Portrait de la Réunionnaise Samia Badat-Karam, candidate UMP dans le XVIe à Paris

Samia Badat-Karam à la sortie du métro "Porte de Saint-Cloud" dans le XVIe arrondissement de Paris où elle tracte souvent le week-end à l'approche des municipales
La Réunionnaise Samia Badat-Karam est 16e sur la liste UMP du XVIe arrondissement de Paris, avec toutes les chances d'être élue en mars. Elle est secrétaire générale de la FEDOM et secrétaire nationale de l'UMP. Bref, Samia Badat-Karam ne s'ennuie pas. Tour d'horizon de ses (nombreuses) vies.
"La FEDOM, c'est tous les jours. La campagne, c'est le soir et le week-end." Ainsi Samia Badat-Karam résume-t-elle son quotidien. A 35 ans, cette Réunionnaise originaire de Saint-Denis n'arrête pas une seconde. En ce matin pluvieux de février, elle n'est pas mécontente de prendre le temps de s'asseoir autour d'un café, place de la Porte de Saint-Cloud. Pendant un peu plus d'une heure, le débit est rapide, c'est tout juste si elle prend le temps d'avaler sa tartine beurrée.

Engagée auprès de Claude Goasguen

Depuis septembre 2013, elle tracte souvent le week-end dans cet arrondissement cossu de la capitale. Un coin de Paris qu'elle a choisi en 2012 après son mariage avec Patrick Karam. "J'habitais dans le 15e. Mais curieusement, c'était moins cher de s'installer dans le sud du 16e, relativement plus populaire" affirme-t-elle. "Oui oui, populaire", insiste-t-elle. Tout au long de l'entretien, elle n'aura de cesse de chercher à combattre les clichés sur cet arrondissement BCBG.  

Pour sa première fois aux municipales, Samia Badat-Karam a donc choisi le fief de Claude Goasguen (l'interview s'est déroulée avant que Manuel Valls n'interpelle ce dernier sur son passé à l'extrême droite, ndlr) . Placée 16e sur la liste donc, elle est quasi-assurée d'être élue conseillère municipale.

"Je lui suis reconnaissante d'avoir élargi ses listes à la diversité. Contrairement à ce que l'on raconte, il est très ouvert !" Elle en veut pour preuve : Claude Goasguen a accepté de donner une interview sur Radio Orient pour donner une explication aux propos tendancieux sur les musulmans qu'il a tenus il y a quelques mois. "Vous voyez, ajoute Samia Badat-Karam, qui prône l'exemple réunionnais en matière de pratique de l'Islam, s'il était vraiment hostile aux musulmans, il n'irait pas !".

Bref, Samia Badat-Karam a beau être à contre-courant sur certains points – elle défend le mariage homosexuel quand Claude Goasguen défile lors des "manifs pour tous" – elle le soutient dans son combat pour davantage de propreté et de sécurité dans le XVIe. Comme elle l'explique dans ce clip de campagne à visionner ci-dessous.

 

NKM à Paris, Sarkozy à la tête du pays

Quand elle ne fait pas campagne dans le XVIe, Samia Badat-Karam aide directement Nathalie Kosciusko-Morizet, une femme politique qu'elle admire et dont elle envie l'assurance. La Réunionnaise a rédigé l'intégralité du programme de NKM pour les Parisiens d'Outre-mer. Une démarche "toute naturelle" pour celle qui avait écrit en 2012 le programme de Nicolas Sarkozy pour les Ultramarins de l'hexagone. Ecoutez ci-dessous Samia Badat Karam décrire son parcours, au micro de Radio Outre-mer 1ère.

Samia Badat-Karam


NKM en 2017 ? Pourquoi pas. Mais c'est Nicolas Sarkozy qu'elle souhaite voir revenir, son modèle en politique (voir notre questionnaire en fin d'article). Elle le rencontre pour la première fois en 2005 lors de l'Assemblée des Départements de France. A l'époque, il est président du Conseil général des Hauts-de-Seine, elle est chef de cabinet de Nassimah Dindar au CG de La Réunion (un poste qu'elle a occupé de 2004 à 2007, voir notre encadré en fin d'article). "J'avais toujours été intéressée par la politique et admirative de Jacques Chirac, mais là, ça a été le coup de foudre !"


Une vraie libérale

"La rencontre avec Nicolas Sarkozy est une étape essentielle dans ma vie", explique-t-elle. S'ensuivent l'élaboration de la "cellule jeune UMP" à La Réunion, le poste de chef de cabinet à la Délégation interministérielle pour l'égalité des chances (2007 – 2011), puis la nomination comme secrétaire nationale de l'UMP aux "Nouveaux engagements solidaires", une fonction un peu fourre-tout dont elle fait, de son propre aveu, à peu près ce qu'elle veut.
 
Samia Badat-Karam dans un café du XVIe le 25 février 2014

"S'il y avait un poste de Secrétaire national à l'Outre-mer, ça me plairait beaucoup, mais je ne pourrais pas l'accepter, du fait de mes fonctions à la FEDOM…" Car dans une autre vie, Samia Badat-Karam est aussi secrétaire générale de la fédération des entreprises d'Outre-mer. C'est en cela qu'elle se définit comme une "vraie libérale, favorable au développement de l'emploi marchand et contre l'interventionnisme. Je suis beaucoup plus à droite que mon mari !", s'amuse-t-elle à souligner.

La candidate réunionnaise ne s'en cache pas, son mari, Patrick Karam, joue un rôle essentiel dans sa vie politique et professionnelle. "Pour mon programme sur les Parisiens d'Outre-mer, je me suis inspirée de ce qu'il avait fait à la Délégation interministérielle. Il m'a donné son avis, mais c'est tout. Je ne suis pas une "femme de", insiste-t-elle en secouant la tête. Lui, il a son CREFOM, et moi, j'ai ma campagne." 


Au Conseil Représentatif des Français de l'Outre-mer, Samia Badat-Karam assure n'avoir qu'une "toute petite place" au Conseil d'administration (au titre des associations). Et quand on lui demande s'il n'y pas un risque de collusion avec la FEDOM dont elle est secrétaire générale, elle affirme avec diplomatie que les deux organismes "se complètent".

"Le clivage gauche-droite sur les Outre-mer n'a pas de sens"

Aussi engagée à droite fut-elle, Samia Badat-Karam pense qu'au sujet des Outre-mer, le clivage gauche-droite n'a pas de sens. En témoigne la loi sur les Réunionnais de la Creuse (qui reconnaît à l'Etat une "responsabilité morale" dans l'acheminement forcé d'enfants réunionnais dans l'hexagone dans les années 1960/70). La candidate UMP n'est pas solidaire de son parti, dont les députés ont voté contre à l'Assemblée. Selon elle, il ne faut pas confondre le BUMIDOM, "dont certains aspects ne sont pas négatifs", et la "question tragique des Réunionnais de la Creuse". 
 
Quant au ministre socialiste des Outre-mer, elle ne tarit pas d'éloges à son égard. "Que Bernard Cazeneuve (ministre du budget, ndlr) se permette de se moquer de lui, je trouve cela honteux ! Ce qui manque à Victorin Lurel, c'est un Président de la République qui le soutienne vraiment pour faire le poids face à Bercy. Comme Jacques Chirac en son temps…"  


Le questionnaire de la1ere.fr

Comme tous les candidats ultramarins dont nous dressons le portrait chaque vendredi depuis le mois de décembre (portraits à lire en bas de cet article), nous avons soumis Samia Badat Karam à notre traditionnel questionnaire, qui permet de mieux découvrir la personnalité du candidat.
 
Quel est le lieu qui symbolise le mieux le XVIe arrondissement de Paris où vous êtes candidate ?
Il n'y en a pas qu'un. Le Parc des Princes, le village d'Auteuil, la rue de Passy et ses commerces… Tous ces lieux reflètent la diversité du XVIe arrondissement.
 
Le lieu qui symbolise l'Outre-mer ?
Pour moi, c'est Saint-Denis de La Réunion. Le plus beau lieu de l'Outre-mer, et le plus développé. C'est un mélange de tradition et de modernité, un petit bout de France au milieu de l'Océan Indien.
 
Quel est lieu qui symbolise la France ?
Paris, sans aucun doute. Troca (Trocadéro, ndlr), la Tour Eiffel… Ce sont des lieux qui font rêver les Ultramarins quand ils viennent ici en vacances.
 
Quel est votre modèle en politique ?
Nicolas Sarkozy, pour sa façon moderne de faire de la politique. Ils ont des personnalités semblables avec Patrick Karam.
 
Quel est pour vous le plus grand président de la Ve République ?
De Gaulle, un homme de valeurs et de convictions.
 
Votre personnage historique de référence ?
De Gaulle, à nouveau.
 
Quelle est votre devise ou expression favorite ?
Je n'en ai pas vraiment, mais je pense souvent au discours d'Ernest Renan sur la nation, qu'il décrit comme une communauté de destins qui ont la volonté de vivre ensemble. C'est une définition que je trouve très juste.

Samia Badat Karam en quelques dates
Naissance en 1978 sur l'île de La Réunion d'un père commerçant et d'une mère institutrice.
A 17 ans, elle fait une prépa Sciences Po à l'Institut Catholique de Paris puis intègre l'I.E.P. d'Aix-en-Provence.
2002 – 2004 : chargée de mission à la DRH du Conseil Général de La Réunion.
2004 – 2007 : chef de cabinet de Nassimah Dindar.
2005 : première rencontre avec Nicolas Sarkozy.
2007 - 2011 : retour dans l'hexagone, elle est nommée chef de cabinet de Patrick Karam à la Délégation interministérielle pour l'égalité des chances.
2011 : elle devient Secrétaire nationale de l'UMP en charge des Nouveaux engagements solidaires.
2012 : elle rédige les propositions de Nicolas Sarkozy à destination des Ultramarins de l'hexagone.
2011-2012 : chargée des marchés publics à l'Agence de l'Outre-mer pour la mobilité.
2012 : elle obtient le poste de directrice des affaires publiques de la Fédérations des entreprises d'Outre-mer (FEDOM).
2012 : elle épouse Patrick Karam dans le XVIe arrondissement de Paris.
2013 : elle devient secrétaire générale de la FEDOM.
2014 : entre au Conseil d'administration du CREFOM (au titre des associations), le Conseil représentatif des Français de l'Outre-mer, présidé par Patrick Karam.
2014 : elle rédige le programme pour les Parisiens d'Outre-mer pour NKM.
Mars 2014 : elle a de très fortes chances d'être élue conseillère municipale dans le XVIe arrondissement de Paris.