Pour s'agrandir, Roland Garros compte construire un nouveau court de tennis à l'intérieur du jardin des serres d'Auteuil : 1600m² de plantes tropicales, en partie issues d'Outre-mer, vont devoir être déplacés. Enquête sur le projet, entre modernisation bienvenue et protection d'un patrimoine.
Un court de tennis au milieu de plantes tropicales, une idée farfelue ? C’est bien ce qui se prépare avenue Gordon Bennett à Paris. D’un côté, le complexe de Roland Garros a besoin de s’agrandir pour mieux accueillir ses visiteurs et menaçait en 2010 de quitter le 16ème arrondissement, faute d’espace disponible. La ville de Paris a alors proposé à la Fédération française de tennis de s’étendre de l’autre côté de l’avenue, en occupant une partie du jardin des Serres d’Auteuil. Un mélange des genres qui n’est pas du goût de tout le monde.
Une partie des serres détruites pour construire un nouveau court de tennis
Calmement, Laurent Bray, conservateur du Jardin botanique de Paris, balaie le site des serres d’Auteuil du regard. A quelques mètres des belles serres érigées par Formigé en 1898, neufs autres serres plus modestes, appelées serres chaudes, renferment une riche collection de 1600 espèces tropicales. Mais d’ici 2015, un court de tennis flambant neuf, pouvant accueillir 5.000 spectateurs, devrait sortir de terre à cet emplacement. Derrière ses lunettes sombres, le conservateur relativise : "On ne le verra pas. Il sera entouré de serres". L’architecte en charge du projet a en effet imaginé une structure qui sera entourée de six serres, comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous (à partir de 2'20).
Un réaménagement complet du jardin
Pour faire place au nouveau court de tennis, les plantes vont devoir s’adapter à un jeu de chaises musicales. Les quelques 10.000 plantes tropicales des serres chaudes seront transférées vers les serres dites "historiques" du jardin. Certaines serres historiques accueillaient des expositions ou des concerts : des travaux ont commencé pour leur faire regagner leur fonction initiale. Enfin, une partie des plantes qui se trouvent actuellement dans les serres historiques seront exposées dans les six serres qui entoureront le nouveau court de tennis.
Dans la foulée, une nouvelle signalétique commune aux quatre sites du jardin botanique va être installée pour remplacer les panneaux d’affichage vieillots. "Il n’est pas question de modifier le caractère historique du jardin, mais de réaménager le contenu des serres de façon à ce qu’elles soient plus attractives pour le public", explique Laurent Bray.
"Un massacre", dénoncent les opposants au projet
Mains cramponnées au dossier d’un contre projet et lunettes vissées sur le nez, Lise Bloch-Morhange, présidente du comité de soutien aux Serres d’Auteuil, n’est pas d’accord. "Les serres chaudes sont aussi historiques que les autres car elles ont été dessinées en même temps. Elles constituent un outil botanique hyper sophistiqué. Si on déplace les plantes qui s’y trouvent, on va perdre une partie de la collection", s’énerve l’habitante du quartier.
"Nous proposons que la FFT agrandisse le court n°1 plutôt que de le détruire et qu’une extension soit construite au dessus de la bretelle d’autoroute, au nord du site", rappelle Lise Bloch-Morhange. "Il n’y a aucune nécessité à ce que Roland Garros s’implante dans le jardin", dénonce la présidente.
"Nous proposons que la FFT agrandisse le court n°1 plutôt que de le détruire et qu’une extension soit construite au dessus de la bretelle d’autoroute, au nord du site", rappelle Lise Bloch-Morhange. "Il n’y a aucune nécessité à ce que Roland Garros s’implante dans le jardin", dénonce la présidente.
La semaine dernière, le comité a déposé auprès de la commissaire chargée d’une enquête publique sur le projet une pétition signée par plus de 58.000 personnes. "Un court de tennis n’a rien à faire dans un jardin botanique !", martelle Lise Bloch-Morhange. Les résultats de l’enquête publique sont attendus pour la mi-septembre.