Ouverture du procès de Pascal Simbikangwa, le génocidaire rwandais qui se cachait à Mayotte

Pascal Simbikangwa
Vingt ans après le génocide du Rwanda qui a coûté la vie à 800 000 tutsis, c'est la première fois que s'ouvre à Paris, le procès d'un ancien responsable de l'armée hutu, réfugié à Mayotte.  L'île française abrite-t-elle d'autre génocidaires ? 
C'est un procès historique qui va s'ouvrir à la cour d'assises de Paris. Pendant six à huit semaines, Pascal Simbikangwa, 54 ans va comparaître pour avoir "contribué en connaissance de cause, à la pratique massive et systématique d'exécutions sommaires et autres actes inhumains ainsi qu'au génocide". Cet ancien capitaine de l'armée rwandaise, aujourd'hui âgé de 54 ans, paraplégique depuis 1986, nie toute participation aux massacres. En revanche, l'ancien capitaine assume sa proximité avec Juvénal Habyarimana, le président hutu dont l'assassinat le 6 avril 1994, a été l'événement déclencheur du génocide. Ecoutez ce reportage de Toufaïli Andjilani d'Outre-mer 1ère

Procès Pascal Simbikangwa


Pascal Simbikangwa s'était réfugié à Mayotte

Pascal Simbikangwa a été arrêté en 2008 pour trafic de faux papiers à Mayotte où il s'était réfugié depuis trois ans. Pour Alain Gauthier, président du collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), joint par La1ère.fr,  "Mayotte est devenue une plaque tournante des présumés génocidaires. Alain Gauthier précise encore, "Octavian Ngensi, un ancien bourgmestre de la commune de Karabonto avait lui aussi trouvé refuge à Mayotte. Il est actuellement à la prison de la Santé, suite à notre plainte en 2010 et devrait bientôt être jugé".

600 Rwandais à Mayotte

Selon le président du CPCR, "Mayotte abrite une communauté de 600 Rwandais. Difficile de dire combien d'entre eux ont commis des actes répréhensibles lors du génocide de 1994, mais nous pensons qu'ils sont nombreux à se cacher là-bas. Le parcours est toujours le même : départ de Dar es Salam en Tanzanie, puis Anjouan aux Comores et enfin arrivée à Mayotte par kwassa kwassa. A Mayotte, ils changent de prénom". C'est ainsi que Pascal Simbikangwa a fui le Rwanda et s'est fait appeler Safari. 

Trafic de faux papiers et soutien scolaire

Le collectif des parties civiles pour le Rwanda a porté plainte contre Pascal Simbikangwa en 2009. L'ancien capitaine tétraplégique de l'armée rwandaise était déjà en prison depuis 2008 à Fresnes, inculpé pour trafic de faux papiers. L'homme partageait son temps à Mayotte entre cette activité et des cours de soutien scolaire qu'il donnait. 

Massacres à Kigali et Gisenyi

Concrétement, le collectif des parties civiles pour le Rwanda reproche à Pascal Simbikangwa d'avoir organisé, à Kigali et dans sa région natale de Gisenyi, des barrages au cours desquels étaient filtrés et exécutés les tutsis. Il aurait également donné des armes et des instructions à ceux qui les tenaient. Dans la province de Gisenyi, l'AFP (l'agence France Presse) a recueilli des témoignages de Rwandais qui ont croisé le capitaine handicapé. Regardez cette vidéo.

Reportage AFP

Procès filmé

Le procès de Pascal Simbikangwa à la cour d'assises de Paris va durer de six à huit semaines. Il sera filmé. Ses avocats, Alexandra Bourgeot et Fabrice Epstein dénoncent un dossier dans lequel "les seules accusations sont des témoignages". Ils soulignent que leur client a toujours nié les faits. Pascal Simbikangwa risque, devant la cour d'assises de Paris, la prison à perpétuité.