Rio, soir de match : le Brésil entretient l'espoir

Après avoir assisté à la défaite des Bleus au Maracana, Nicolas Ransom a suivi le match Brésil-Colombie dans un quartier de Rio, devant ce qui devait être un écran géant, qui s'est finalement transformé en radio. Mais ça n'a pas cassé l'ambiance !
Peu avant 17h, alors que les Brésiliens entonnent leur hymne national, de retour du Maracana, je déboule dans le quartier de Catete. Le Brésil retient son souffle. La Seleção joue sa place en demi-finale. Les rues de Catete, en temps normal animées, sont désertes. Les magasins sont fermés. Pas de taxi. Les passants se sont évaporés. Seuls quelques autobus foncent à toute vitesse en direction du centre de Rio. Les chauffeurs, eux aussi, veulent voir le match.

Au début de la rue Buarque de Macedo (l'homme a été ministre de l'Agriculture en 1880, c'est écrit sur le panneau) quelque chose semble se préparer.

Ni image, ni son

Les habitants du quartier vont faire leur match. Bière, équipement audiovisuel, sono... Tout semble prêt pour faire la fête et regarder la demi-finale dans la rue. Tout ou presque, puisqu'il n'y a ni image, ni son. Et pourtant le match est maintenant commencé ! Sur une table en plastique, c'est cellule de crise pour Arno et ses amis. "Cette télé ne permet pas de sortir vers le vidéo projecteur. Faut en trouver une autre ".

Spectateurs attirés par les décibels

Dix minutes plus tard et quelques spectateurs en moins, l'image arrive. Mais pas de son pour le moment. "vai chegar" ("ça va venir") me disent les habitants. Très honnêtement, on ne voit pas grand chose sur l'écran géant d'Arno. Mais avec le retour du son, tout le monde semble satisfait. Les spectateurs, attirés par les décibels, reviennent.

Très vite, ce qui était un petit groupe devient le spot du quartier. Au Brésil durant les matchs de foot, même ceux du championnat national, la moindre télévision transforme ses environs en véritable hall de gare.

"Le foot représente tout pour nous"

Dans la foule, Maria. Cette vendeuse ambulante de boissons vit toutes les Coupes du Monde avec la même intensité. "Je suis supportrice de Flamengo, mais ce qu'il y a de bien avec la Coupe du Monde c'est que nous encourageons tous la même équipe : le Brésil. Depuis 70, si tu savais tous les bons moments que j'ai passés. Tellement de choses. Le football représente tout pour nous. Le Brésil c'est ça ! "

"Du pur bonheur"

Un exutoire, le foot ! Exutoire, il l'est aussi pour Daniel, Thiago, et Moreston : "C'est du pur bonheur pour le peuple. Les politiques ne nous donnent rien... Le football s'en charge !"

Dans la foule, un Breton

Vu la piètre qualité de l'image, j'ai renoncé à suivre le match avec attention. Le Brésil mène 2-0, cela devrait passer.

Au milieu et un peu perdu, Didier. Ce Breton, lui aussi, revient du Maracana. Comme moi, il est encore un peu sonné. Visiblement, la fête de la rue Buarque de Macedo lui plaît bien. "Je suis déçu pour l'élimination des Bleus, mais je suis content de retrouver cette ambiance de la Coupe du Monde. Je suis venu à Rio pour cela. C'est la vraie ambiance de Rio. La fête continue malgré tout. La gaieté, la joie et le sport. J'adore."

Penalty pour la Colombie. 2-1. "On va tenir !" me crie Daniel. Il a raison.  Fin du match. Soulagement. 

Mardi pour la demi-finale Brésil-Allemagne, du nord au sud, de Manaus à Porto Alegre, du quartier de Catete à celui de Copacabana, les 200 millions de Brésiliens seront derrière leur sélection. Il ne leur reste plus que deux marches avant le titre mondial tant espéré !