La flambée des cours du nickel est bien finie. Philippe Chalmin a présenté son 30e rapport sur les matières premières. Pour le nickel, le marché serait même au bord de la déroute. Le rapport souligne un tassement de la demande, une bataille intense entre producteurs et une offre abondante.
Mercredi matin, à l’Automobile Club de France, place de La Concorde à Paris. Jour de gloire ou plutôt de fierté pour Philippe Chalmin. Le professeur d’histoire économique à l’université Dauphine présentait son 30e rapport Cyclope. Cette année, cette bible des matières premières faisait référence à Proust avec un sous-titre révélateur : "A la recherche des sommets perdus". Une allégorie pour évoquer l'état d'effondrement du cours des matières premières.
L’un des sous-titres consacrés au nickel dans l’édition 2016 porte ce titre révélateur « Pertes massives en Nouvelle-Calédonie ». On l’aura compris, les experts de Cyclope estiment que le marché du nickel est déprimé pour longtemps : « 200 producteurs mondiaux, la concurrence de la fonte de nickel chinoise, le recyclage de l’inox et la récupération du nickel, une demande insuffisante et une offre abondante, voilà le tableau, la situation en 2016 » précise Patrice Christmann du BRGM.
Dépendance mortifère
Dans la salle de réception parisienne, face à une cinquantaine de journalistes, le prof de Dauphine n’a pas mâché ses mots : « Soyons clair, plus jamais le nickel ne connaîtra les sommets de prix atteints dans la période 2006-2014, le métal sera soumis à une volatilité intense et des prix en montagne russe, avec des hauts et beaucoup de bas. » Philippe Chalmin a donc confirmé ce qu’il disait l’an dernier, à savoir que la flambée des cours du nickel était définitivement révolue et qu’il fallait en tirer les conséquences ou s’apprêter à souffrir, car la malédiction des matières premières reste une réalité et notamment calédonienne : « La Nouvelle-Calédonie a une dépendance au nickel qui est mortifère, comparable à celle du Venezuela vis-à-vis du pétrole, et ce pays est ruiné. Ceux qui continuent à croire que l’avenir est étroitement lié au nickel se trompent, c’est une illusion » martèle le coordinateur du rapport Cyclope. Philippe Chalmin exprime son point de vue dans l’interview exclusive que nous publions en bas de page. Une position qui n’est cependant pas partagée par d’autres experts comme Didier Julienne ou Nicolas Mazzucchi.La guerre des mines
Le tableau dressé par les 60 économistes du groupe Cyclope sur le nickel et les matières premières n’a probablement pas été aussi pessimiste depuis son origine il y a trente ans. « Objectivement, le marché du nickel est partagé entre des entreprises qui se livrent bataille, les unes pour survivre, les autres pour continuer à produire même à perte » lâche le spécialiste et historien des matières premières.L’un des sous-titres consacrés au nickel dans l’édition 2016 porte ce titre révélateur « Pertes massives en Nouvelle-Calédonie ». On l’aura compris, les experts de Cyclope estiment que le marché du nickel est déprimé pour longtemps : « 200 producteurs mondiaux, la concurrence de la fonte de nickel chinoise, le recyclage de l’inox et la récupération du nickel, une demande insuffisante et une offre abondante, voilà le tableau, la situation en 2016 » précise Patrice Christmann du BRGM.