Vétusté, surpopulation : le tableau des prisons ultramarines en 2014

Christiane Taubira et George Pau-Langevin dévoilent le rapport sur les problématiques pénitentiaires en Outre-mer, 08/07/2014, Paris
Un rapport sur les prisons ultramarines a été remis ce mardi à la garde des Sceaux et à la ministre des Outre-mer. Ses auteurs dressent la (longue) liste des problèmes rencontrés dans ces établissements et formulent plusieurs propositions pour améliorer la situation.
C'est la première fois qu'est dressé un tableau aussi précis de la situation des prisons ultramarines. Un rapport sur les "problématiques pénitentiaires en Outre-mer" a été remis ce mardi à Paris à la garde des Sceaux, Christiane Taubira, et à la ministre des Outre-mer, George Pau Langevin. Un rapport rédigé conjointement par des parlementaires et des membres de la Chancellerie (à consulter en bas de page).
 

Vétusté et surpopulation : un constat général

"Des établissements vétustes, excentrés et surpeuplés", telles sont les caractéristiques communes aux prisons ultramarines selon Laurent Ridel, chef de la mission "Outre-mer" à la direction de l'administration pénitentiaire. Il fait partie des auteurs du rapport. "Ajoutez à cela des détenus qui rencontrent davantage de problèmes que dans l'hexagone : illettrisme, chômage, toxicomanie…"
 
En matière de surpopulation Outre-mer, c'est à la prison de Nuutania en Polynésie que le taux d'occupation est le plus élevé : 238,2%, l'un des plus importants de France (glissez votre souris sur notre carte interactive ci-dessous).

La surpopulation carcérale au 1er janvier 2014 (source : direction de l'administration pénitentiaire) :



A Mayotte, une situation critique en voie d'amélioration

La prison de Mayotte, particulièrement délabrée, est en cours de rénovation. Une extension du bâtiment a été réalisée au mois de juin dernier. "Nous comptons à présent 170 places pour 160 détenus", explique Laurent Ridel. Quant à la situation préoccupante des détenus mineurs (trois d'entre eux avaient tenté de se suicider en l'espace de 15 jours au mois d'avril dernier), elle est en voie d'amélioration. "En juin 2015, un nouveau quartier des mineurs sera ouvert, affirme Laurent Ridel. Il comptera 30 places, contre 6 auparavant. En attendant, les mineurs ont été transférés dans un quartier séparé, dans des conditions beaucoup plus dignes, avec une douche par cellule."
 

Le centre pénitentiaire de Saint-Denis de La Réunion : prison modèle ?

En 2000, un rapport parlementaire dénonçait l'état de la prison de Saint-Denis de La Réunion, qualifiée de "honte de la République".  Depuis, les détenus ont été transférés au nouveau centre pénitentiaire de Saint-Denis. Créé en 2008, c'est la prison la plus récente de l'Outre-mer. "Il permet pour le plus grand nombre d'être en cellule individuelle, ce qui est exceptionnel en Outre-mer", peut-on lire dans le rapport.

Wallis et Futuna : hors-la-loi

A Wallis et Futuna, c'est la gendarmerie qui est responsable de la détention des prisonniers. Quatre cellules y ont été aménagées, sans local médical, ni salle d'activité. Autre problème majeur : aucun personnel de l'administration pénitentiaire n'y est affecté, ce qui est contraire à l'article 3 de la loi pénitentiaire. Les auteurs du rapport déplorent enfin que les mineurs et les femmes ne puissent pas être séparés des autres détenus.

Quelles solutions ?

"Accroître le parc pénitentiaire en Guadeloupe", "Créer des quartiers de mineurs et de femmes à la prison de Nuutania", "Mettre en place des travaux d'intérêt général à Wallis et Futuna", voici quelques unes des 43 préconisations listées par les auteurs du rapport. La garde des Sceaux, Christiane Taubira, a affirmé qu'elle en tiendrait compte dans les semaines à venir. "En septembre, je ferai mes propositions pour l'immobilier pénitentiaire", a-t-elle déclaré, avant de souligner que plusieurs chantiers étaient déjà lancés. Parmi eux, les travaux en cours au centre pénitentiaire du Camp Est en Nouvelle-Calédonie, décrit dans le rapport comme "particulièrement vétuste".

 


A Saint-Pierre et Miquelon, cinq détenus
Seules cinq personnes sont actuellement incarcérées au centre pénitentiaire de Saint-Pierre et Miquelon, ce qui représente l'un des taux d'occupation les plus faibles de France (45,5%). Les auteurs du rapport décrivent une situation bien loin des problèmes rencontrés à Mayotte ou à Tahiti : "Bien que de très petite taille, l'établissement dispose d'une salle de musculation, tennis de table, d'une cour de promenade, d'une salle de détente dotée d'un lecteur DVD et d'une bibliothèque".