Emmanuel Lafont, le curé des townships

Emmanuel Lafont
Aujourd'hui évêque de Cayenne, Monseigneur Lafont a vécu en Afrique du Sud du temps de l'apartheid. Pendant plus de dix ans, il a officié dans une paroisse de Soweto, défendant les droits des prisonniers politiques et les enfants des rues.
Il est aujourd'hui évêque à Cayenne. Mais pendant des années, c'est dans une Afrique du Sud encore sous le régime de l'apartheid que Monseigneur Lafont célébrait la messe.  
Entre 1983 et 1994, Emmanuel Lafont était curé de Soweto (South Western Township), le plus grand des townships d'Afrique du Sud à Johannesburg.
Aux côtés de son évêque d'alors, Monseigneur Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix en 1984, il s'est battu pour la libération du peuple noir, pour celle de Mandela et pour la fin de l'apartheid.
 

Des messes en zoulou

Pendant onze années au cœur des quartiers les plus miséreux "fabriqués" par le régime des lois raciales de la minorité blanche, il n'aura de cesse de se battre contre l'injustice faite aux noirs. Au sein de sa petite paroisse, Sainte-Philippe Néri, dans le quartier Moletsane, il donne la messe soit en zoulou soit en sotho, deux langues apprises en côtoyant quotidiennement les habitants de ce township.
 
En hommage à ses combats pour leurs droits, ces  derniers lui donnent le surnom de Senatha "l'homme fort". Monseigneur Lafont reste un homme d'église qui défendra les prisonniers politiques, les enfants des rues et la réouverture des collèges, une nécessité pour l'éducation des jeunes Africains. Il demande également la construction de maisons afin d'éviter la formation de bidonvilles en véritables ghettos.
Onze années pendant lesquelles il risquera sa vie, tout au moins l'emprisonnement, voire l'expulsion. Ainsi, le  27 Avril 1994, le  "Big Day" soit le jour d'élection de Nelson Mandela à la présidence de la République d' Afrique du Sud, il ouvre et transforme son église en bureau de vote.
 

Prêtre sans frontières...

Né à Paris, le 26 Octobre 1945, il est donc Evêque de Cayenne  en Guyane depuis le 18 Juin 2004. Il avait été ordonné prêtre dans le diocèse de Tours en 1970 avant de rejoindre l'Afrique du Sud dans l'esprit de l'encyclique "fidei donum" , en quelque sorte un prêtre volontaire et sans frontières. L'église d'origine "prêtant" son curé à l'église d'accueil (il y en a environ 150 en France).
 

... et branché 2.0

Monseigneur Lafont est un homme qui sait vivre avec son temps. En témoigne son activité sur Twitter. L'évêque distille ses pensées, spirituelles comme politiques à ses quelques 936 abonnés.
 

 





A lire ou à relire, le livre qu'il a co-écrit avec le journaliste Jean Cormier : "Le curé de Soweto" .