Des collégiens parisiens face aux dissidents antillo-guyanais

Les six dissidents antillo-guyanais au collège Aimé Césaire (Paris 18e), le jeudi 5 juin 2014
A la veille du 70e anniversaire du débarquement en Normandie, six dissidents antillo-guyanais ont rencontré jeudi les élèves du collège Aimé Césaire à Paris. Ils se sont prêtés volontiers au jeu des questions-réponses pour raconter leur expérience de la Seconde Guerre mondiale.
"Quelle a été votre réaction à l'annonce de la défaite française ?", "pourquoi avez-vous décidé de partir et de vous engager ?", "quels sont vos sentiments par rapport à cette reconnaissance une peu tardive ?", autant de questions préparées avec soin par les élèves de troisième B du collège Aimé Césaire (Paris 18e). Une cinquantaine de collégiens ont rencontré jeudi les six dissidents antillo-guyanais en visite dans l'Hexagone
 
Ils ont beau être absents des livres d'histoire, les nonagénaires ont face à eux des élèves qui connaissent le sujet. "La Dissidence ? On l'a vue en classe avec notre prof", raconte Saïd, 15 ans. Le prof, c'est Emmanuel Larroche. Et pour lui, étudier la Dissidence au collège Aimé Césaire, c'était une évidence : "Avant même de savoir qu'on allait organiser cette rencontre, j'avais prévu de travailler sur la Résistance à travers l'exemple de la Dissidence", raconte-t-il. Un mouvement qu'il a découvert, comme beaucoup, grâce au documentaire d'Euzhan Palcy "Parcours de dissidents".

Le micro est passé dans les mains de plusieurs élèves de 3e qui ont interrogé les six dissidents antillo-guyanais
 


Un véritable cours d'histoire

C'est Euzhan Palcy, justement, qui supervise la rencontre : "Vas-y Léopold, tu peux prendre la parole, mais fais court, et ne répond pas hors sujet !". Le Guadeloupéen Léopold Léon, 89 ans, raconte comment il a échappé au régime de Vichy en 1942 : "J'étais à l'école, comme vous, dit-il en s'adressant aux collégiens. J'avais 17 ans quand les gendarmes de Vichy m'ont arraché aux bancs de l'école. Trois jours après, je suis parti en canot avec des amis." Puis il relate le parcours qu'ont connu nombre de dissidents qui ont rejoint les forces du général de Gaulle : l'île britannique de la Dominique, Cuba, les Etats-Unis, l'Afrique du Nord, l'Italie... puis l'Hexagone.
 
Sa main tremble en tenant le micro, mais Léopold Léon poursuit son récit et se fait le porte-voix de ses amis tombés au combat. Les détails les plus crus ont frappé la jeune Nasrine : "Il a dit qu'il avait vu un de ses camarades mort devant lui, que son ventre était coupé et qu'il avait dû ramasser les intestins. Ça, ça m'a marquée…"  Mohamed, lui, est très impressionné qu'ils soient venus de si loin pour témoigner : "Ils arrivent des Antilles ! J'espère vraiment qu'un très très grand hommage leur sera rendu". Vendredi, les six dissidents sont conviés à Ouistreham pour assister aux commémorations du D-Day en Normandie.

Ecoutez ci-dessous le reportage de Radio Outre-mer 1ère :

Les six dissidents antillo-guyanais en visite au collège Aimé Césaire (Paris 18e)