La Guyanaise Aline Belfort signe un deuxième livre sur les origines, l’histoire et les mutations d’un fait culturel majeur de la Guyane : le carnaval et ses « touloulous ». Rencontre au Salon du livre de Paris.
Dans son nouveau livre, « Du Touloulou au Tololo – Le bal paré-masqué, son évolution « (Ibis Rouge Editions), Aline Belfort réalise un travail d’historienne, mais également une véritable enquête sociologique qui l’a amenée à interroger une centaine de personnes, carnavaliers ou simples spectateurs du bal paré-masqué de Guyane. Résultat, un ouvrage très complet sur les origines et les mutations du carnaval de Guyane, ses « touloulous » et « tololos ».
« Depuis les trente dernières années, le bal paré-masqué ne cesse de prendre de l’importance et pourtant on annonce toujours sa mort prochaine. Ce bal remonte au début du XIXe siècle. Il a commencé dans la société de plantation puis il a évolué. On peut dire qu’il a pris véritablement naissance en 1896 dans une société clivée ou la classe populaire organisait ses bals avec un caractère propre, où les danses traditionnelles étaient en vigueur. »
« En 1896 a commencé une fusion de ces musiques, qui a exclut progressivement le tambour », poursuit la spécialiste du carnaval guyanais. « Le bal paré-masqué est donc né de cette fusion des danses (sans le kasékò) et des lieux de festivités. Dans ces bals paré-masqué, on retrouvera un personnage autour duquel va se composer un rituel. Ce personnage prend le nom de touloulou en Guyane. C’est le nom guyanais du carnavalier. »
L’auteur consacre également un chapitre à une variante du bal paré-masqué qu’est le « bal tololo ». Ce bal a été fondé en 1988 par des Français de l’hexagone en poste en Guyane. L’objectif est « de rendre la politesse aux touloulous », où cette fois c’est l’homme qui est protégé par l’anonymat. Déguisés et masqués comme leurs sœurs touloulous, les tololos invitent les femmes de leur choix. Aline Belfort note que « le bal tololo a désormais intégré la tradition carnavalesque guyanaise ». Autre précision donnée par l’auteur : « la traduction littérale du mot créole « tololo » est « ton pénis ». Il revêt donc une forte connotation sexuelle admise en période carnavalesque ». Bons bals touloulous et tololos à tous !
Aline Belfort, « Du Touloulou au Tololo – Le bal paré-masqué, son évolution », Ibis Rouge Editions, décembre 2013, 126 pages, 20 euros.
« Manifestation festive inédite »
« J’ai eu envie de faire des recherches sur cette manifestation festive inédite, car elle ne se déroule qu’en Guyane » précise Aline Belfort. « J’ai commencé ce travail en 1996, et l’ai achevé en l’an 2000 avec la parution d’un ouvrage sur l’origine du bal paré-masqué et son évolution (« Le bal paré-masqué, un aspect du carnaval de la Guyane française », Ibis Rouge Editions, 2000, ndlr). »« Depuis les trente dernières années, le bal paré-masqué ne cesse de prendre de l’importance et pourtant on annonce toujours sa mort prochaine. Ce bal remonte au début du XIXe siècle. Il a commencé dans la société de plantation puis il a évolué. On peut dire qu’il a pris véritablement naissance en 1896 dans une société clivée ou la classe populaire organisait ses bals avec un caractère propre, où les danses traditionnelles étaient en vigueur. »
L’apparition du touloulou
« Les classes populaires dansaient le « kasékò », une des danses phare de la culture guyanaise, mais aussi la polka, la mazurka, avec des expressions corporelles très extraverties » explique Aline Belfort (photo). « Les instruments utilisés étaient le ti-bwa (bâtonnets frappés sur un tronc de bambou sec, ndlr), le chacha (sorte de maracas, ndlr), la mandoline et bien entendu le tambour. Dans la classe bourgeoise, on s’amusait avec des danses inspirées d’Europe, telles que la valse, toutefois créolisée, la mazurka encore, et la biguine, jouées avec le piano, le violoncelle et le violon principalement. Des instruments considérés comme plus nobles à l’époque. »« En 1896 a commencé une fusion de ces musiques, qui a exclut progressivement le tambour », poursuit la spécialiste du carnaval guyanais. « Le bal paré-masqué est donc né de cette fusion des danses (sans le kasékò) et des lieux de festivités. Dans ces bals paré-masqué, on retrouvera un personnage autour duquel va se composer un rituel. Ce personnage prend le nom de touloulou en Guyane. C’est le nom guyanais du carnavalier. »
Le bal tololo
Dans son livre, Aline Belfort retrace l’origine du touloulou, « personnage mystérieux et mythique ». Simple carnavalier asexué au départ, il va se féminiser au début des années cinquante, pour devenir une « héroïne divinisée et créature de l’imaginaire créole, déesse, diablesse », qui définit ses propres codes et fonctionne selon un rituel précis. Photos à l’appui, l’ouvrage détaille les différents déguisements et masques des touloulous, qui doivent leur assurer un total anonymat.L’auteur consacre également un chapitre à une variante du bal paré-masqué qu’est le « bal tololo ». Ce bal a été fondé en 1988 par des Français de l’hexagone en poste en Guyane. L’objectif est « de rendre la politesse aux touloulous », où cette fois c’est l’homme qui est protégé par l’anonymat. Déguisés et masqués comme leurs sœurs touloulous, les tololos invitent les femmes de leur choix. Aline Belfort note que « le bal tololo a désormais intégré la tradition carnavalesque guyanaise ». Autre précision donnée par l’auteur : « la traduction littérale du mot créole « tololo » est « ton pénis ». Il revêt donc une forte connotation sexuelle admise en période carnavalesque ». Bons bals touloulous et tololos à tous !
Aline Belfort, « Du Touloulou au Tololo – Le bal paré-masqué, son évolution », Ibis Rouge Editions, décembre 2013, 126 pages, 20 euros.