Une très grande mine de nickel en bord de mer, une usine et un port intégré. En 2020, le complexe industriel de Weda Bay en Indonésie sera une réalité. Un partenariat franco-chinois où Eramet est associé au géant mondial de l'acier. Tsingshan finance l'ensemble du projet qui avance...
Le futur complexe industriel de Weda Bay, dans l'archipel des Moluques en Indonésie, est la réponse d'Eramet à la nécessité de gagner en taille, face à des concurrents anglo-saxons qui ont depuis longtemps diversifié leurs implantations de nickel dans de nombreux pays. "Le constat, c’est que le groupe Eramet doit croître et qu’il doit se préparer à tous les scénarios. Weda Bay, c’est une diversification très intéressante qui va permettre d’augmenter la production de nickel du groupe, c’est de la bonne gestion de portefeuille" précise un analyste parisien sous couvert d’anonymat.
Un projet qui avance
A l’occasion de ses résultats trimestriels, Eramet a apporté des précisions sur lle projet : "En Indonésie, la construction de l’usine de production de fontes de nickel (NPI) en vue de la valorisation du gisement géant de Weda Bay, est en avance sur le calendrier initial. La production devrait débuter au cours du 2ème trimestre 2020" a précisé Eramet, à l’occasion de la publication de ses résultats semestriels.
Weda Bay a été acquis par Eramet en 2006. À l’époque, les réserves minières du site indonésien étaient estimées à 4 millions de tonnes. Le gisement possède aujourd’hui des réserves mesurées, estimées à près de 10 millions de tonnes de nickel. Jacques Baccardat, qui était alors PDG d’Eramet, se souvient : "il fallait préparer l’avenir et trouver un massif minier qui nous apporte une ressource intéressante, abondante. Nous avons trouvé Weda Bay et en poursuivant les sondages on a trouvé beaucoup plus de nickel que prévu. C’est un gisement fabuleux." Weda Bay est donc une réponse concrète apportée à la volonté de croissance du groupe minier et métallurgique, notamment dans les produits du nickel nécessaires à l'électrification du monde avec les batteries des voitures électriques.
Pour Eramet, la croissance est une nécessité dans un monde des matières premières dominé par de puissantes multinationales comme Glencore, Vale, Norilsk ou BHP. Eramet pousse ses feux dans le manganèse, le nickel et désormais le lithium, les sables minéralisés, le recyclage du titane, des métaux de l'industrie et de la transition énergétique. Encore fallait-il trouver un partenaire capitalistique pour développer Weda Bay, un complexe industriel comportant une grande mine de nickel riche en minerai de latérite, mais aussi en garniérite. Trouver un industriel capable de financer un projet estimé à plus de 300 millions d’euros était, en Indonésie, la condition indispensable à sa réalisation.
Ce fut Tsingshan
Pas simple, on l’imagine, de négocier avec le premier producteur mondial d’acier inoxydable, surtout quand il apporte l'argent. Il a fallu notamment concilier la logique du "tout production", du groupe chinois, son désir d'être toujours le premier, le "market maker " qui fait le marché de l'acier inoxydable - avec le respect de normes sociales et environnementales que met en avant le groupe présidé par Christel Bories. Autrement dit, Eramet et Tsingshan ont dû se mettre d’accord sur tous les aspects du projet. Depuis 2018, la construction de l’usine avance. En 2020, la gestion de la production de nickel sera l’affaire du chinois, l’exploitation minière, sensible pour l'environnement, sera de la responsabilité du français.
Partenaire majoritaire
De source proche du dossier, on indique qu’Eramet pourra choisir de commercialiser ou de vendre à Tsingshan sa part de la production totale, soit 43 % des 30.000 tonnes de nickel. L'usine métallurgique de Weda bay livrera un produit, un alliage fer-nickel à faible teneur (8 à 12 %) particulièrement demandé pour certaines séries d’acier. Chacun des partenaires pourra donc commercialiser, comme il l’entend, sa part de production au sein de la société commune Strand Minerals Pte Ltd. Dans sa dernière note d'analyse sur Eramet, la banque franco-allemande Oddo précise : " L’intérêt de ce projet réside dans le fait qu’il n’aura rien coûté à Eramet, car le chinois Tsingshan a pris en charge l’intégralité du coût de la construction ; Eramet se limitant à apporter son gisement. Weda Bay serait dans le 2nd quartile de la courbe des coûts. Nous calculons une valorisation par action."
Seconde usine ?
Eramet et Tsingshan envisagent aussi la construction d’une seconde usine pour produire du nickel et du cobalt par hydrométallurgie. Des discussions sont en cours. Le métal pur sera destiné aux industriels asiatiques des véhicules électriques. Eramet maîtrise le procédé et Tsingshan se positionne ainsi sur les métaux de la transition énergétique.
Le géant chinois de l’acier a réussi à investir en dehors de ses terres. En Indonésie, il se transforme en groupe métallurgique, en producteur de nickel et peut bénéficier de l’expertise d’Eramet auquel il apporte sa connaissance du pays et des débouchés assurés en Chine. Weda Bay Nickel est un partenariat capitalistique et un accord commercial entre deux industriels qui se connaissent bien.
Un projet qui avance
A l’occasion de ses résultats trimestriels, Eramet a apporté des précisions sur lle projet : "En Indonésie, la construction de l’usine de production de fontes de nickel (NPI) en vue de la valorisation du gisement géant de Weda Bay, est en avance sur le calendrier initial. La production devrait débuter au cours du 2ème trimestre 2020" a précisé Eramet, à l’occasion de la publication de ses résultats semestriels.
Weda Bay a été acquis par Eramet en 2006. À l’époque, les réserves minières du site indonésien étaient estimées à 4 millions de tonnes. Le gisement possède aujourd’hui des réserves mesurées, estimées à près de 10 millions de tonnes de nickel. Jacques Baccardat, qui était alors PDG d’Eramet, se souvient : "il fallait préparer l’avenir et trouver un massif minier qui nous apporte une ressource intéressante, abondante. Nous avons trouvé Weda Bay et en poursuivant les sondages on a trouvé beaucoup plus de nickel que prévu. C’est un gisement fabuleux." Weda Bay est donc une réponse concrète apportée à la volonté de croissance du groupe minier et métallurgique, notamment dans les produits du nickel nécessaires à l'électrification du monde avec les batteries des voitures électriques.
Face aux concurrentsL’Indonésie est un lieu stratégique pour le nickel, mais Weda Bay n’est pas une alternative à la SLN, pour Eramet c’est une diversification intéressante avec un de leur client. L’enjeu est de rentabiliser toute la filière nickel si essentielle à l’acier inoxydable et à la transition énergétique. Le nickel est un métal central, faire un accord avec un géant chinois comme Tsingshan c’est parfaitement sensé, surtout que c'est lui qui finance le projet.
Jean-François Lambert, expert en financement du marché des matières premières
Pour Eramet, la croissance est une nécessité dans un monde des matières premières dominé par de puissantes multinationales comme Glencore, Vale, Norilsk ou BHP. Eramet pousse ses feux dans le manganèse, le nickel et désormais le lithium, les sables minéralisés, le recyclage du titane, des métaux de l'industrie et de la transition énergétique. Encore fallait-il trouver un partenaire capitalistique pour développer Weda Bay, un complexe industriel comportant une grande mine de nickel riche en minerai de latérite, mais aussi en garniérite. Trouver un industriel capable de financer un projet estimé à plus de 300 millions d’euros était, en Indonésie, la condition indispensable à sa réalisation.
Ce fut Tsingshan
Pas simple, on l’imagine, de négocier avec le premier producteur mondial d’acier inoxydable, surtout quand il apporte l'argent. Il a fallu notamment concilier la logique du "tout production", du groupe chinois, son désir d'être toujours le premier, le "market maker " qui fait le marché de l'acier inoxydable - avec le respect de normes sociales et environnementales que met en avant le groupe présidé par Christel Bories. Autrement dit, Eramet et Tsingshan ont dû se mettre d’accord sur tous les aspects du projet. Depuis 2018, la construction de l’usine avance. En 2020, la gestion de la production de nickel sera l’affaire du chinois, l’exploitation minière, sensible pour l'environnement, sera de la responsabilité du français.
Partenaire majoritaire
De source proche du dossier, on indique qu’Eramet pourra choisir de commercialiser ou de vendre à Tsingshan sa part de la production totale, soit 43 % des 30.000 tonnes de nickel. L'usine métallurgique de Weda bay livrera un produit, un alliage fer-nickel à faible teneur (8 à 12 %) particulièrement demandé pour certaines séries d’acier. Chacun des partenaires pourra donc commercialiser, comme il l’entend, sa part de production au sein de la société commune Strand Minerals Pte Ltd. Dans sa dernière note d'analyse sur Eramet, la banque franco-allemande Oddo précise : " L’intérêt de ce projet réside dans le fait qu’il n’aura rien coûté à Eramet, car le chinois Tsingshan a pris en charge l’intégralité du coût de la construction ; Eramet se limitant à apporter son gisement. Weda Bay serait dans le 2nd quartile de la courbe des coûts. Nous calculons une valorisation par action."
Seconde usine ?
Eramet et Tsingshan envisagent aussi la construction d’une seconde usine pour produire du nickel et du cobalt par hydrométallurgie. Des discussions sont en cours. Le métal pur sera destiné aux industriels asiatiques des véhicules électriques. Eramet maîtrise le procédé et Tsingshan se positionne ainsi sur les métaux de la transition énergétique.
Le géant chinois de l’acier a réussi à investir en dehors de ses terres. En Indonésie, il se transforme en groupe métallurgique, en producteur de nickel et peut bénéficier de l’expertise d’Eramet auquel il apporte sa connaissance du pays et des débouchés assurés en Chine. Weda Bay Nickel est un partenariat capitalistique et un accord commercial entre deux industriels qui se connaissent bien.