La SLN calédonienne réduit ses pertes et affronte les défis du nickel

Métallurgiste Calédonien du Nickel dans l'usine de Doniambio
Le premier producteur mondial de ferronickel a enregistré une perte de 140 millions d’euros sur l’exercice 2016. L’alliage haut de gamme calédonien destiné à l’acier inoxydable subit les aléas des cours du nickel à la bourse des métaux de Londres.
La SLN calédonienne a produit 55.226 tonnes de nickel en 2016. Le produit ferronickel appelé SLN 25 est plébiscité par l’industrie mondiale de l’inox pour sa pureté et sa qualité. Il est le fer de lance du producteur calédonien. La revue spécialisée Nickel Monitor souligne, dans sa dernière édition, la progression annuelle de la production calédonienne de nickel. Elle est en hausse de près de 20 %, principalement en raison de la demande chinoise.

Les comptes de la SLN ont été publiés mercredi. L’amélioration est nette, visible, mais encore insuffisante. La SLN a réduit ses pertes de moitié par rapport à 2015. L’objectif d’économies et la baisse engagée des coûts de production se poursuivent avec intensité. Mais cette course contre la montre dépend largement de l'évolution des cours du métal à la bourse des métaux de Londres (LME). Or, le nickel est en baisse de près de 7 % sur un mois.

La bataille du nickel

La filiale nickel d’Eramet est engagée dans une bataille de compétitivité appelée « plan de performance SLN 2018 ». La société Le Nickel, son domaine minier et son usine métallurgique de Nouméa, vise un coût de production à 4,50 dollars US la livre de nickel fin 2017. Soit une nouvelle diminution de 25 % des coûts calédoniens.  

Une course à la rentabilité d’autant plus difficile pour la SLN que les cours du nickel ont fortement rechuté ces dernières semaines. Le cours actuel du nickel pur au LME est de 4 dollars la livre.Et c’est tout le paradoxe d’une usine calédonienne produisant un alliage spécifique et rare, mais un alliage dont le prix est indexé sur le cours d’un « autre nickel » côté à la bourse des métaux de Londres. Le métal de référence joue les montagnes russes au LME, et il est très loin des sommets...

La SLN n’a donc pas d’autre choix que de poursuivre ses efforts. L’entreprise dispose de nombreux atouts, son grand domaine minier, la valeur des métallurgistes et mineurs calédoniens, mais aussi, dans un contexte extrêmement concurrentiel, le soutien financier sans faille du groupe Eramet et de l’État français. La nouvelle centrale électrique au gaz naturel liquéfié devrait permettre de réduire à 4,20 dollars le coût du nickel produit à Doniambo. Encore un peu juste, sauf si les cours du nickel repartent à la hausse, ce qui est loin d'être impossible selon les analystes de la City.

Le soutien du manganèse

Cette bataille pour la performance est une question essentielle pour la SLN. La filiale calédonienne peut compter sur le soutien du groupe Eramet dont les résultats sont en nette amélioration. Autrement dit, les bons résultats de la filiale manganèse ont permis de soutenir la branche nickel. "Les mineurs gabonais viennent à la rescousse de leurs collègues calédoniens, le manganèse gabonais soutient le nickel calédonien" indique un expert.
Une situation qui n’est malgré tout pas tenable sur le long terme indiquait Cristel Bories dans l’interview exclusive accordée à Nouvelle-Calédonie 1ere. La nouvelle présidente du groupe Eramet veut une SLN « compétitive et profitable pour le Territoire », tout comme ses partenaires calédoniens. Mais cet objectif dépend, en grande partie, des cours du nickel à la bourse des métaux de Londres…