Mamodtaky devant les assises à Créteil

Affaire hors normes dont les rebondissements ont défrayé la chronique à Madagascar et à la Réunion, la terrible exécution d’une famille, en 2001 dans la banlieue d’Antananarivo, revient pour la troisième fois, en appel, devant les assises en France, aujourd'hui lundi à Créteil.

Présenté comme le maître d’œuvre de cette tuerie au cours de laquelle cinq membres de sa belle-famille, dont deux adolescents, avaient péri, Mamod Abasse Mamodtaky, 40 ans, va comparaître seul devant les assises du Val-de-Marne après un premier procès qui avait tourné court à Saint-Denis-de-la-Réunion, puis sa condamnation en 2010 à la prison à vie, en première instance à Paris.

Détenu à Fresnes (Val-de-Marne), cet homme d’affaires fortuné, qui semble avoir bénéficié de puissants relais au sein de l’appareil d’Etat malgache, clame depuis toujours son innocence et se dit victime d’un "complot".
"Il conteste les faits. C’est un homme fatigué, épuisé par neuf années de détention, qui ne correspond pas à la description faite par l’accusation", a indiqué à l’AFP l’une de ses avocates, Me Corinne Dreyfus-Schmidt.

Les faits remontent au 22 avril 2001. lors qu’ils participaient à une réunion de famille dans la banlieue d’Antananarivo, cinq membres de la famille Remtoula, un clan d’origine indo-pakistanaise, voient faire irruption trois hommes qui ouvrent le feu avec des armes de guerre, dont une Kalachnikov. Trois adultes et deux adolescents de 13 et 15 ans avaient péri, cinq autres personnes avaient été blessées.
La tuerie avait provoqué un grand émoi dans la communauté des "karanas", Malgaches d’origine indo-pakistanaise, musulmans chiites, dont la plupart ont choisi la nationalité française à l’indépendance de la Grande Ile.
Très vite, les soupçons se portaient sur M. Mamodtaky et son entourage, en conflit ouvert avec son épouse, Anita Remtoula, et l’ensemble de sa belle-famille.
Mais moins d’un an après le massacre, l’enquête malgache débouchait sur un non-lieu après que le beau-frère de Mamodtaky se fut opportunément accusé du crime avant d’organiser son décès en prison... et de réapparaître quelques années plus tard en banlieue parisienne.
A la suite de ce rocambolesque épisode, la famille des victimes, toujours menacée, avait alors porté plainte à la Réunion auprès de la justice française qui finissait par interpeller Mamodtaky, son beau-frère et deux complices.

Renvoyés pour assassinats devant les assises en février 2009 à Saint-Denis-de-la-Réunion, les quatre hommes étaient cependant relâchés au bout d’une semaine après l’annulation de l’acte de mise en accusation pour vice de forme.
Le 11 juin 2009, la Cour de cassation infirmait cette décision et ordonnait la tenue d’un nouveau procès, à Paris, cette fois. Au terme de quatre semaines de débats sous tension —des témoins se disant menacés de mort—, les jurés avaient condamné Mamod Abasse Mamodtaky et son beau-frère, de nouveau en fuite, à la perpétuité et les deux complices à 10 et 20 ans de prison.