Outre-mer : six enseignements à retenir du premier tour de la présidentielle [SYNTHESE]

Forte abstention, percée de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, relatif échec d'Emmanuel Macron, déroute du parti socialiste et fortunes diverses pour les figures politiques des Outre-mer : les six enseignements de ce premier tour de la présidentielle.

1. La forte abstention


Si au niveau national, l'abstention s'élève à 21,3%, Outre-mer elle atteint 53%. Sur 1,8 millions d'électeurs inscrits Outre-mer, 994.000 ne se sont pas déplacés. L'abstention est sans aucun doute le premier parti dans les Outre-mer. Les causes sont multiples : traditionnellement, l'abstention est forte Outre-mer pour le scrutin présidentiel. Les électeurs ultramarins se mobilisent davantage pour les scrutins "de proximité" : élections municipales, régionales, départementales. Ce fort taux d'abstention démontre également que le choix de faire voter certains départements ou territoires le samedi en raison du décalage horaire, ne mobilise pas les électeurs. 

2.La percée de Marine Le Pen

résultats Outre-mer en nombre de voix
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C'est numériquement incontestable : Marine Le Pen arrive en tête dans la totalisation des voix des Outre-mer. La candidate du Front National réalise une véritable percée. Elle augmente partout son score du premier tour de 2012 et elle pulvérise les scores obtenus par son père, Jean-Marie Le Pen, au premier tour de 2002.
Evolution 2012/2017 du score de Marine Le Pen dans les Outre-mer
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3. La percée de Mélenchon


Jean-Luc Mélenchon, s'il ne termine que quatrième au niveau national, remporte un vrai succès dans les Outre-mer. Il arrive en tête en Guyane (24,7%), en Martinique (27,4%), à La Réunion (24,5%) et à Saint-Pierre et Miquelon (35,4%). Il bénéficiait pourtant de peu de soutien parmi les figures politiques des Outre-mer. Le discours anti-système du candidat de "La France Insoumise" a porté dans des départements et collectivités où les taux de chômage sont deux fois plus élevés que dans l'hexagone.

 

4. L'échec relatif d'Emmanuel Macron


S'il arrive en tête du premier tour au niveau national, Emmanuel Macron n'est que quatrième dans les Outre-mer, derrière Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et François Fillon. Il arrive en tête en Guadeloupe (30,2%) et à Wallis et Futuna (30,5%). 


5.La déroute du parti socialiste


Comme au plan national, le parti socialiste essuie une déroute dans les Outre-mer. Au premier tour de la présidentielle 2012, François Hollande avait recueilli 47,6% sur l'ensemble des Outre-mer. En 2017, Benoît Hamon est presque partout en dessous de la barre des 10% (à l'exception de Wallis et Futuna : 25,2% et de la Guadeloupe : 10%).


6. Fortunes diverses pour les figures politiques des Outre-mer

Les figures politiques locales des Outre-mer n'ont pas, loin s'en faut, été suivies dans leur choix par les électeurs. En Guadeloupe, Victorin Lurel avait appelé à soutenir Benoît Hamon, le candidat socialiste ne dépasse pas la barre des 10%. Même syndrome en Martinique où le candidat socialiste plafonne à 9,7% malgré le soutien du député Serge Letchimy.

En Guyane, le président de la Collectivité Territoriale Rodolphe Alexandre soutenait Emmanuel Macron, qui n'obtient que la troisième place localement (18,7%). Christiane Taubira a milité pour Benoît Hamon qui obtient 5,7% localement.

A La Réunion le socialiste Patrick Lebreton et la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts soutenaient Benoît Hamon qui recueille seulement 7,6% des suffrages. Emmanuel Macron n'obtient que 18,9% à La Réunion (troisième position) alors qu'il a bénéficié des soutiens du maire de Saint-Denis Gilbert Annette, des députés Monique Orphé, Thierry Robert et Jean-Claude Fruteau.  Didier Robert, président du conseil régional de La Réunion avait appelé à voter François Fillon qui n'obtient que 17,3% des voix (et termine localement en quatrième position), un résultat inférieur à son score national.
 
A Saint-Pierre et Miquelon, Annick Girardin, ministre de la Fonction publique, avait choisi de soutenir Emmanuel Macron. Il n'arrive qu'en troisième position avec 18%. 

A l'inverse, en Polynésie, Gaston Flosse a réussi une démonstration de force. Il a appelé à soutenir Marine Le Pen, qui recueille 32,5% (deuxième derrière François Fillon). Même réussite pour le président de Polynésie. Edouard Fritch avait appelé à soutenir François Fillon : le candidat LR arrive en tête sur le fenua avec 35,3%. Ary Chalus, président du conseil régional de Guadeloupe, qui soutenait Emmanuel Macron, peut également considérer qu'il a été entendu par les électeurs : le candidat En Marche termine en tête du premier tour avec 30,2% des suffrages exprimés.