Le recours à un vol privé à 350.000 euros entre Tokyo et Paris pour ramener le Premier ministre Edouard Philippe et la délégation partie avec lui en Nouvelle-Calédonie, divise les éditorialistes entre ceux qui fustigent le "principe d'indignation" et ceux qui prônent la rigueur scandinave.
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Comme Le Parisien, Le Figaro annonce Edouard Philippe "en zone de turbulences" alors que son éditorialiste Guillaume Tabard regrette "un désolant principe d'indignation".
" Quand l'opinion attend du sang et des larmes de ses dirigeants, que faire lorsque naît le soupçon de confort ?", demande Cécile Cornudet des Echos qui a vu en 2017 "l'avènement de la politique maso". Dans L'Union, Sébastien Lacroix fait les comptes: "divisée en nombre de jours de Smic, de rognures d'APL, de tranches de saucisson ou de tickets de métro, 350.000 euros, c'est même énorme", avant de relativiser: "350.000 euros, c'est tout juste 2,18 minutes d'augmentation de la dette de notre beau pays, ou 8 heures d'opération Sentinelle."
Dans la nuit du 5 au 6 décembre, lors d'une escale technique à Tokyo d'un A340 de l'armée de l'air qui le ramenait avec plusieurs ministres et une soixantaine de personnes en métropole, le Premier ministre et une large partie des passagers ont embarqué dans un autre A340 aux sièges de première classe, loué par Matignon à une entreprise privée pour 350.000 euros.
"Sans doute Edouard Philippe ne sait-il pas que dans certains pays, en particulier scandinaves, certains présidents voyagent en toute simplicité sur des vols commerciaux", s'agace Jean-Michel Servant du Midi Libre qui doute que "l'intéressé et ses successeurs retiendront la leçon de ce vol +en bassesse-classe+".
Hubert Coudurier du Télégramme déplore que ce couac "démontre que les dirigeants français sont encore loin de la simplicité des moeurs scandinaves." "Le personnel politique a trop souvent le goût et l'habitude des palais de notre +monarchie républicaine+", assène Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées). Et d'insister:
Dans L'Est Républicain, Philippe Marcacci résume un sentiment largement partagé par ses confrères, selon lui "la polémique ne peut que conforter l'opinion publique dans une conviction: les politiques français sont incapables de renoncer aux ors du pouvoir et aux avantages que leur confèrent le suffrage des citoyens et, plus encore, les deniers des contribuables."
"Il est plus important de savoir si le voyage d'Édouard Philippe en Nouvelle-Calédonie a fait avancer ou non ce dossier délicat que de savoir s'il aurait pu prendre un autre vol", estime l'éditorialiste du Figaro qui regrette "un intégrisme de la transparence dont l'effet pervers est de transformer l'électeur en procureur."
Relativiser ?
" Quand l'opinion attend du sang et des larmes de ses dirigeants, que faire lorsque naît le soupçon de confort ?", demande Cécile Cornudet des Echos qui a vu en 2017 "l'avènement de la politique maso". Dans L'Union, Sébastien Lacroix fait les comptes: "divisée en nombre de jours de Smic, de rognures d'APL, de tranches de saucisson ou de tickets de métro, 350.000 euros, c'est même énorme", avant de relativiser: "350.000 euros, c'est tout juste 2,18 minutes d'augmentation de la dette de notre beau pays, ou 8 heures d'opération Sentinelle."Une défense "confuse" ?
"Cette facture-là dépasse la question des capacités financières de l'État", affirme Didier Rose (Les Dernières Nouvelles d'Alsace) en rappelant que les temps ont changé: "se prétendre vertueux depuis des fauteuils de première classe, ça ne marche plus". "Quand un avion repart à vide ou presque, sous prétexte qu'il est moins confortable et/ou moins rapide de deux heures, l'excuse de l'efficacité tombe vite à l'eau", juge Maurice Bontinck de La Charente Libre qui semble trouver la défense de Matignon "confuse" comme le titre Libération.Dans la nuit du 5 au 6 décembre, lors d'une escale technique à Tokyo d'un A340 de l'armée de l'air qui le ramenait avec plusieurs ministres et une soixantaine de personnes en métropole, le Premier ministre et une large partie des passagers ont embarqué dans un autre A340 aux sièges de première classe, loué par Matignon à une entreprise privée pour 350.000 euros.
Suivre l'exemple scandinave
"Sans doute Edouard Philippe ne sait-il pas que dans certains pays, en particulier scandinaves, certains présidents voyagent en toute simplicité sur des vols commerciaux", s'agace Jean-Michel Servant du Midi Libre qui doute que "l'intéressé et ses successeurs retiendront la leçon de ce vol +en bassesse-classe+".Hubert Coudurier du Télégramme déplore que ce couac "démontre que les dirigeants français sont encore loin de la simplicité des moeurs scandinaves." "Le personnel politique a trop souvent le goût et l'habitude des palais de notre +monarchie républicaine+", assène Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées). Et d'insister:
"Eux qui ne ratent jamais une occasion pour prendre l'Allemagne ou les pays nordiques en exemple, devraient sur ces sujets s'en inspirer un peu plus!"
Dans L'Est Républicain, Philippe Marcacci résume un sentiment largement partagé par ses confrères, selon lui "la polémique ne peut que conforter l'opinion publique dans une conviction: les politiques français sont incapables de renoncer aux ors du pouvoir et aux avantages que leur confèrent le suffrage des citoyens et, plus encore, les deniers des contribuables."