Il n'est pas le basketteur le plus connu de sa génération, pourtant Yannis Morin n’a rien à envier aux autres. Joueur robuste et puissant, l’intérieur de la Chorale Roanne Basket est un homme nouveau depuis ce début de saison. "Par le passé, je n’étais pas assez régulier. Je me suis remis en question, je travaille beaucoup plus et je pense qu’aujourd’hui ça porte ses fruits".
Retenu pour la seconde fois dans la Team France pour les All Star Game du championnat français en tant que remplaçant – il y avait déjà participé en 2021 –, le Martiniquais veut s'en servir comme d'un tremplin. "Les All Star Game, c'est une confirmation, une vraie récompense pour mon travail. Je ne pense pas m'arrêter à ça, beaucoup de personnes ont des attentes autour de moi."
Natif de Fort-de-France en Martinique, Yannis Morin a grandi dans une famille de basketteur. "Mon père a joué à un bon niveau dans sa jeunesse. Il a connu la deuxième division française avec le JSA de Bordeaux. Mes frères ont aussi suivi ses pas ". Yannis, de son côté, va déclarer sa flamme au ballon orange grâce à l’influence américaine. "J’ai été bercé par les plus grands de la NBA, Kobe Bryan ou encore Michael Jordan". Il prendra sa première licence à la fin des années 90 au Golden Lion de Saint-Joseph, sur son île natale.
"La carrière de basketteur ne s’arrête pas à la NBA"
En 2009, il débarque au centre fédéral du basket français. Après ce passage dans la pépinière de la balle hexagonale, le Martiniquais va évoluer quelque temps du côté de Cholet, puis à l’ASC Denain-Voltaire et au STB le Havre. En 2017, il tente l’aventure américaine. Le Martiniquais participe à la Summer League de la NBA – camp d’entraînement organisé durant l’été par les équipes du championnat américain – avec les Oklahoma Thunder. "J’ai côtoyé des stars. À l’époque, le meilleur joueur de la ligue, Russell Westbrook, était dans l’équipe. Ça restera l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière. C’était quelque chose de magique", déclare-t-il. Faute d'être retenu par la franchise, il retourne en France sans regret.
Je n'ai pas vécu ça comme un échec. J’ai tout essayé, j’étais à la porte de la NBA. Bien sûr, si j’avais travaillé plus quand j’étais plus jeune et si j’avais atteint la maturité assez tôt, j’aurais eu de meilleures armes entre mes mains. Mais la carrière d'un basketteur ne s'arrête pas à la NBA.
Yannis Morin
De retour dans le championnat français, le Martiniquais passe successivement dans plusieurs équipes : Le Mans, Nanterre, Châlons-Reims et Strasbourg avant de poser ses valises à la Chorale Roanne Basket lors de la saison 2022-2023. Irrégulier par le passé, Yannis a su corriger le tir pour s’imposer comme l’un des meilleurs intérieurs de la Pro A. "Je l’ai vu jouer quelques fois cette saison, et il m’impressionne, avoue Jimmy Begarin, entraîneur de l’équipe des jeunes l’ES Pornichet et observateur avisé du championnat de France de Pro A. Il n’arrête pas d’évoluer de match en match. C’est un joueur qui a beaucoup évolué depuis la Pro B", juge-t-il.
L'équipe de France comme objectif
Yannis Morin n'a pas connu une trajectoire linéaire. Après avoir échoué à entrer en NBA, le Martiniquais a eu aussi du mal à s'imposer dans les divers clubs où il est passé. Son "manque de régularité" l'a freiné dans son ascension. "Je faisais de bons matchs, mais sur la durée, je n'ai pas été assez constant et ça a fait pencher la balance", estime-t-il. En équipe de France, ce manque de continuité a aussi pu lui jouer des tours face à d'autres à son poste (il évolue au même poste que son ami, le Guadeloupéen Ruddy Gobert). "J’espère un jour prouver que j'ai le niveau pour être en concurrence avec eux pour un poste en équipe de France".
Pour l'instant, le Martiniquais n'a eu la chance de porter la tunique tricolore que dans les équipes de jeune."Ça reste tout de même une fierté, car tout le monde n'a pas la chance de porter le maillot de l'équipe de France. Je le vois aujourd'hui en étant professionnel."
À 30 ans, Yannis Morin n'en finit pas de rêver et croit encore à l'équipe de France. "Je ne lâcherai pas jusqu'à la fin de ma carrière." Réaliste ou utopiste, il ne se projette pas sur les Jeux de Paris 2024, mais s'imagine bien participer à ceux de Los Angeles (États-Unis) en 2028.