Cinq ans après "l’année des indépendances", et quelques mois après la réélection du Général de Gaulle, la Fédération internationale d’athlétisme sous la présidence de David George Brownlow Cecil marquis d’Exeter, se dote d'un règlement interdisant la participation des sportifs ultramarins à la Coupe d’Europe d’athlétisme
En 1965, les athlètes antillais et futuniens, Bambuck détenteur du record de France du 100 mètres, Sainte-Rose champion de France de saut en hauteur et Wakalina champion de France du lancer du javelot en 1966, ne sont pas sélectionnés pour participer à la Coupe d’Europe d’athlétisme. Le Guadeloupéen, le Martiniquais et le Futunien sont mis à l’écart de la compétition continentale. Ces trois sportifs français vivent en Outre-mer.
Le règlement de la Fédération Internationale d’Athlétisme imposait 5 ans de résidence en Europe pour pouvoir prendre part aux courses et aux concours. L'article 7 du règlement des championnats d'Europe précise à propos des concurrents: ils devront être sujets de naissance du pays qu'ils représentent ou être citoyens du pays qu'ils représentent et y avoir vécu sans interruption pendant cinq ans au moins.
Roger Bambuck, Robert Sainte-Rose et Petelo Wakalina méritaient leur sélection à la Coupe d’Europe.
Roger Bambuck, âgé de 20 ans, domine largement le sprint français. Le Guadeloupéen réalise le doublé 100m - 200m, lors des championnats de France. Le sprinteur égale le record national d’Abdoulaye Seye 10 secondes 2 aux 100m établi en 1959. Durant quatre saisons, il s’adjuge les titres nationaux sur les distances phares.
Robert Sainte-Rose est sacré champion de France cinq années consécutives de 1964 à 1968. Durant cette période, le natif de Fort-de-France participe deux fois aux Jeux Olympiques.
Petelo Wakalina remporte deux titres de champion de France du lancer du javelot en 1966 et 1968. Le Futunien est sacré champion du monde militaire en 1966 avec un jet de 80,16 mètres. Lors d'un entraînement, il réalise un record du monde qui n’a pas été homologué.
En demi-finale de la Coupe d’Europe à Oslo, le 22 août 1965, Sainte-Rose, Bambuck et Wakalina n’ont pas été sollicités par les dirigeants de la fédération française. Un mois plus tard, en finale, la FFA tente un coup de force. Elle communique la composition de l’Équipe de France qui participera à la première Coupe d’Europe. Saint-Rose figure sur la liste, Bambuck est réserviste. Mais avec le règlement de la Fédération Internationale, un problème juridique se pose par rapport à Robert Saint-Rose.
La France et l’Angleterre désavantagées
À l’époque, quelques journalistes dénoncent publiquement cette situation. Le regretté Robert Parienté du quotidien l’Équipe déplore le règlement international en athlétisme qui évince Roger Bambuck et Robert Sainte-Rose de participer à la Coupe d’Europe : "Il est dommage que la Fédération internationale n’ait pas été amenée à revoir un règlement qui fut conçu dans le but de désavantager les nations coloniales telles la France et la Grande-Bretagne, notamment. On comprend mal, désormais, et ce point de vue est inattaquable au point de vue juridique, que des citoyens de souche française, dont la nationalité d’origine remonte à plusieurs générations, puissent être écartés d’une compétition où sont admis les Turcs d’Asie ou les Soviétiques."
Certes ce décret désavantageait les nations coloniales telles que la France et la Grande-Bretagne, mais les principales victimes de ce règlement de la Fédération Internationale d’Athlétisme demeurent les sportifs ultramarins.