Le Rijksmuseum d’Amsterdam renomme des œuvres jugées offensantes

Ce tableau de Simon Maris, intitulé à l’origine « Jeune femme nègre » a été rebaptisé « Jeune fille à l’éventail ».
Le plus important musée des Pays-Bas, le Rijksmuseum à Amsterdam, s’est lancé dans une vaste entreprise : modifier les titres des œuvres d’art perçues comme racistes, sexistes ou offensantes. Explications. 
Le Rijksmuseum d’Amsterdam, le plus grand musée des Pays-Bas, vient de prendre une mesure hautement symbolique. Cette institution a en effet commencé à renommer des milliers d’œuvres dans le cadre d’un projet intitulé « Ajustements au sujet des terminologies colonialistes ». Cette démarche a été approuvée par le comité de déontologie de la Communauté muséale mondiale.
 

Vingt-trois termes vont disparaître

L’objectif est de se débarrasser de titres et de commentaires jugés comme racistes, sexistes, discriminatoires et offensants. Au total, vingt-trois termes comme « nègre », « esquimau », « hottentot », « mahométan », « maure », « nain », ou « sauvage » vont disparaître des descriptions officielles du musée. Cependant, les titres originaux des œuvres, choisis par les collectionneurs dans la majorité des cas, seront conservés dans la base d’informations du Rijksmuseum. Lorsque les titres ont été donnés par l’artiste, ils seront visibles juste au dessous du nouveau titre si il y a eu changement.

« Le serviteur nègre » (tableau de Jan Mijtens, 1668) a été rebaptisé « Jeune serviteur noir ».
 

Environ 220.000 descriptions concernées 

A ce jour, 8.000 descriptions environ ont été changées. Au final, les modifications de titres vont concerner quelques 220.000 panneaux. Par exemple, le tableau de Simon Maris (photo à la Une), intitulé « Jeune femme nègre » a été rebaptisé « Jeune fille à l’éventail ». Le titre n’avait pas été choisi par le peintre, mais par un collectionneur.  
 
Le Rijksmuseum précise avoir pris cette mesure après de nombreuses plaintes de visiteurs, jugeant les titres de certaines œuvres racistes ou sexistes. Et l’institution se défend de céder à une quelconque idéologie du « politiquement correct ». Pour Martine Gosselink, directrice du département d'histoire du musée et responsable du projet, « autrefois, nous avions des mots offensants pour tout le monde. Les Africains, les Japonais, les Allemands... Nous nous sommes dit qu'en 2015, on ne s'adressait plus les uns aux autres sur ce ton-là ». « Rien qu'aux Pays-Bas, il y a un million de personnes issues des anciennes colonies ; du Surinam, des Antilles, d'Indonésie. Ne serait-ce que pour cette raison, il est important de procéder à ces modifications », a-t-elle ajouté.