Le XV du Pacifique a fait du devoir de mémoire, une de ses raisons d'exister. Pour honorer la mémoire de ses anciens tombés pendant la seconde guerre mondiale, il effectue, 80 ans après une reconstitution du débarquement de Provence, sur la plage de Cavalaire-sur-mer.
Groupés dans un EDA.R (engin de débarquement amphibie rapide) du 519ème régiment du train d'Ollioules, drapeau historique de la 1ère Division Francaise Libre en main, casques d'époque sous le bras, cinquante soldats Polynésiens, Wallisiens et Calédoniens, venant de tous les régiments de France, foulent le sable Provencal et effectuent les mêmes gestes que leurs aînés qui avaient enfin touché leur graal.
Après trois ans de combats entre Bir-Hakeim, El Alamein, la Tripolitaine, la campagne de Tunisie, puis l'Italie avec les combats de Monte-Cassino ou du Garigliano, le Bataillon du Pacifique est prêt pour son dernier combat.
Devenu Bataillon d'Infanterie de Marine du Pacifique (BIMP) en 1942 après sa fusion avec le 1er régiment d'infanterie de marine suites aux nombreuses pertes en Lybie, il va retrouver sur les plages de Provence les soldats Guadeloupéens et Martiniquais des Bataillon de marche 1 et 5 des Antilles, ou encore les Saint-Pierrais engagés dans le 152ème régiment du génie.
Quand nos anciens sont venus combattre en France, beaucoup ont dit, je peux enfin mourir chez moi
Adjudant-Chef Kali, 40ème régiment de transmission, Thionville
Le débarquement en Provence est stratégiquement important dans cette deuxième guerre mondiale, qui vient de connaître quelques mois plus tôt celui en Normandie le 6 juin. Après Overlord, voici l'opération Dragoon, voulue par le premier ministre Anglais Winston Churchill.
Le Lieutenant-colonel Yvan Cadeau, officier historien au service historique de la défense à Vincennes, spécialiste de la seconde guerre mondiale, apporte quelques précisions historiques :
"Le but de cette opération est d'avoir deux débarquements quasi simultanés, pouvant s'appuyer l'un sur l'autre. Celui de Normandie se verrait faciliter les choses par un deuxième débarquement dans le sud de la France, pour retenir le maximum de forces Allemandes qui ne pourraient pas aider celles du front de Normandie."
250 000 soldats composent la 1ère armée commandée par le général de Lattre de Tassigny, ils viennent de tout l'empire colonial Francais, d'Afrique et d'Outre mer, mais aussi ce sont des soldats qui ont rallié les Forces Francaises Libre dès l'appel du général de Gaulle. Ainsi se mélangent dans ce qu'on appellera l'Armée B, Marocains, Tunisiens, Polynésiens, Tchadiens, Calédoniens
Tant au niveau de la direction des opérations, de la plannification, et de la préparation de ce débarquement, le commandement Francais joue sa crédibilité sur les plages de Provence avec cette armée B qui doit débarquer un jour après les Américains, le 16 août. Il faut montrer que la France de 1940, c'est terminé.
Géraud Létang, Docteur en histoire, coordinateur mission 80 ans de la Libération
880 navires Anglo-américains, 44 Francais, des troupes aéroportées Américaines vont constituer cette armada. Trois divisions Américaines vont débarquer le 15 août, puis l'armée B, vont poser le pied sur le sol de France avec l'objectif de libérer les ports de Toulon et de Marseilles, stratégiques pour la mer Méditerranée.
Parmi ses soldats, André Frioult, de Saint-Pierre-et-Miquelon, il appartient au 152ème régiment du Génie. Louis Kasni-Warti le Calédonien du 2ème contingent du Bataillon du Pacifique appartient au BIMP. Constant Colmay de Saint-Pierre et Miquelon, officier au sein du 1er Bataillon de Fusiliers Marins et son compagnon d'armes le Normand Paul Leterrier. Paul Leterrier est le dernier survivant de la bataille de Bir-Hakeim, à bientôt 103 ans une mémoire vivante qui vient de célébrer à Cherbourg avec le Président de la République les 80 ans de la libération de la ville du Cotentin.
Ils se sont engagés avec le même but, celui de libérer la France. Constant Colmay dans une lettre envoyée à sa famille évoque même l'idée de sa mort :
" Je serai heureux de mourir et fier de moi si le sort en décide ainsi. Que la belle France redevienne libre, c'est mon idéal."
Paul Leterrier se souvient d'un moment particulier de l'Histoire :
" Quand nous avons appris le débarquement en Normandie, nous étions à Rome et on était émus. On était contents nous aussi de participer à un autre débarquement, celui de Provence, on était contents d'y aller."