Même cachées au coeur de la forêt guyanaise, les fourmis subissent la pollution aux phtalates

Des chercheurs ont trouvé des phtalates, ces composés chimiques associés notamment aux matières plastiques, chez des fourmis de la forêt guyanaise. Leur présence dans un endroit aussi éloigné de toute activité humaine révèle l'impossibilité pour les humains d'échapper à leur exposition.
C'est le résultat de deux ans d'études. Une équipe de chercheurs du CNRS a révélé la présence de phtalates dans l'organisme de fourmis prélevées à la station des Nouragues, un centre d'étude du CNRS sur la biodiversité amazonienne situé en Guyane.
 

Toute la faune est exposée

Située à 150 kilomètres de Cayenne, au cœur de la forêt, cette réserve naturelle a pour particularité d'être très éloignée de toute activité humaine. Pourtant, comme en attestent les résultats des recherches des deux chercheurs du CNRS Virginie Hot Cuvillier-Hot et Alain Lenoir, la faune n'y est pas préservée de la contamination aux phtalates.

"Les fourmis prélevées à proximité des zone urbaines ont révélé d'avantages de phtalates, assure Alain Lenoir, joint par la1ere.fr. Mais ces molécules sont volatiles et s'attachent notamment aux particules fines, c'est ce qui explique qu'on les retrouve jusqu'au cœur de la forêt".
Et si les insectes de l'Amazonie sont contaminés, c'est donc que l'ensemble de la faune l'est également et surtout que l'Homme, où qu'il se trouve sur la planète, ne peut donc y échapper. "Je m'attendais un peu à ces résultats car les précédentes recherches que j'ai effectuées, notamment dans les forêts de l'Atlas marocain montraient des résultats similaires".
 

Des effets nocifs

Les chercheurs ont noté des incidences sur la fertilité des fourmis, l'exposition augmente également leur stress. "Elles agissent comme si elles sont exposées à des microbes". Chez les humains, même à  très faible dose, les phtalates peuvent avoir des effets graves sur la santé. Leur exposition peut favoriser les grossesses à risque, les problèmes de fertilité, les allergies ou encore la puberté précoce.

Des recommandations, mais aucune réglementation

Dans l'industrie, les phtalates sont ajoutés au plastique afin de lui enlever sa rigidité et de le rendre plus résistant. Mais "ils ne sont pas liés fortement aux plastiques, et ils s'en séparent facilement. Lorsque le plastique est chauffé notamment ", explique Alain Lenoir.
C'est pourquoi de nombreux scientifiques recommandent, entre autres, d'éviter de chauffer les contenants en plastique au micro-onde. Aujourd'hui, la réglementation n'encadre pas leur utilisation et on retrouve ces perturbateurs endocriniens  dans de nombreux jouets et objets de puériculture.
 
" Des phtalates alternatifs sont étudiés mais rien ne permet encore d'affirmer qu'ils ne sont pas nocifs. Il faudrait au moins une réglementation qui interdirait leur présence dans les jouets en plastique pour les enfants, qui les portent souvent à la bouche, ou limiterait leur quantité dans les plastiques poursuit Alain Lenoir. Cela permettrait d'avancer un peu".