"Nous allons pouvoir vivre et mourir en paix" dit Jean-Jacques Martial au lendemain du vote de l'Assemblée

Jean-Jacques Martial, dans les studios radio d'Outre-mer 1ère, découvre Libération qui consacre sa Une aux "orphelins de la République"
Hier, l'Assemblée nationale a reconnu la responsabilité moral de l'Etat français dans l'affaire des Réunionnais de la Creuse.
Une victoire symbolique pour les 1 600 Réunionnais transportés sans leur consentement en métropole entre 1963 et 1982. Interview de Jean-Jacques Martial.
C'est Jean-Jacques Martial qui en 2001 a fait ressurgir l'affaire des Réunionnais de la Creuse des limbes de l'oubli, en publiant en 2001 "Une enfance volée", un ouvrage dans lequel il racontait son calvaire. C'est également lui qui attaqua au début des années 2000 l'Etat français pour lui réclamer un milliard d'euros de dommages et intérêts. "Un milliard, c'est comme un euro", expliquait-il alors.

Jean-Jacques Martial est retourné vivre à La Réunion en 2006, près de sa maman. Il est aujourd'hui président du "comité de soutien de tous les enfants d'outremer exilés de force en France". Hier, il était à l'Assemblée nationale où il a assisté au débat et au vote de la Résolution dans laquelle les députés reconnaissent la responsabilité morale de l'Etat français dans cette affaire.
La1ere.fr l'a rencontré ce matin, au lendemain de cette journée historique.
Jean-Jacques Martial

La1ere.fr: Comment avez vous vécu la journée d'hier?
Jean-Jacques Martial : J'étais à l'Assemblée nationale avec mes compatriotes. C'était un jour Historique, symbolique après tant d'années de bataille. Un jour de liberté pour nous tous, qui va nous permettre de vivre en paix et de mourir en paix. Nous nous sommes sentis esclaves pendant toutes ces années, même si nous n'avions pas de chaines ni de boulets. Il a quand même fallu 12 ans, depuis que j'ai sorti mon livre, pour que la France reconnaise sa faute. C'est beaucoup pour un pays qui donne des leçons à d'autres nations.

Quel regard porte les gens sur vous aujourd'hui ? il est différent ?
Le regard n'est plus le même. Hier à l'Assemblée nationale, c'est le peuple qui a parlé, c'est le peuple qui a causé. C'était un jour de gloire.

Comment avez vous dormi cette nuit après cette journée forte en émotions ?
La nuit a été un peu agitée. Beaucoup de larmes. Des larmes de joie, de souffrances, de blessures.

Et maintenant ?
C'est une page qui se tourne. Je voudrais donner des conférences pour expliquer tout ça, pour ne pas qu'on oublie cette histoire. Je n'ai pas de diplômes, mais avec tout ça j'ai d'abord été cuisinier, puis écrivain, avocat...et me voilà Historien.
Je me considère comme un petit Mandela. Mandela a défendu son peuple. Martial a défendu son peuple. 

Le groupe UMP a voté contre la Résolution. Qu'en pensez-vous ?
Je ne suis pas surpris. Les copains de Debré, c'est ça. Ils ne vont pas voter contre leur "papa".