Le camarade Thuram, rédacteur en chef d'un jour

Couverture de l'Humanité du 3/13/2013
L'Humanité, le quotidien communiste, accueille dans ses colonnes Lilian Thuram. Le footballeur guadeloupéen à la retraite a fait office de rédacteur en chef de ce numéro du mardi 3 décembre. Lilian Thuram a un avis sur tout : des impôts à l'école en passant par le travail le dimanche.
Jean Jaurès, le créateur du journal l'Humanité aurait-il pu imaginer que son journal soit dirigé un jour par un footballeur ? Pas sûr, mais les temps changent et puis surtout, Lilian Thuram par ses engagements, ses livres, a montré qu'il avait de l'appétit pour la culture, l'histoire et la politique. Malgré tout, c'est un peu étrange de voir l'un des symboles du plus pur capitalisme, à savoir le monde du football, donner son avis sur tout, dans les colonnes de l'Humanité.  Mais, le quotidien communiste ne semble pas gêné, au contraire... Un tweet annonçait dès hier l'arrivée de ce rédacteur en chef d'un jour.

Un exercice de commentateur

Au fil des pages, Lilian Thuram donne son avis, en tant que président de la Fondation éducation contre le racisme. L'ex-footballeur s'est livré avec plaisir à cet exercice de commentateur. Aucun sujet ne le rebute. L'éducation, les impôts, la danse, le travail le dimanche, le racisme, Lilian Thuram fait part à chaque fois de son point de vue. 

Le racisme

Sur le racisme Lilian Thuram se veut réaliste : "le racisme avait-il disparu avant les attaques de Christiane Taubira ? Non, répond-il. La hiérarchie qui existe entre les personnes selon la couleur de leur peau n'est pas une nouveauté. Certains hommes pensent que les femmes doivent être à leur service. Certaines personnes de couleur blanche veulent garder les personnes de couleur non-blanche dans une certaine infériorité. Pour avancer, il faut arrêter de fermer les yeux. Arrêtons d'être complices", conclue Lilian Thuram.

L'économie

Lilian Thuram qui a pourtant travaillé beaucoup le dimanche ne veut pas imposer ça aux autres. "Le travail du dimanche conforte la société de consommation dans laquelle nous sommes, qui nous pousse à consommer à tout prix, surtout en période de crise". Sur les délocalisations, l'ex footballeur guadeloupéen ne fait pas de quartier : "pour réaliser une plus grande marge, on cherche toujours à baisser le coût humain. L'esclavage est en ce sens un système très performant, qui a poussé cette logique à son paroxysme". Plus loin, il dénonce aux Antilles les entreprises et leur "utilisation du chlordéchone, pesticide qui a pollué, le sol, l'air, la mer, pour des centaines d'années. Qui s'en soucie ?" 

Education et droit de vote des étrangers

Alors que l'enquête PISA montre un nouveau recul de l'école française, Lilian Thuram estime que nous Français, "nous avons bien du mal à nous remettre en question. Nous pouvons beaucoup apprendre des autres si nous avons l'intelligence de regarder ce qui se fait ailleurs". Il prône une éducation à l'égalité et estime que "l'une des premières mesures égalitaires est d'octroyer le droit de vote aux personnes qui vivent sur le territoire français".

Danse et football

Dans la rubrique culture, Lilian Thuram lance un plaidoyer pour la danse. "Aux Antilles, où je suis né, la danse et la musique sont très présentes dans la vie de tous les jours. Je reste persuadé qu'avoir un bon rapport avec son corps évite de tomber dans certains excès comme l'alcool et les stupéfiants". Le président de la Fondation éducation contre le racisme donne aussi son avis sur la belle victoire de l'équipe de France face à l'Ukraine. "Certains ont crié haut et fort : le foot est magique ! Mais, c'est cette capacité à dépasser nos limites qui a permis la victoire des Bleus". En vrai rédacteur en chef de l'Humanité, Lilian Thuram conclut "Il faut se rappeler sans cesse que l'intérêt du groupe doit passer avant toute chose".