Le député européen Jean-Jacob Bicep victime de harcèlement

Jean-Jacob Bicep, député européen (EELV)
Le seul député ultramarin de métropole au parlement européen est victime de harcèlement depuis mai 2013. Lettres diffamatoires envoyées à des responsables politiques à Paris et Bruxelles, coups de téléphone anonymes, menaces de révélation sur la vie privée. 
L’auteur des courriers anonymes souhaite que Jean-Jacob Bicep, natif de Guadeloupe, quitte son siège au Parlement de Strasbourg.  Règlement de compte interne à Europe Ecologie, pression de lobby ou simple affaire de mœurs ? Une enquête préliminaire a été ouverte pour identifier le ou les corbeaux.

 

Usurpation d'identité

La première lettre date de mai 2013. Elle a été adressée au président du Parlement européen, Martin Schultz, au bureau exécutif d’Europe Ecologie-Les Verts, au secrétaire national du parti de l’époque, Pascal Durand, et à la Mairie du XXe arrondissement de Paris où Jean-Jacob Bicep est adjoint au maire. Son auteur usurpe l’identité de l’assistante du député européen et dénonce des relations sexuelles sous la contrainte dont elle aurait été victime de la part de Jean-Jacob Bicep.

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Dépôt de deux plaintes

Dès ce premier courrier, deux plaintes sont déposées contre X. La première à Paris par Jean-Jacob Bicep. La seconde à Strasbourg, par l’assistante dont l’identité avait été usurpée. En juillet 2013, les deux plaintes sont regroupées rue Château des Rentiers à Paris, à la brigade de répression de la délinquance aux personnalités. « Au vu des faits », une enquête préliminaire est ouverte. Elle est toujours en cours.
 
Les faits de harcèlements ne s’arrêtent pas là. L’auteur multiplie les courriers, une trentaine au total. Certains sont cette fois directement  adressés à Jean-Jacob Bicep. Le, ou les auteurs lui demandent de démissionner de son poste de député. Il n’hésite pas pour cela à se faire menaçant. Envers le député, mais également contre ses collaborateurs ou sa famille. 

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Les différentes pistes des enquêteurs

A noter qu’Europe Ecologie-Les Verts a décidé de ne pas représenter le député sortant Jean-Jacob Bicep en position éligible aux élections européennes de mai prochain. Une décision « totalement indépendante » du climat actuel, selon le parti.
 
La police n’est pour l’instant pas parvenue à identifier les auteurs des faits. Les résultats de tests ADN prélevés sur les courriers sont attendus d’ici quelques jours. Trois pistes semblent se dégager.
 
La première est liée aux combats politiques de Jean-Jacob Bicep. Au Parlement européen, il s’est notamment illustré sur deux sujets : la question des réparations liées à l’esclavage et la lutte contre les subventions accordées aux bananeraies utilisant des pesticides aux Antilles. D’après Jean-Jacob Bicep, la référence à ce dernier thème était explicite dans certains courriers qu’il a reçus. 

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Règlements de comptes internes ?

La seconde piste est celle de règlements de comptes interne à Europe Ecologie-Les Verts. Elle est liée aux circonstances qui ont conduit Jean-Jacob Bicep au Parlement européen. 5e sur la liste EELV en Ile-de-France en 2009, le Guadeloupéen n’a été amené à siéger à Strasbourg que depuis le 16 mai 2012, date à laquelle Pascal Canfin a renoncé à son fauteuil après avoir été appelé au gouvernement. Appartenant à un courant minoritaire au sein d’EELV, d’autres candidats aspirent à prendre la place de Jean-Jacob Bicep au Parlement européen. La concurrence est d’autant plus accrue que le parti écologiste a réservé des places éligibles à des candidats d’ouverture et qu’il n’a aucune assurance d’obtenir à nouveau quatre élus en Ile de France en mai prochain. Conduite par Daniel Cohn-Bendit, la liste EELV avait obtenu 20.86% des voix en 2009.
Le lieu d’envoi des lettres tendrait à soutenir cette seconde piste. Toutes ont été postées dans le quartier de la gare du Nord à Paris, à proximité relative du siège d’Europe Ecologie-Les Verts.
Jean-Jacob Bicep remarque également le peu de soutiens qu’il reçoit dans son parti.

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Réaction d'EELV

Le secrétaire général d’Europe Ecologie-Les Verts, à l'époque des faits, faisait partie des destinataires des courriers. Il a été entendu par la police mais le point de vue de Pascal Durand est plus nuancé.  

Pascal Durand / Bicep


Une troisième hypothèse basée sur une affaire plus personnelle n’est pas à exclure.