Salon du livre de Paris : Daniel Maximin évoque Aimé Césaire

Daniel Maximin au Salon du livre de Paris, le 23 mars 2013
Au Salon du livre de Paris, l’écrivain guadeloupéen Daniel Maximin revient sur le parcours littéraire d’Aimé Césaire, qu’il a bien connu.
L’espace des Outre-mer au Salon du livre de Paris a rendu samedi un hommage émouvant au poète martiniquais Aimé Césaire, dont on célèbre cette année le centième anniversaire de la naissance. Les écrivains Alain Mabanckou, Daniel Maximin, Jean Métellus, ainsi que la chanteuse et comédienne Viktor Lazlo se sont succédés à la tribune pour évoquer l’œuvre du fondateur de la négritude. Les ministres Victorin Lurel (Outre-mer) et George Pau-Langevin (Réussite éducative) avaient également fait le déplacement. Après son intervention, Daniel Maximin a bien voulu répondre à nos questions.   
 
Qu’est ce que vous retenez de l’œuvre de Césaire, à titre personnel ?
« Tout. Le théâtre, les essais, et la poésie, parole essentielle comme il le dit. L’œuvre d’Aimé Césaire nous donne la force de regarder demain, la vigilance, et l’engagement lucide, permanent. C’est l’engagement personnel, et non moi parlant à la place des autres. Son message pousse chaque individu à faire sa part, et non pas imiter. Il n’y a pas de disciple ou d’enfant spirituel ou poétique, chacun doit trouver son originalité et sa propre identité. Cela vaut pour les peuples, et pour les individus. Cela vaut pour le poète comme pour l’homme politique. Comme Césaire disait dans sa Lettre à Maurice Thorez : ‘aucune pensée ne vaut que repensée par nous et pour nous’. »
 
On n’est pas vraiment dans une période d’engagement de nos jours…
« Raison de plus. La pièce ‘Une Saison au Congo’ va être jouée par le Théâtre national populaire, et on pourrait penser que cette pièce a été écrite cette année, en raison des événements qui se passent dans le Maghreb, en Afrique, et au Congo même en ce moment. Pourtant ce livre a été écrit en 1967, à propos de l’assassinat de Patrice Lumumba.
Il y a une universalité de Césaire. C’est comme La Tragédie du Roi Christophe, une pièce qui se déroule en Haïti en 1804 mais qui nous interroge encore : jusqu’où doit aller le révolutionnaire par rapport au peuple ? Ce que Césaire résumait en disant : ‘Un pas avec le peuple plutôt que deux pas tout seul sans lui’. C’est le sujet de n’importe quel homme politique d’aujourd’hui, de n’importe quelle révolution qui enlève un dictateur. »
 
Vous allez publier prochainement un livre sur Aimé Césaire. De quoi s’agit-il ?
« De mes quarante ans avec Césaire, depuis mes années d’étudiant à Paris à la Sorbonne, qui va à la librairie Présence Africaine rencontrer Césaire, Damas, et bien d’autres, jusqu’aux derniers moments auprès de lui. J’évoque un Césaire qui était habité d’une soif irrémédiable, d’une ferveur permanente avec ses yeux toujours lumineux. Il voulait connaître, comprendre, échanger. »

Derniers ouvrages parus de Daniel Maximin

"Césaire et Lam, insolites bâtisseurs", HC éditions, 2011
"Antilles secrète et insolites", éditions Glénat, 2010