25 ans après la fameuse poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou qui scellait la fin des événements, la Nouvelle-Calédonie s'apprête à écrire une nouvelle page de son Histoire. C'est le thème d'un colloque qui s'est ouvert ce mardi à Paris.
Le colloque des accords de Matignon, 25 ans après, devait s'ouvrir avec un beau symbole, la présence de Marie-Claude Tjibaou et d'Isabelle Lafleur. La veuve du leader du FLNKS, Jean-Marie Tjibaou était bien là mais la fille de Jacques Lafleur, l'ancien chef de file du RPCR n'a finalement pas assisté à cet événement. Malgré tout, des hommes politiques, des entrepreneurs, des historiens de tout bord, loyalistes ou indépendantistes, se sont retrouvés pour parler de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie et de son avenir.
"Plus dangereux de faire la paix"
C'est la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris qui a organisé ce colloque à quelques pas de la Tour Eiffel. Son directeur Joël Viratelle se félicite de la venue de nombreuses personnalités telles que les Premiers ministres Michel Rocard et Lionel Jospin qui ont largement contribué à la signature des accords de Matignon en 1988 puis de Nouméa en 1998. Michel Rocard, très touché par l'assassinat en 1989 de Jean-Marie Tjibaou avait d'ailleurs déclaré "qu'il était plus dangereux de faire la paix que la guerre".
Harold Martin, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a ouvert ce colloque en saluant les avancées qu'ont permis ces 25 années de paix. Mais le discours de Marie-Claude Tjibaou a fait l'effet d'une douche froide. "Dans le centre pénitentiaire, a-t-elle dit, 99% des prisonniers sont les nôtres. La moitié de notre jeunesse est en perdition. Les armes circulent de plus en plus facilement. On peut se satisfaire des accords de Matignon, les célébrer, a-t-elle poursuivi, mais il faut se concentrer sur l'essentiel. Nous devons rendre des comptes aux calédoniens. Il faut une Calédonie plus juste. Il y a des calédoniens qui ont réussi mais beaucoup d'autres sont restés sur le bas côté de la route", a-t-elle conclu.
Isabelle Lafleur n'était pas à ce colloque. Mais la fille de Jacques Lafleur a fait parvenir à Harold Martin une lettre que le président du gouvernement a lu. Sur un ton très lyrique, Isabelle Lafleur salue la mémoire de son père et de Jean-Marie Tjibaou "qui ont réussi à faire ce que peu d'hommes peuvent faire : renoncer, partager et dessiner des chemins de croissance". Cette lettre, elle l'a adressé à Marie-Claude Tjibaou en affirmant "s'être longtemps sentie privilégiée car son père était encore là".
La mission du dialogue
Dans le documentaire "1988-1998 Le Chemin parcouru" dont des extraits ont été projeté au colloque, l'histoire de la Nouvelle-Calédonie a défilé sur grand écran. Il y a 25 ans, rien ne laissait présager une telle évolution. Il aura fallu la mission du dialogue en mai 1988, dix hommes emmenés par Christian Blanc, 600 auditions en 17 jours, pour parvenir au dénouement de la crise. Mais pour Paul Néaoutyine, le président de la Province Nord, "ce n'est seulement qu'en janvier 2008 avec le lancement de l'usine du nord que l'on a assisté enfin à un rééquilibrage économique entre le Nord et le Sud du caillou". Désormais, clame fièrement le leader indépendantiste, "nous avons la meilleure situation financière de la Nouvelle-Calédonie".