Alain Zabulon auditionné par la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac

Alain Zabulon, ce matin devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale
Alain Zabulon, directeur de cabinet adjoint du président de la République, et Martiniquais d'origine, a été auditionné ce mardi matin à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête sur l'affaire Cahuzac. La commission cherche à en savoir plus sur ce que savait l'Elysée de cette affaire.
Alain Zabulon est décidémment au coeur de l'actualité ces derniers jours. Alors qu'il devrait être nommé prochainement par le conseil des ministres Coordonnateur national du renseignement, il a été auditionné ce mardi matin à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête parlementaire  chargée de l'affaire Cahuzac. L'objectif de cette audition était de savoir quel rôle avait exactement joué Alain Zabulon dans cette affaire, car son nom avait été cité par Michel Gonelle, l'un des protagonistes du dossier.


Pourquoi cette audition?

Michel Gonelle, ancien maire UMP de Villeneuve-Sur-Lot, adversaire politique de Jérôme Cahuzac, est l'homme qui avait fourni au site d'information Médiapart, une bande enregistrée sur laquelle un homme identifié par la suite comme étant Jérôme Cahuzac avouait détenir un compte en Suisse.
Si Alain Zabulon est aujourd'hui concerné, c'est parce qu'il fût entre 1997 et 2000 sous-préfet dans le Lot-et-Garonne, précisément à Villeneuve sur Lot, et qu'il connait donc Michel Gonelle.

La conversation téléphonique du 15 décembre

Le directeur de cabinet adjoint a expliqué à la commission d'enquête qu'il avait reçu à son domicile, le 15 décembre, un appel téléphonique de Michel Gonelle. L'élu UMP lui explique ce jour là détenir la fameuse bande enregistrée dans laquelle Jérôme Cahuzac reconnaît avoir un compte en Suisse. La conversation aurait duré 15 à 20 minutes. "Michel Gonelle me demande mes conseils, mes instructions (...) Je lui dis que je vais en référer en interne dans ma maison" (NDLR: L'Elysée)

Alain Zabulon prévient François Hollande

Alain Zabulon a ensuite expliqué aux parlementaires qu'il avait prévenu le jour même, 15 décembre,  François Hollande de cette conversation avec Michel Gonelle. Alain Zabulon a relaté ce matin son entretien avec François Hollande: "Le président de la République est très attentif, demande ce que j'en pense. A la fin il me dit: +si vous avez un nouveau contact avec M. Gonelle, dites lui que ces informations doivent être sans délai apportées à la connaissance de la justice+ et ne me donne aucune autre instruction".
Regardez un extrait de l'audition d'Alain Zabulon (source: Assemblée nationale)

Coup de fil à Jérôme Cahuzac

Dans la foulée, en accord avec le président de la République et le Secrétaire Général de l'Elysée, Alain Zabulon a téléphoné à Jérôme Cahuzac pour l'avertir des affirmations de Michel Gonelle. Il a décrit la réaction du ministre du budget: "Je le sens un peu tendu, il était assez pressé, l'entretien est assez bref, il prend acte, m'en remercie et ne fait pas de commentaire particulier". A l'époque, le 15 décembre, a poursuivi Alain Zabulon devant la commission d'enquête, "il n'y a pas d'élement tangible. La majorité des commentateurs et observateurs donnent crédit à Cahuzac de sa bonne foi."
 

Quelle est la nouveauté dans l'affaire Cahuzac?

Comme le relate Le Figaro, la commission d'enquête ignorait, jusqu'à l'audition de ce matin, que François Hollande avait eu cet entretien dans son bureau le 15 décembre. Ce nouvel élément montre-t-il que l'Elysée a joué un rôle actif dans ce dossier? Non, selon Alain Zabulon, qui a expliqué aux parlementaires présents ce matin que l'attitude du président de la République a été constante dans cette affaire: "c'était à la justice et à elle seule de dénouer les fils de la vérité (...) Le président est très attaché à la séparation des pouvoirs."

Quelle suite aura cette audition et quelles conséquences? 

A la suite de cette longue audition, la commission d'enquête souhaite entendre à nouveau Michel Gonelle sur ce coup de téléphone à Alain Zabulon. Lors de son audition, le directeur de cabinet adjoint de la présidence de la République a bien insisté sur le fait qu'il n'avait jamais eu entre les mains le moindre document écrit sur cette affaire Cahuzac et qu'à aucun moment François Hollande ne l'avait chargé de suivre l'affaire Cahuzac, ni de se livrer à des vérifications sur quoi que ce soit.
Pour Alain Zabulon, cette audition en pleine lumière par la commission d'enquête intervient précisément au moment ou plusieurs bonnes sources affirment qu'il doit être nommé Coordonnateur national du renseignement. Avant son audition à l'Assemblée nationale, on indiquait que sa nomination pourrait être annoncée dés ce mercredi en Conseil des ministres.
Les remous de l'affaire Cahuzac pourraient-ils avoir une influence sur cette nomination? Réponse, ce mercredi.