Chikungunya : Et si la coupe du monde accélérait l'épidémie ?

Le Chikungunya continue de s'étendre. Après Saint-Martin en décembre 2013, c’est toute la zone Caraïbes qui est maintenant contaminée. Il est probable que la Coupe du Monde au Brésil étende encore plus l’épidémie.   

Bien connu depuis l'épidémie qui a frappé La Réunion en 2005/2006 le Chikungunya est désormais très présent dans la zone des Antilles. Dans le dernier bulletin de l'OMS, publié vendredi, près de 62 000 cas ont été recensés sur la zone caraïbe, causant 13 morts en 6 mois (essentiellement des personnes affaiblies par une autre maladie).

Autopsie d'une propagation

C’est d’abord à Saint-Martin que le virus s’est introduit, en provenance d’Indonésie d’après les spécialistes, et toute la zone des Caraïbes est contaminée depuis. La Martinique recense déjà près de 25 000 cas, et la Guadeloupe 4 500. Une progression jusqu’en Guyane est à craindre, avec déjà une centaine de personnes atteintes. Face à cette nouvelle épidémie galopante, l’Institut Pasteur de Paris souligne que la Coupe du Monde de football au Brésil pourrait faire empirer l’étendue du virus. Le virus a déjà été détecté à Macapa, à la frontière entre la Guyane et le Brésil.

« Il n’y a aucune raison pour que le Chikungunya se limite seulement à la Caraïbes »

D’après, Anna-Bella Failloux, spécialiste de la transmission vectorielle à l’Institut Pasteur, le virus du Chikungunya va forcément passer les frontières et s’implanter au moins jusqu’à Rio. Elle a identifié deux moustiques sur place dont il faudra dorénavant se méfier.
Ecoutez Anna-Bella Failloux :

anna-bella Failloux chik Brésil


La propagation du virus, en revanche, ne se résumera pas uniquement à la Coupe du Monde, mais aussi à tous les touristes qui comptent se rendre en vacances dans les Caraïbes. Dès leur retour, ils peuvent potentiellement devenir porteurs du virus sans le savoir et donc étendre l’épidémie au-delà des Antilles ou de l’Amérique latine.

Le Brésil, terrain particulièrement propice...

Pour le cas du Brésil, l’Institut Pasteur émet une sérieuse mise en garde : tout le monde encourt un risque potentiel, aussi bien les habitants de Rio, que les touristes. D’autant que c’est un secteur propice aux moustiques porteurs de virus : 2 millions de cas de Dengue sont décelés chaque année au Brésil. Pour Anna-Bella Failloux, le Chikungunya représente par contre la difficulté de ne pas toujours être détecté à temps.
Ecoutez Anna-Bella Failloux :

anna-bella Failloux chik Brésil 2


Chikungunya : pas encore de vaccin...Comment lutter contre sa propagation ?
Face à la vitesse de propagation du Chikungunya, les chercheurs ont finalement peu de conseils à formuler. Il est surtout recommandé de privilégier le port de vêtements longs et de s’équiper de moustiquaires pour les fenêtres et les lits. Les répulsifs peuvent aussi s’avérer efficaces, mais Anna-Bella Failloux recommande essentiellement de répulsifs locaux, ainsi que des insecticides pour les extérieurs. Elle préconise surtout de se tenir à l’écart des marres d’eaux et des récipients humides, qui sont les viviers les plus prolifiques pour les moustiques.