Le Canada montre ses muscles au sujet de Saint Pierre et Miquelon

Vue de Saint-Pierre-et-Miquelon
Pour le Canada, "la France n'est éligible à aucune zone maritime" en Amérique du Nord, au delà de l'étroit périmètre décidé en 1992 par arbitrage international, au large de Saint-Pierre-et-Miquelon. Cette déclaration émane d'un responsable du Ministère des Affaires étrangères canadien.

 Le Canada anticipe "un litige" avec la France dans l'Atlantique Nord à propos de la souveraineté des eaux au sud de l'île française de Saint-Pierre-et-Miquelon. C'est un haut-responsable du Ministère des affaires étrangères du Canada, Ugh Adsett qui a donné cette information hier à l'AFP. L'extension du plateau continental autour de cette collectivité territoriale, située au coeur du golfe du Saint-Laurent canadien, est un sujet qui oppose Paris et Ottawa depuis plus d'une vingtaine d'années. D'autant plus que ce secteur situé au large de Saint Pierre et Miquelon pourrait être potentiellement riche en hydrocarbures.

Revendications territoriales

Le gouvernement canadien a déposé vendredi un dossier présentant ses revendications territoriales dans l'Arctique et l'Atlantique devant l'ONU. Créée par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, la Commission des limites du plateau continental doit déterminer les droits des pays riverains au-delà de leur zone économique exclusive de 200 miles marins. En tout, le Canada revendique une nouvelle zone de 1,2 million de kilomètres carrés en Atlantique Nord. Au ministère des affaires étrangères canadien, on envisage de trouver une solution à l'amiable avec Le Danemark et les Etats-Unis dans ce dossier.

Un dossier conflictuel

La situation avec Saint-Pierre-et-Miquelon est toutefois jugée "différente", a souligné le diplomate Ugh Adsett. "La position du Canada est que la France n'est éligible à aucune zone maritime" en Amérique du Nord, au-delà de l'étroit périmètre qui avait été tracé en 1992 par arbitrage international, martèle Ugh Adsett. Ottawa s'attend à ce que "la France dépose un dossier à propos de Saint-Pierre-et-Miquelon", a dit le diplomate canadien. "Donc nous pourrions avoir un litige avec la France à l'avenir", a-t-il averti.

François Hollande suit le dossier

Paris a jusqu'en avril 2014 pour "formaliser ses demandes" devant l'ONU, a précisé un porte-parole de l'ambassade de France à Ottawa. Fin juillet, François Hollande avait "rappelé que la France défendrait les intérêts de l'archipel concernant l'extension du plateau continental au large de Saint-Pierre-et-Miquelon". Le président français avait tenu à rassurer sur ce point la sénatrice-maire PS de Saint-Pierre, Karine Claireaux et la députée PRG, Annick Girardin. Les deux responsables de l'archipel avaient été reçues à l'Elysée. 

Des permis d'exploration déjà accordés

En écho, fin juillet 2013, le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird et l'ambassadeur du Canada en France, Lawrence Cannon, avaient publié un communiqué soulignant que dans ce dossier "le plateau continental canadien est une question d'intérêt national". Avant même le règlement de ces questions, des permis d'explorations pétrolières et gazières ont été accordés depuis un an à Shell et ConocoPhillips, au large des eaux françaises, dans des zones que Paris pourrait bien revendiquer à l'ONU en avril prochain. La hache de guerre est donc loin d'être enterrée...