Scientifiques d'outre-mer : Alexandre Loupy, spécialiste des greffes de rein

Cette semaine, la1ere.fr vous propose de partir à la rencontre de scientifiques de haut-niveau, originaires des Outre-mer. Le premier portrait est celui du Réunionnais Alexandre Loupy. A 36 ans, ce néphrologue mène une carrière tambour battant entre Paris, les Etats-Unis et le Canada.

Alexandre Loupy n'a pas une minute à lui. Entre son déménagement, ses patients à l'hôpital Necker et son laboratoire de recherche à l'hôpital George Pompidou, ce médecin réunionnais mène une vie de parisien passionné par son travail. Le jeune homme n'avait pourtant pas un goût prononcé pour l'effort au lycée, mais plutôt une nette préférence pour le sport.  Malgré tout, les mercredis passés à la pharmacie de sa mère à Saint-Denis de La Réunion lui ont donné dès l'âge de 12 ans l'envie de devenir médecin. Regardez cette vidéo dans laquelle Alexandre Loupy explique sa vocation précoce.


Médecine à Bordeaux

Après une scolarité sans histoire au lycée Vavasseur, Alexandre Loupy est envoyé en terminale en pension dans un établissement privé de Haute-Savoie. Ses parents veulent être surs que leur fils passe son BAC S sans encombre. "En France, on a tendance à très vite cataloguer les gens à l'école", s'insurge Alexandre Loupy. Après ses études de médecine à Bordeaux, Alexandre Loupy se spécialise en néphrologie et commence sa carrière de médecin à Paris dans divers hôpitaux. Il s'intéresse particulièrement au suivi des patients qui ont subi une greffe du rein et se lance en même temps dans un doctorat de biologie cellulaire complété par la suite par un doctorat en épidémiologie.

Troisième rejet

En 2012, il publie avec Carmen Lefaucheur, une étude dans "The Lancet", une des plus prestigieuses revues médicales mondiale. Grâce au suivi de plus de 2000 patients transplantés rénaux à l'hôpital Necker et Saint-Louis à Paris, Alexandre Loupy et son équipe parviennent à mettre en évidence une troisième forme de rejet du greffon rénal. Jusqu'à présent, les spécialistes avaient identifié deux types de rejet. Le premier dit "cellulaire" est provoqué par certains globules blancs,  et le second dit "humoral" est causé par les anticorps. Le troisième rejet est appelé "vasculaire". Il est caractérisé par l'inflammation des artères du greffon et la perte précoce du rein transplanté. Ecoutez ce reportage de Sébastien Letard d'Outremer 1ère sur le travail d'Alexandre Loupy

Portrait Alexandre Loupy



Et La Réunion ?

Alexandre Loupy n'envisage pas pour le moment de venir exercer sa spécialité à La Réunion car il se dit happé par ses recherches. Mais il n'hésite pas à suivre en priorité les patients qui lui sont envoyés de son île à l'hôpital Necker. "J'aime bien les rassurer, leur parler en créole, souligne-t-il. D'ailleurs depuis que j'ai quitté La Réunion, je m'y intéresse beaucoup plus". Pour Alexandre Loupy, "il y a un vrai problème de santé publique avec le diabète à La Réunion. On ne le dit  pas assez mais la transplantation rénale coûte moins cher que la dialyse". Le médecin aimerait encore plus travailler avec La Réunion et collaborer avec les services de néphrologie. Ecoutez cette interview d'Alexandre Loupy réalisée par Sébastien Letard

Interview d'Alexandre Loupy



La suite des recherches

Aujourd'hui, Alexandre Loupy travaille pour trouver des solutions aux problèmes que soulèvent ce troisième type de rejet qu'il a mis en évidence. Le néphrologue pense que cette forme de rejet devrait exister pour d'autres greffes d'organe, comme le cœur, le poumon ou le pancréas. Du coup, le champ possible des recherches s'avère immense.  Par ailleurs, ce chercheur réunionnais et son équipe menée par le cardiologue Xavier Jouven  et le néphrologue Christophe Legendre viennent de publier un article dans une revue américaine (JASN) qui va révolutionner le diagnostic et permettre de lutter encore plus efficacement contre toutes les formes de rejet.