Vega, la petite fusée de Kourou pourrait aider à nettoyer l'espace

Image du film Gravity d'Alfonso Cuaron
Gravity, le film aux 7 oscars n'est pas si éloigné de la réalité. L'espace est devenue une vaste poubelle. Au niveau européen, les chercheurs de l'ESA planchent sur les moyens de se débarrasser des débris spatiaux. La petite fusée Vega pourrait jouer un rôle essentiel.
"Le film Gravity est un peu exagéré", explique à la1ere.fr Benjamin Bastida, analyste Débris Spatiaux à l'ESA à Damstadt en Allemagne. Pour ce jeune chercheur de l'Agence Spatiale Européenne, le film américain qui raconte les affres d'une astronaute victime des débris dans l'espace ne reflète pas exactement la réalité, mais il a le mérite de faire parler d'un sujet assez inquiétant : la pollution dans l'espace. 

Vega, la sauveuse


Lanceur Vega, Centre spatial guyanais à Kourou


Depuis 2002, un code à suivre pour éviter la prolifération des débris dans l'espace à été mis au point par des chercheurs du monde entier. En France, ce code de bonne conduite est devenu obligatoire. Désormais, précise Benjamin Bastida de l'ESA, "tous les objets (satellites, étages supérieurs de lanceurs) se situant jusqu'à 2 000 km au dessus de la Terre doivent, après leur vie utile (comprise entre 5 et 10 ans) être éliminés dans un délai de 25 ans". Pour parvenir à cet objectif, les chercheurs européens envisagent d'utiliser la petite fusée italienne Vega (en photo), lancée depuis Kourou. "L'idée, précise Benjamin Bastida, c'est d'envoyer dans Vega, un satellite équipé d'un bras robotique".
 

"Filet, harpon ou tentacule"


La technologie n'est pas encore au point, mais l'ESA compte bien faire construire un satellite nettoyeur et l'envoyer en 2021, depuis la base spatiale de Kourou. "Ce satellite chasseur devra être équipé d'un filet, d'un harpon ou d'une tentacule, explique Benjamin Bastida (en photo). Une fois attaché, le vieux satellite ou l'étage de lanceur en perdition sera soit tiré, soit poussé vers l'atmosphère dans laquelle il se consumera. Quelques débris peuvent échapper à la combustion, mais l'on fera en sorte qu'ils tombent en mer." Regardez ce reportage de France 2 dans lequel les méthodes de "capture" dont l'espace sont présentées. 

 


Eviter les collisions


Au fil des ans, la pollution dans l'espace occupe de plus en plus de scientifiques. "A l'ESA, précise Benjamin Bastida, nous contrôlons 9 satellites. Chaque semaine, il y a un risque de collision avec un débris. En 2013, nous avons dû procéder à trois manœuvres, c'est-à-dire, faire changer d'orbite l'un de nos satellites à distance". A Toulouse, le CNES, le Centre national d'études spatiales suit également de près 14 satellites. Sur terre, pour l'instant, aucun débris spatial n'est tombé sur une ville ou une maison.

Une vaste poubelle


Cela fait  maintenant plus de 50 ans que les hommes envoient des fusées et plus récemment des satellites dans l'espace, sans se soucier de ce qu'ils deviennent dans le temps. Du coup, l'espace est devenu une vaste poubelle. En plus, on ne sait pas encore comment lancer un satellite sans laisser l'étage supérieur de la fusée qui l'y a placé, en orbite. Mais les temps changent. "Avec le lanceur Vega, précise Benjamin Bastida, un système a été mis au point pour que l'étage principal soit placé de façon à se désintégrer dans l'atmosphère. Les nouvelles générations de lanceurs prennent en compte cette nécessité de lutter contre la pollution spatiale".  


Des cas de collisions


"En 1996, poursuit Benjamin Bastida de l'ESA, le satellite français Cerise a été partiellement détruit par des débris d'une fusée Ariane 1. C'est l'un des premiers cas de collisions. En février 2009, le satellite américain Iridium 33 s'est pris de plein fouet un satellite russe inactif, le Cosmos-2251. Ce choc a provoqué la naissance de 3 000 objets en perdition dans l'espace. Depuis cet événement, les militaires américains ont décidé de partager leurs informations, en ce qui concernant les débris de plus de 10 cm, visibles grâce à leurs radars sur terre. Notre but est maintenant de créer un réseau européen de surveillance de l'espace, mais les scientifiques et les militaires ne sont pas encore tombés d'accord en Europe". Toutefois, la recherche progresse, mais l'histoire de Gravity, le film aux 7 oscars reste malheureusement d'actualité.