course hier soir était bien là. On sait que ça ne va pas être simple dès la première semaine, il va de toute façon être temps de partir dans quelques heures.
Trop être dans sa coquille était-ce préjudiciable ou nécessaire ?
C’était un confinement particulier, nous on le savait depuis longtemps et on s’était préparé à cela. C’était quand même une nouveauté avec des conséquences sur la qualité de la préparation. En temps normal, on reste trois semaines sur le bateau avant le départ d’une grande course. Là il a fallu me confiner et laisser la main complète à toute mon équipe technique. J’ai une confiance totale en eux, et ça s’est bien passé.
C’est évident, même sur les pontons où nous allons passer en quatrième vitesse. En plus j’ai dû dire au revoir à mes enfants avant de me confiner. Il n’y aura pas d’au revoir à ce moment-là. Ma femme Tifenn sera quand même là. Mais je me faisais une joie de descendre le chenal des Sables d’Olonne. J’ai en tête les images d’il y a 4 ans ou 8 ans avec ce chenal noir de monde, avec une vraie ferveur et quelque chose d’hyper sympa à vivre. Ce n’est pas pour cela qu’il y aura moins d’émotion mais c’est certainement quelque chose qui va nous manquer. Ce sera plus intime peut-être.
Je me sens bien, la journée d’hier était plus compliquée que ce matin, mais c’est ce qu’on vient chercher, ce sont des moments atypiques, on n'est pas nombreux à pouvoir vivre ces émotions (ndlr 33 marins sont au départ) mais il ne faut pas se cacher non plus. Ce sont des moments très particuliers, où il y a beaucoup de sentiments qui rentrent en collision : de la joie, de la tristesse, de l’émotion, de la crainte, ça ne porte pas vraiment de nom donc on appelle ça un Vendée Globe.
Cette Guadeloupe tu l’as avec toi dans ton cœur avant de prendre le départ car ils sont de milliers là-bas à t’encourager ?
On aura du bon vent de sud au départ ça va aller vite, mais ce sera plutôt un départ tranquille si on peut parler comme cela d’un départ de Vendée Globe. Les premières heures de course vont nous permette de nous remettre des émotions du départ, pour nous mettre dans la course, et enfin de rentrer dans le dur.
La première nuit va être déjà intense, et puis mardi soir aussi avec le deuxième front qu’on va passer.
Mais on fera le point après la première semaine, pas simple à gérer car il y a une grosse dépression qui va s’installer dans l’ouest. Du coup, le contournement de l’Espagne et du Portugal se fera dans des conditions un peu atypiques car nous n'avons pas l’habitude de le faire avec des dépressions. Il faudra s’adapter et c’est un avant-goût de ce que nous pourrons avoir un peu plus au sud. On est au mois de novembre ne l’oublions pas.
Après les prévisions vont nous faire descendre très vite vers l’Equateur en un peu plus de dix jours. Ca promet déjà une belle bagarre.