Jovenel Moïse, "l'homme-banane" devenu président d'Haïti [BIOGRAPHIE]

Le candidat arrivé en tête de la présidentielle, Jovenel Moïse, après l’annonce des résultats.
Le président haïtien Jovenel Moïse, élu au terme d'un marathon électoral mouvementé, était inconnu du grand public au printemps 2015 lorsqu'il est apparu sur la scène politique, après une fructueuse carrière d'entrepreneur notamment dans la banane. Sa dernière bananeraie est la plus vaste du pays. 
A 48 ans, Jovenel Moïse, père de deux enfants, accède aux plus hautes fonctions dans ce pays extrêmement pauvre des Caraïbes. Issu d'une famille modeste, un père mécanicien et agriculteur, une mère couturière et commerçante, ce natif de Trou du Nord, dans le département du Nord-Est, poursuit des études jusqu'à la Faculté des sciences de l'éducation à l'université haïtienne Quisqueya.
 

Militant de l'agriculture

Sa famille s'était installée dans la capitale Port-au-Prince en 1974. En 1996, tout jeune marié avec sa camarade de classe Martine, il retourne dans son département natal avec un rêve: refaire de Haïti une contrée "essentiellement agricole" en développant l'arrière-pays.


"Nèg Bannan nan"

Selon la biographie disponible sur son site internet, il crée alors grâce à des fonds de capital-investissement un commerce de pièces détachées automobiles, toujours en activité, et une première plantation de bananes de 10 hectares. Sa dernière bananeraie biologique est la plus vaste du pays (près de 1.000 hectares). D'où son surnom après son entrée en lice dans la course à la présidence: "Nèg Bannan nan", soit "l'homme-banane" en créole.

 

Sensibilisé à l'importance de l'eau potable, il noue un partenariat avec le spécialiste Culligan et ouvre en 2001 une usine de distribution dans les régions du Nord-Est et du Nord-Ouest. Puis il s'intéresse à l'électrification régionale, créant en 2008 avec des associés une société ad hoc.
 

Zone franche

En 2012, il lance la première zone franche agricole d'Haïti, et y installe sa société Agritrans pour laquelle il a décroché un prêt participatif de six millions de dollars auprès du gouvernement de son prédécesseur Michel Martelly. D'après le site de M. Moïse, ce dispositif a permis de développer des dizaines de projets agricoles et "de créer près de 3.000 emplois directs et 10.000 emplois indirects".
 

Minorité aisée

Son entrée fracassante en politique, c'est d'ailleurs à M. Martelly qu'il la doit : le président sortant qui ne pouvait briguer un second mandat le choisit au printemps 2015 pour représenter son parti Tet Kale (PHTK), avec l'objectif d'assurer sa succession. Débute alors une campagne électorale très active, notamment sur les réseaux sociaux encore sous-exploités par la classe politique traditionnelle. Mais il est loin d'avoir le charisme de son mentor.
 
Fin août 2016, Jovenel Moïse a été accusé de corruption et de blanchiment d'avoirs par l'unité centrale de renseignements financiers, administration haïtienne indépendante.